Clinique Multisens ou l’excellence en français

01-12-2022
Pour Clinique Multisens, la langue française est plus qu’un choix, c’est une compétence.
Rédigé par :
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Marilyn Bouchain
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Christine Turgeon et Cimon Chapdelaine, Clinique Multisens

Clinique Multisens facilite l’accès du grand public à tout un réseau de professionnel.le.s de la santé, de l’adaptation et de l’éducation tout en offrant des services clinico-administratifs aux praticien.ne.s. Au cœur des services qu’elle propose et de son plan de développement, la langue française devient pour cette PME en pleine expansion une véritable compétence technique…

Créée en 2013 par Christine Turgeon, audiologiste et Cimon Chapdelaine, orthophoniste, le réseau de cliniques privées Clinique Multisens, entreprise combinant service aux patient.e.s et aux praticien.ne.s et recherche & innovation, est en 2021, finaliste du prix de l’Excellence en français des Mercuriades.

Au-delà d’un environnement de travail valorisant le fait francophone, c’est sa capacité à transcender l’aspect purement linguistique et sociologique de la langue pour en faire une compétence technique de premier plan qui lui vaut cette distinction.

La compétence « Excellence en français » a-t-elle entraîné une augmentation du chiffre d’affaires favorisant l’innovation ? Cimon Chapdelaine, cofondateur de Clinique Multisens apporte un éclairage instructif sur le sujet.

Le français, un outil incontournable

C’est indéniable : Clinique Multisens est une entreprise résolument francophone dont la totalité de la biosphère professionnelle, des employés ou partenaires à la clientèle en passant par les ressources, fonctionne en français. Cependant, la place qu’occupe la langue française dans son système vital prend une dimension des plus intéressantes.

Sublimant l’engagement social ou la simple adaptation commerciale à son marché, l’entreprise propulse l’excellence de la langue au tout premier rang de ses aptitudes ; devenue la pierre angulaire de sa politique RH en matière de gestion de la main-d’œuvre, elle lui permet de déployer des projets novateurs.

L’excellence en français, force d’attraction d’une main-d’œuvre qualifiée

Combler une pénurie de niche

De fait, c’est bien cette expertise linguistique qui permet à Clinique Multisens de recruter une main-d’œuvre de qualitédans un bassin d’activité où elle est devenue denrée rare. « Au cours des dernières années, grâce à la reconnaissance que nous avons obtenue, Clinique Multisens a attiré de nombreux praticien.ne.s, en provenance d’Europe francophone principalement, car les équivalences de diplômes sont plus faciles. » constate Cimon Chapdelaine.

Un apport bénéfique pour la société québécoise

Outre la satisfaction de combler ses propres besoins en matière de recrutement, le codirigeant de Clinique Multisens se réjouit : « Cette immigration représente un apport démographique qui répond aux critères d’immigration spécifiques du Québec au niveau de la langue, des profils socio-économiques recherchés et vient résoudre des problèmes de pénurie de main-d’œuvre dans un secteur où la demande des client.e.s est plus élevée que l’offre des services ».

Les retombées qu’entraîne une telle dynamique sont donc, selon lui, positives pour l’ensemble de la société québécoise, notamment sur le plan linguistique.

Des besoins spécifiques au Québec

Créer un SAS québécois

Cependant, l’expertise linguistique de la PME ne se borne pas à un rôle de levier de recrutement international et d’ambassadeur de la marque employeur : elle a aussi valeur de compétence technique de premier ordre de laquelle dépendent les différents pôles d’activités de l’entreprise. Le processus de développement de la plate-forme, support des services clinico-administratifs délivrés aux praticien.ne.s, en est le meilleur exemple. Face au manque d’outils technologiques en français adaptés au contexte québécois, Clinique Multisens a choisi la proactivité. .

« Nous avons décidé de créer un système d’analyse statistique (SAS) totalement francophone, en collaboration avec un partenaire technologique. » explique C.Chapdelaine pour qui, après avoir exploré les différentes options offertes à l’international, la conclusion s’est imposée d’elle-même. « Il nous fallait développer notre propre plateforme. Ni les solutions en anglais mises au point en Australie ou aux États-Unis, ni celles venues de France, trop assujetties au système d’assurance maladie français, ne nous convenaient. »

Par ricochet, ce système centralisé en français, non seulement facilite la gestion du quotidien pour les praticien.ne.s mais provoque pour l’entreprise une augmentation du chiffre d’affaires via la rentabilisation de l’outil : « Depuis la mise en place de ce nouveau système, nous pouvons observer un gain de productivité et d’efficience. » indique l’entrepreneur, satisfait.

