Attirer et fidéliser la main-d'œuvre grâce à des avantages sociaux personnalisés
Karine Dutemple, rédactrice
chez Pratiques RH
Qui de mieux placé que celui-ci pour donner son opinion sur les avantages dont il souhaite profiter ? Cette idée ouvre la porte aux avantages sociaux personnalisés, une tendance émergeante dont nous parle Elizabeth Lagarde, partenaire d’affaires en acquisition de talents pour Groupe Legault.
PRH : Quels sont les bénéfices de personnaliser les avantages sociaux ?
Elizabeth Lagarde : Je crois que les salarié.e.s se sentent encore plus pris en considération, car l’employeur est à l’écoute de leurs besoins. Les avantages sociaux répondent à leurs attentes, ce qui est une source de bonheur et de satisfaction au travail. L’attention portée à cet égard permet aux employé.e.s de sentir qu’ils et elles font une différence et ne sont pas qu’un numéro.
Sur le plan financier, il peut également y avoir une certaine économie en choisissant cette option, car l’employeur paye pour des avantages que les gens vont réellement utiliser. Par exemple, il se peut que l’entreprise offre des assurances collectives, mais si l’employé.e n’en a pas besoin, cet argent peut être utilisé autrement.
PRH : Comment mettre en place des avantages sociaux personnalisés en entreprise ?
E.L. : Faire passer un sondage est une excellente façon de prendre le pouls de ce que les salarié.e.s souhaitent concrètement en matière d’avantages sociaux. Être proche de son personnel pour mettre en place cette formule est essentiel.
Opter pour des avantages sociaux personnalisés ne signifie pas nécessairement qu’ils vont l’être pour chaque personne. Toutefois, il est possible de faire participer le personnel dans la sélection des différents avantages qui pourraient être offerts.
« Apprendre à connaître ses employé.e.s et faire preuve d’ouverture face à ce qui les motive à rester, c’est la clé. »
Il faut se poser la question : est-ce que c’est réellement ce qu’on veut ? Au lieu d’opter uniquement pour des assurances collectives, il est possible d’incorporer celles-ci dans un ensemble d’avantages incluant le remboursement des frais de clinique privée ou de ceux encourus par un abonnement à la salle de sport, par exemple.
PRH : Quels sont les principaux défis liés à la personnalisation des avantages sociaux ?
E.L. : Faire une étude de marché peut révéler ce que les autres employeurs offrent à titre d’avantages sociaux. Toutefois, il est possible que les employé.e.s n’en veulent pas. Il peut s’agir d’une bonne idée, mais pour quelqu’un d’autre. C’est parfois un défi de trouver le temps de s’asseoir, puis d’écouter les salarié.e.s exprimer leurs besoins.
Ensuite, il faut se questionner à savoir si on veut poursuivre dans cette voie et investir les efforts nécessaires pour adapter ce genre de formule. En effet, il va falloir continuer à consulter le personnel pour faire en sorte que l’éventail d’avantages sociaux lui convienne toujours.
« Est-ce possible de créer quelque chose de plus intéressant pour tout le monde et d’inclusif selon les intérêts et les besoins de chacun ? »
Du côté des employé.e.s, ils et elles vont devoir discuter en groupe et en arriver à un consensus. Bien entendu, certaines personnes peuvent alors être déçues que leurs suggestions ne soient pas retenues. Les options retenues peuvent refléter la réalité d’une majorité de l’équipe, mais peut-être pas de tout le monde.
Dans certains cas, les circonstances peuvent nécessiter de réévaluer les décisions déjà prises. Cela est le cas pour plusieurs employeurs qui ont adopté des politiques de télétravail.
Maintenant que davantage de personnes retournent travailler au bureau, le voyagement peut s’avérer plus exigeant pour celles qui ont fait l’acquisition d’une propriété loin de leur lieu de travail. Même si la situation l’exige, revenir sur sa position peut tout de même constituer un défi.
PRH : Comment encadrer les discussions auprès de la main-d'œuvre ?
E.L. : Tout d’abord, il faut encadrer la discussion pour éviter les débordements, en plus de circonscrire l’éventail des possibilités. Bien entendu, cela implique tout de même une certaine rigueur. Il est nécessaire de le faire, car les demandes peuvent être diversifiées.
Certaines personnes peuvent évoquer leur souhait de suivre des cours à l’université ou des séances chez un thérapeute.
Également, il faut être précis en évoquant ce qui est couvert par un avantage. En quoi consiste un remboursement bien-être ? Est-ce que cela couvre l’abonnement à la salle de sport, la passe de ski, le matériel de gym ou les petits plus qui sont achetés ?
PRH : Quelles sont les limites de cette formule ?
E.L. : Les limites dépendent réellement de ce que l’employeur peut offrir. C’est important également d’être équitable : ce que j’offre à mon employé.e qui a le plus d’ancienneté doit aussi l’être à la personne qui vient d’arriver.
Il peut être requis de faire des adaptations en cours de route, mais il est crucial d’expliquer aux individus pourquoi c’est le cas et prévoir une façon de remplacer un avantage qui aurait été enlevé.
Également, planifier en amont est essentiel pour que cette formule fonctionne. Par exemple, si on donne de petits cadeaux lors de l’intégration de quelqu’un, il est important de s’assurer d’en avoir en réserve pour chaque nouvelle personne qui arrive en poste.
Pour un plus gros avantage, comme celui de faire cadeau d’un voyage au bout de 5 ou 10 ans d’ancienneté, prévoir les frais encourus à long terme pour accorder cet avantage est de mise. L’idée est de faire preuve de constance, ce qui peut être difficile.
PRH : Auriez-vous des exemples d’avantages sociaux faisant partie intégrante d’une offre personnalisée ?
E.L. : Certaines entreprises vont ouvrir dans leurs bureaux une garderie donnant la priorité aux employé.e.s qui travaillent à cet endroit. Plusieurs organisations vont mettre sur pied des programmes de remboursement liés aux activités de bien-être comme l’entraînement à la salle de sport ou l’abonnement au yoga.
Je travaille dans une entreprise où il est possible d’amener son chien au bureau. Comme mon animal m’accompagne, je ne suis pas autant pressé de retourner à la maison pour le sortir. On a passé la journée ensemble, le chien a pu prendre l’air et bouger.
Certaines organisations prévoient des journées de congé pour le deuil d’un animal de compagnie ou des attentions spéciales lors de certains événements. D’autres entreprises vont prévoir des rabais pour des repas préparés ou des traiteurs au bureau, ce qui est habituellement très apprécié de la part des salarié.e.s.
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