Activités sociales en entreprise : 5 tendances pour créer du lien

13-06-2025
Les activités sociales, loin d’être inutiles, favorisent la création de liens significatifs entre les membres des équipes. Quelles sont les tendances du moment ?
Rédigé par :
Annie Bourque, Pratiques RH
Activités sociales entreprise

Les événements sociaux en entreprise représentent la pierre d’assise en matière de rétention des talents, évaluent les expertes interrogées par Pratiques RH.  

« Depuis la pandémie, les gens ont compris l’importance des connexions humaines », observe Sergina Guéry, présidente fondatrice de EvenemenCiel qui organise une panoplie d’activités pour les organisations.  

Que ce soit un 5 à 7 en terrasse ou un souper de fin d’année, le contexte décontracté encourage les discussions entre collègues. « En personne, ajoute-t-elle, il y a cette chimie, ce non-verbal et cette connexion qui s’établit avec l’autre. Ce sont des choses impossibles à faire derrière un ordinateur. »  

1. Quel est le meilleur moment pour socialiser ?

Spécialiste de l’événementiel depuis 15 ans, Mme Guéry note une diminution d’événements organisés les vendredis. Cela s’explique par l’approche de la fin de semaine où plusieurs salarié.e.s optent pour le télétravail.  

« Le vendredi est davantage une journée sacrée où l’on débute le week-end en famille », indique de son côté Marianne Lemay, présidente fondatrice de Kolegz RH.  

En fait, la journée la plus populaire pour les 5 à 7 est désormais le jeudi. Une tendance se dessine aussi pour tenir ces rencontres plus tôt, soit entre 16 h et 18 h.

Encore aujourd’hui, plusieurs organisations maintiennent des événements sociaux virtuels de type 5 à 7 en visioconférence en raison de la situation géographique de leurs employé.e.s qui travaillent aux quatre coins du Québec ou du monde.  

« Le contact humain est essentiel, et les gens ont généralement hâte de se rencontrer et d’échanger en personne. »

- Sergina Guéry

Des horaires pour s’ajuster aux responsabilités

De son côté, la fondatrice d’Ella conseils Amélie Mongrain, maman de deux enfants, suggère la tenue de 3 à 5 au lieu de 5 à 7.  « Je pense que les parents n’ont guère le luxe d’aller aux 5 à 7. » Un constat qui peut rejoindre également la réalité des personnes proches aidantes.

« Cela permet aux parents de participer à la vie sociale sans saborder complètement leur après-midi de travail. Les talents en poste chez Cominar apprécient », commente Sandra Lécuyer, cheffe culture et marque de l’organisation sur Linkedin.

Au cours de sa carrière en entreprise, Amélie Mongrain a déjà organisé divers événements sociaux après le travail. Les jeunes parents n’y venaient presque jamais, et sinon, plusieurs repartaient rapidement.

« Pourtant ces rencontres sociales sont le fun, confie-t-elle. C’est important d’y être puisque c’est là que se créent parfois des relations d’affaires significatives. ».

Partenaire d’affaires principale en acquisition de talents et coach, France Bélanger a eu l’occasion de travailler pour une entreprise qui proposait des activités sociales au personnel entre 15h30 et 17h. « Cette initiative a été extrêmement mobilisante, renforçant la cohésion d’équipe et réduisant le stress et la fatigue. Les avantages étaient nombreux et, généralement, tout le monde pouvait y participer », dit-elle.  

Cependant, arrêter de travailler au milieu de l’après-midi n’est pas toujours envisageable. C’est pourquoi, les entreprises optent généralement pour alterner les horaires de ces moments d’échanges informels.

2. L’heure du lunch consacrée à l’apprentissage

Le phénomène lunch and learn a pris de l’ampleur dans les organisations, soulève Sergina Guéry.  

Les employeurs invitent un.e conférencier.ère à discuter d’un sujet précis et le personnel est invité à y participer. Il peut s’agir de formateur.ice.s spécialisé.e.s en intelligence artificielle par exemple ou encore d’aborder le futur du marketing numérique. Le but est de répondre aux besoins des troupes.  

De son côté, Amélie Mongrain suggère de tenir cet événement entre 11 h et midi ou de 13h à 14h. « Les gens ont besoin de souffler à l’heure du dîner. Car peu importe le sujet ou la formation, cette conférence est liée au travail. »  

Des idées pour les lunch and learn

  • Des firmes spécialisées dont Patrimoine RH proposent des ateliers-conférences qui incitent les employ.é.e.s à témoigner de leurs diverses expériences. Une belle manière d’échanger et de créer la cohésion ! Voici des propositions :
    • Stress, anxiété et productivité. Mariage possible ou pas ?
    • La gestion des émotions et la communication interpersonnelle.
    • Innovation et créativité dans le service client.
  • De son côté, la PME Keurig Dr Pepper privilégie des activités ludiques et rassembleuses à l’heure du lunch dont la dégustation de smoothies ou du karaoké.  

3. Les party d’été en hausse  

Une autre tendance se profile au sein des organisations selon les spécialistes : moins d’investissement dans un souper de Noël pour des raisons logistiques ou de contraintes budgétaires.  

En effet, certaines entreprises jonglent avec une période de production dont le pic survient justement en pleine période des Fêtes.  

