Valorisation du français et initiation de la relève aux TI : CGI mise sur l’avenir

La multinationale CGI a remporté deux trophées lors du dernier Gala des Mercuriades de la Fédération des chambres de commerce du Québec dans les catégories « L’excellence en français » et « Engagement dans la collectivité ».
Retour sur les aspirations qui ont mené l’organisation au succès à plusieurs échelles.
Un outil pour contrer la prédominance de l’anglais
L’entreprise implantée dans 40 pays à travers le monde a obtenu en mai 2024 le Mercure « L’excellence en français » dans la catégorie Grande entreprise. Ce prix souligne les initiatives qui font progresser l’utilisation du français au travail.
Fondée à Montréal en 1976, CGI compte de nombreux clients ici et à l’étranger. Dans le milieu des technologies de l’information (TI), un monde en perpétuel changement et en quête d’innovation, l’anglais est souvent privilégié dans les échanges du quotidien. Un vocable comme software est largement utilisé par exemple.
Face à ce phénomène, en 2019, la direction de la multinationale exprime sa volonté d’uniformiser la terminologie. L’équipe du service de traduction de l’entreprise propose alors la conception d’un glossaire destiné aux employé.e.s francophones.
CGI en chiffres
Spécialisée en services-conseils en technologie de l’information (TI) et en management.
- 91 000 Employé.e.s et associé.e.s
- 14, 68 milliards Chiffre d’affaires en 2024
Le français, le reflet d’une identité
« Le français est non seulement la langue officielle du Québec, mais aussi une partie intégrante de notre identité culturelle. En tant qu’entreprise internationale basée à Montréal, le français est plus qu’une obligation légale. Il s’inscrit dans notre ADN et est un élément qui nous permet de nous différencier de nos concurrents internationaux », explique l’organisation sur le blogue de la FCCQ.
La conception du glossaire s’est réalisée de 2020 à 2022. L’équipe de traduction travaille alors en étroite collaboration avec leurs collègues des différents services et opérations.
La terminologie suggérée est par la suite approuvée et validée par le personnel sur le terrain et par la haute direction. Il s’agit d’un long processus qui témoigne de la rigueur linguistique de toute l’entreprise.
Se différencier en devenant une référence dans la francophonie
Le résultat est concret et probant, estime Louise Trottier, cheffe de l’équipe de traduction. Cette initiative devient une façon pour CGI de se différencier par la cohérence de ses messages en français.
Du coup, l’entreprise gagne en crédibilité et en notoriété. « Nous avons même été approchés par Antidote et Druide afin qu’ils puissent intégrer notre terminologie dans leur dictionnaire respectif », ajoute Mme Trottier.
Six ans après le coup d’envoi de ce projet d’envergure, l’outil est devenu une référence à travers la francophonie. « Nous sommes partis d’une banque de 30 000 mots pour retenir environ 500 termes précis qui font partie du langage de CGI », explique Louise Trottier.
Le mot « cloud » par exemple est traduit par « infonuagique » et l’expression populaire « Big Data » par « données massives ».
Le français : un avantage pour les affaires
Ce glossaire, ainsi que l’utilisation du français dans les communications internes et externes, vient aussi renforcer les liens avec les clients francophones.
« Ce prix (remporté lors des Mercuriades) met de l’avant le français. Parmi notre haute direction, nous comptons plusieurs ardents défenseurs de la langue française », note Catherine Thibault, vice-présidente des Communications.
Au-delà de la récompense, l’entreprise estime qu’il s’agit de sa responsabilité sociale de prioriser le français et de soutenir la culture et la langue des communautés qu’elle sert.
Une source d’inspiration pour les PME d’ici et d’ailleurs
Quelques mois plus tard, les retombées de ce succès sont palpables. « Nous avons eu plusieurs questions sur notre démarche et cela a suscité de nombreuses prises de contact sur LinkedIn », confie Mme Trottier.
Des entreprises de différents secteurs s’inspirent désormais de CGI afin de créer à leur tour un outil semblable qui priorise le français. Cette tendance semble bel et bien en hausse.
Durant les matchs de hockey à la télévision, par exemple, il est possible de voir une publicité d’une grande chaine du secteur de la rénovation qui bannit avec humour les mots anglais de ses produits en vente dans ses succursales. Fini l’utilisation de washer, place à « joint de robinet ».
CGI a aussi obtenu un sceau de reconnaissance pour l’excellence en français en milieu de travail de la part de l’Office québécois de la langue française en 2023 et a obtenu le prix Mérite du français.
Les employé.e.s et associé.é.s. implanté.e.s en France depuis 2012, accueillent positivement le glossaire. C’est connu, les Français.e.s utilisent abondamment les terminologies en anglais. Aujourd’hui, ces derniers demandent des conseils et suggestions à leurs homologues québécois.e.s.
« Cela donne une belle crédibilité à l’équipe du Québec et cela nous rend bien fiers de travailler avec la France », conclut Louise Trottier.
Ressource utile
Rendre accessibles la robotique et la technologie à toutes les générations
Imaginez des robots miniatures munis d’émetteurs sonores et de lumières entre les mains de jeunes qui attrapent ainsi la piqûre de la programmation informatique et de la conception de jeux vidéo.