Contenu supplémentaire

Des outils d’investigation clinique en français

Des protocoles cliniques adéquats

De même, le secteur d’activité relevant de la recherche académique développé en parallèle par la PME s’appuie, lui aussi, sur l’excellence de ses compétences linguistiques. « Au sein de notre équipe de spécialistes, certain.e.s ont une double casquette : praticien.ne et chercheur.se.» note le dirigeant. « De ce fait, nous sommes en mesure de contribuer à l’élaboration de différents ouvrages de référence en français publiés par des maisons d’édition spécialisées. »

Par ailleurs, Clinique Multisens aide à normer des outils qui sont utilisés par d’autres professionnel.le.s au cours de leur exercice clinique auprès de la population franco-québécoise ou d’origine allophone : « Nous collaborons avec des entreprises, technologiques ou non, pour établir des protocoles cliniques offrant des données probantes… »

Une expertise linguistique indispensable

Par conséquent, il est aisé de comprendre que l’excellence linguistique soit un prérequis des compétences professionnelles lorsque l’on observe que la langue française est la matière première permettant de créer des outils cliniques ciblés. « Pour mieux se figurer en quoi la langue intervient dans l’élaboration des protocoles cliniques, il faut comprendre que nous parlons d’outils cliniques grâce auxquels les praticien.ne.s vont pouvoir identifier les besoins de leur clientèle.» aime à rappeler C.Chapdelaine.

Des outils, qui indique-t-il, sont le fruit d’une collaboration entre les membres de son équipe et des partenaires académique : « Ils permettent d’aller plus en détails dans la quantité de vocabulaire connu ou dans les catégories de mots connus, d’affiner la conclusion professionnelle et de mieux orienter le protocole thérapeutique. »

Le français, vecteur d’innovation

Développer une technologie propre au milieu francophone canadien

Autre secteur d’activité abordé avec succès par Clinique Multisens, la recherche et l’innovation est elle aussi tributaire de la compétence « Excellence en français ». Mieux, dans un contexte technologique, la langue devient vectrice de modernisation des méthodes de travail. « D’ores et déjà, de grosses entreprises passent par nous pour adapter en français la terminologie de leur outils technologiques. » annonce le dirigeant.

Et d’entrer plus en détails : « Nous avons, par exemple, participé à la conception d’un outil de plan d’intervention individualisé qui vise à faciliter la rédaction des documents pour les professionnel.le.s de l’éducation, de l’adaptation scolaire ou de la réadaptation via des bases de données générées par l’intelligence artificielle. Une belle innovation dans un champ d’application qui est habituellement plus traditionnel… »

De nouveaux débouchés

Conscient de l’ouverture sur le marché, jusqu’alors inexploité, des outils technologiques francophones pour le secteur paramédical, Cimon Chapdelaine sait que la PME se place en excellente position : « Nous entrons en collaboration avec des entreprises, franco-québécoises ou non, qui souhaitent adapter leur pratique au contexte franco-québécois : nous agissons en tant que chargé de projet. »

Préparer la relève pour devenir un pôle d’innovation québécois

Transmettre une méthode de travail

Les projets porteurs ne manquent donc pas chez Clinique Multisens qui, pour se donner les moyens de ses ambitions, expérimente d’ores et déjà la transmission de sa méthodologie de travail et des compétences techniques induites : « Nous avons fait appel à une étudiante en recherche et innovation à qui nous avons demandé de monter un guide d’utilisation et d’implantation de la plate-forme de gestion clinico-administrative en français. »

Une politique de recrutement qui évolue

Une gestion des stagiaires orientée vers la transmission des savoir-faire qui préfigure aussi le type de profils que l’entreprise est en passe de privilégier. « Actuellement, nous sommes dans la phase d’investissement dans la recherche à court et moyen terme. Pour nous y préparer, nous orientons nos plans de recrutement vers des profils de chercheur.se.s et scientifiques. »

Sur les quatre stagiaires intégrés en recherche et innovation durant l’été, l’un d’eux étudiait en automatisation du génie logiciel. « Nous devons diversifier nos ressources humaines car nos projets se diversifient. »

Un chiffre d’affaires en hausse

C’est donc en toute confiance que le codirigeant mise sur une augmentation du chiffre d’affaires croissante et un retour sur investissement : « Depuis 2020, notre principale projection dans l’avenir est de voir notre pôle d’innovation se muer en un département totalement autonome. »

Devenir un partenaire d’affaires privilégié des instances académiques et des entreprises technologiques, se doter de sa propre équation économique, telles sont les objectifs qu’il se fixe : « Nous prévoyons un essor considérable au cours des prochaines années. »

Et Cimon Chapdelaine de conclure, fort d’une assurance tranquille : « Être entrepreneur.e, c’est générer des organisations pérennes et s’assurer qu’on s’ajuste aux changements de notre société… Être entrepreneur.e, c’est refuser le statu quo ! »