C’est le cas d’une compagnie pharmaceutique de plus de 500 employé.e.s qui préfère dorénavant investir dans l’organisation d’un événement estival pour sa main-d'œuvre. « L’an dernier, nous avons créé un festival privé incluant des food trucks, divers jeux avec la présence d’un animateur professionnel et d’un groupe de musique », raconte Sergina Guéry.  

« L’idée de faire un gros party l’été est compréhensible, fait valoir Marianne Lemay. Plusieurs de mes clients m’ont confié la crainte que leurs talents tombent malades lors de la fête de fin d’année. »

Les rencontres sociales en entreprise : de véritables bienfaits !

Les spécialistes sont convaincues des retombées positives des activités sociales. « Elles renforcent le sentiment d’appartenance, favorisent la cohésion d’équipe et permettent de reconnaître les employé.e.s autrement que par leurs performances professionnelles », soutient Sergina Guéry.

De l’avis d’Amélie Lavoie, directrice principale des RH pour Keurig Dr Pepper, cela représente un levier formidable pour se connaitre, s’entraider et ressentir le sentiment de faire partie d’une équipe.

4. L’accent sur des produits locaux et sans alcool  

La modération a bien meilleur goût, dit l’adage. La diminution de la consommation d’alcool se reflète aussi lors des événements de bureau et même durant les galas.  

« Les employeurs sont de plus en plus responsables et les activités sans alcool sont en forte hausse », soutient Mme Guéry.

De plus, les produits québécois du terroir ont la cote durant les festivités. « Mes clients me demandent toujours des boissons et produits québécois, et si possible bios pour répondre à leur politique de développement durable. Plusieurs employeurs trouvent important d’encourager l’économie locale. »

5. Plus de considération en matière de conciliation famille-travail  

Les employeurs québécois, de plus en plus sensibilisés à l’enjeu de conciliation famille-travail tentent d’aider les parents dans leur course quotidienne.  

C’est le cas de la PME Mon technicien qui propose une garderie au bureau une fois par mois. « Le vendredi soir, nous invitons les employé.e.s à emmener leurs enfants au bureau et aller souper avec leur partenaire », explique le PDG Sylvain Dion.  

En période estivale, une grande entreprise américaine qui a des bureaux à Montréal incite aussi les parents à emmener leurs enfants au bureau. « Il peut s’agir d’un avant-midi où se tiennent par exemple des activités scientifiques pour les plus vieux et du bricolage pour les moins de 5 ans », explique Amélie Mongrain.  

L’impact est tangible, selon l'experte. Cela permet de connecter entre collègues sur d’autres sujets que le travail. « On ne les voit plus uniquement comme des professionnel.le.s, mais comme aussi étant des parents, de potentiel.le.s ami.e.s. »  

L’art d'organiser des activités sociales qui plaisent réellement  

Les employeurs se mettent beaucoup de pression afin d’organiser un événement « wow », observe Marianne Lemay, fondatrice de Kolegz Rh.  

« J’ai un client qui m’a déjà dit : j’ai de la misère à trouver des activités qui plaisent à tout le monde et finalement, faute de consensus, on ne fait jamais rien. C’est tellement dommage ! »

La spécialiste suggère de sonder le personnel sur ses besoins et envies en matière d’activités sociales, ce qui permettra de viser juste et de s’éviter quelques sueurs froides !  

L’important est de varier les activités qui peuvent plaire à certain.e.s et moins à d’autres.  

« Avant d’organiser des massages sur chaise, par exemple, il faut être convaincu du niveau de mobilisation et d’adhésion des troupes, dit-elle. J’ai déjà entendu des réactions négatives comme celle-ci : on nous paie des massages, cependant, on n’a pas les moyens d’augmenter nos salaires. »  

De la cohésion malgré un contexte tendu

Certaines entreprises, en raison du contexte économique, traversent une situation financière difficile.  

« En ce moment, je vois des organisations qui se réinventent. Si on n’a pas d’argent, pensons à l’objectif que l’organisation désire atteindre avec l’activité sociale. Au lieu d’un traiteur, pourquoi ne pas inciter l’équipe à apporter un plat cuisiné et à échanger sur leurs traditions culinaires ? »  

Des idées d’activités sociales gratuites

Plusieurs employé.e.s, avec l’appui de leur employeur, prennent l’initiative d’organiser des activités simples, peu couteuses, mais rassembleuses.  

  • Un cours de tricot à l’heure du dîner. C’est le cas de l’ETS, une activité qui obtient un succès fou depuis 2018 !
  • Cours de peinture ou de poterie offerts en entreprise qui boostent la créativité et donnent l’occasion au personnel de connecter autour d’une activité manuelle ludique.
  • Enfin, les clubs de lecture ont la cote selon La Presse. Plusieurs entreprises organisent des rencontres de ce genre qui permettent d’échanger sur des coups de cœur littéraires.

Peu importe la forme qu’elles prennent, ces activités sociales ont des répercussions très positives, rapportent les expertes.

C'est pourquoi de nombreuses organisations rivalisent d’ingéniosité afin d’offrir des activités sociales qui vont souder les équipes.  

« Les employé.e.s qui sont né.e.s en dehors du Québec n’en reviennent pas de la qualité des activités sociales offertes ici. Nous avons à cœur notre personnel et cela se voit concrètement », s'enthousiasme Sergina Guéry.