Depuis 2019, au Québec, des milliers de jeunes Québécois.e.s sont initié.e.s aux STIM (Sciences, Technologies, Informatique, Mathématiques) grâce à la passion de bénévoles comme Paul Laberge et ses collègues de CGI qui se déplacent dans les différentes institutions scolaires.
Leur charisme suscite la créativité des étudiant.e.s. « Un jeune a même écrit une chanson avec le robot ; on ne s’attendait jamais à cela! », confie M. Laberge qui a participé à la création des camps STIM-CGI dont l’initiative a remporté le prix « Engagement dans la communauté » lors du Gala des Mercuriades, au printemps dernier.
8000 C’est le nombre d’étudiant.e.s québécois.e.s, du primaire à l’université, qui ont été initié.e.s dans les 2 dernières années aux camps de CGI spécialisé en sciences, technologies, informatique et mathématiques.

Susciter la flamme pour les futures carrières dans le domaine
Outre l’initiation à de nouveaux concepts, le but est de développer des talents chez ces jeunes qui feront peut-être partie de la relève professionnelle en technologies de l’information.
En effet, peu d’enseignant.e.es songent à vanter les mérites du métier de programmeur.atrice, chargé.e de projet ou analyste en TI (Technologies de l’information). Pourtant, il s’agit de carrières fort bien rémunérées et de plus en plus en demande.
« Nous avons toujours besoin de candidat.e.s, j’en recrute à chaque semaine », fait valoir M. Laberge qui occupe la fonction de directeur de livraison au Centre mondial de prestations de services de CGI à Sherbrooke.
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Aller à la rencontre de groupes plus défavorisés
Les bénévoles de CGI, dont plusieurs occupent des postes clés au sein de la multinationale, priorisent leur engagement pour la multiplication des camps STIM-CGI dans des milieux économiquement désavantagés.
La responsabilité sociale fait partie des valeurs et du modèle d’affaires de la multinationale. Cela signifie le développement de liens étroits avec les communautés, souvent en collaboration avec ses clients. De plus, CGI aspire « à contribuer au mieux-être économique, social et environnemental des communautés » dans lesquelles sa main-d'œuvre vit et travaille, lit-on dans les communications officielles de l’entreprise.
Au quotidien, les associé.e.s de l’entreprise concrétisent leur engagement par des actions. Ces hommes et ces femmes prennent du temps en dehors du travail afin d’offrir leur expertise par exemple dans des ateliers d’aide aux devoirs destinés à des organismes au service des réfugié.e.s et des immigrant.e.s.
CGI, quant à elle, offre du soutien en défrayant les coûts de déplacement et l’équipement informatique nécessaire. Cela représente un investissement de plus de 50 000 $ par année, seulement au Québec.
Les populations autochtones initiées aux T.I.
Dans cette quête de responsabilité sociale et d’inclusion, les bénévoles de CGI collaborent les femmes, les minorités ethniques, mais aussi les peuples des Premières Nations et les Inuits.
Par exemple, une quarantaine de jeunes de la communauté des Atikamekw de Wemotaci, située au nord de La Tuque, en Mauricie, apprennent les rudiments de la robotique grâce à un service d’accompagnement mis en place avec des enseignant.e.s de l’endroit et une équipe de CGI.
Tous les ans, des jeunes Inuit.e.s ou issu.e.es d’autres communautés éloignées, viennent sur place à Montréal au siège social afin de découvrir concrètement les rouages et notions liés à l’informatique et aux nouvelles technologies. Une manière plus humaine de décloisonner le milieu des TI et le rendre plus accessible à ces communautés.
Bientôt une percée chez les aînés ?
Paul Laberge rêve de transmettre sa passion à davantage de gens, par exemple, les personnes âgées, qui connaissent généralement peu le domaine de la programmation ou des technologies.
« Nous sommes intéressés à les rejoindre directement dans les RPA (Résidences privées pour aînés) et même les CHSLD. Il n’y a pas d’âge pour participer à nos activités », relève-t-il, d’un ton enthousiaste.
Un succès partout au Québec
Entretemps, M. Laberge témoigne du sentiment de fierté qui l’habite en observant l’ampleur du succès remporté par les camps STIM.
« C’est incroyable de voir cette passion qui n’est pas juste la mienne, mais celle d’une centaine de bénévoles qui transmettent leurs connaissances, trucs ou astuces », confie-t-il.
Aujourd’hui, son équipe partage ses meilleures pratiques avec d’autres bureaux de CGI implantés dans les autres provinces, aux États-Unis et en Europe.
En regardant le chemin parcouru, Paul Laberge sourit. « Quand je suis allé à l’Université, il n’y avait même pas d’ordinateur. J’ai quand même développé cette passion pour l’informatique », dit-il.
Aujourd’hui, il s’estime chanceux de pouvoir partager cet engouement pour la programmation et la robotique avec les jeunes et les ados. Un univers en perpétuelle transformation. « Et ce n’est pas fini, ce n’est qu’un début », comme le dit si bien la chanson du regretté Stéphane Venne.