Les réseaux sociaux au service du recrutement

16-10-2025
Thématiques : Recrutement  -  Article informationnel
Pour avoir à son bord les bons talents, encore faut-il savoir comment les recruter ! Bien que les plateformes d’affichage de poste soient toujours d’actualité, d’autres avenues existent pour trouver la perle rare.
Karine Dutemple

Auteur.e

Karine Dutemple, rédactrice
chez Pratiques RH

vidéo réseaux sociaux

Les réseaux sociaux offrent de nombreuses opportunités pour socialiser, faire de la publicité et partager du contenu. Qu’en est-il de leur impact sur le recrutement de la main-d'œuvre ?

Cibler le bon canal pour atteindre la cible

Stéphanie Kennan, présidente de Bang Marketing, évoque bien l’adéquation entre l’objectif poursuivi par le recrutement et la nature des réseaux sociaux. « En recrutement, on a besoin de rejoindre des publics cibles et les réseaux sociaux sont des canaux de communication, mais aussi d’amplification. »

Parfois, ce sont des personnes qui seraient moins facilement joignables par l’intermédiaire de canaux réguliers comme les sites Web, souligne Alexandre Turcotte, à la tête de HEYA, la première agence spécialisée en marketing numérique sur TikTok.

Il importe toutefois de garder en tête que les candidat.e.s ne se trouvent pas sur tous les canaux, souligne Mme Kennan. « Facebook, TikTok et les groupes Facebook locaux sont appropriés pour le recrutement dans les métiers manuels et techniques », explique l’experte.

Le bon canal pour la bonne cible

  • Les postes hautement spécialisés : recours à un chasseur de tête
  • Les professionnel.les cadres : LinkedIn et Facebook Ads
  • Les postes juniors et créatifs : TikTok

Pour les postes en contact avec le public, tel que le service à la clientèle ou le commerce de détail, Facebook, Instagram et TikTok sont un choix approprié, poursuit-elle. Alexandre Turcotte abonde dans le même sens, soulignant que ce dernier canal peut être particulièrement efficace pour recruter des cuisinier.ères ou des ouvrier.ères.

Mme Kennan ajoute que LinkedIn et Facebook Ads sont de bonnes options pour le recrutement de professionnel.les cadres, tandis que TikTok peut également contribuer à combler des postes juniors et créatifs.

Pour les postes hautement spécialisés, l’expert précise que le recours à un chasseur de tête est plus approprié que l’utilisation des réseaux sociaux. La nature plus complexe des démarches pour l’embauche d’un.e professionnel.le de haut calibre explique cette posture, selon l’expert.

« Il s’agit également d’une question de crédibilité », précise Stéphanie Kennan. Certaines personnes peuvent utiliser une plateforme, mais sans nécessairement la mettre à profit pour trouver un emploi. Choisir une plateforme à l’approche plus ludique comme TikTok pour le recrutement d’un.e vice-président.e peut ne pas envoyer le bon message, explique-t-elle.

« Il faut toujours garder en tête l’objectif de mon recrutement : quelle est ma cible ? »

- Stéphanie Kennan, présidente de Bang Marketing

L’experte met en valeur les dangers inhérents à une mauvaise utilisation des réseaux sociaux, rappelant que chaque plateforme a des codes qu’il importe de maîtriser. Voilà pourquoi une stratégie de recrutement pour les médias sociaux n’existe pas, c’est une stratégie par canal, mentionne-t-elle.

Une entreprise qui recrute pour différents types de poste ne pourra donc pas tous les afficher sur la même plateforme, suggère Stéphanie Kennan.

TikTok : l’authenticité au goût du jour

Pour TikTok, l’authenticité est de mise, relève la spécialiste. Il est conseillé d’opter pour un ton léger, un format à la mode et au goût du jour. Il faut garder à l’esprit que les formats peuvent changer rapidement, ce qui implique d’être au fait des dernières tendances. Faire fi de cet aspect peut ne pas produire l’effet escompté, en donnant un « air trop ringard ou corporatif » à la vidéo, avertit l’experte.

L’option classique est de produire une vidéo avec un courriel de contact pour inciter les gens à postuler. Cela permet aussi d’offrir un aperçu réaliste de l’emploi et des tâches qui y sont liées, mais aussi du milieu de travail, relève-t-elle. « On peut voir les employé.e.s faire des blagues, s’amuser ou expliquer la nature de leur travail », explique Alexandre Turcotte.

Par exemple, pour la campagne de recrutement d’Héma-Québec, il est possible de voir des technicien.nes de laboratoire utilisant des centrifugeuses, d’autres employé.e.s travaillant dans l’entrepôt ou dans les bureaux administratifs. Cela donne une autre perspective du milieu de travail et de l’emploi, affirme le spécialiste. Il peut s’agir d’un incitatif pour les candidat.e.s à postuler sur ces plateformes.

La viralité du contenu partagé sur les réseaux sociaux peut toutefois amener une grande quantité de candidatures, lesquelles ne correspondent pas nécessairement aux profils et compétences recherchés, mentionne M. Turcotte.

Une autre problématique peut être d’ordre géographique, comme en fait foi la popularité de cette même campagne en Afrique francophone. « Le premier contenu partagé sur Tik Tok a généré 300 00 vues en 48 heures », relève-t-il. Pour l’expert, cela réitère le rôle clé de la publicité ciblée pour rejoindre avec plus de précision le groupe cible.

Cette grande visibilité peut être un couteau à double tranchant, suggère Stéphanie Kennan. « Si l’entreprise a une mauvaise marque employeur ou une mauvaise réputation, cette problématique sera amplifiée par la diffusion à grande échelle. »

Une autre option consiste à demander à la personne qui souhaite postuler de créer une vidéo sur son propre compte TikTok en identifiant la marque, ce qui peut être particulièrement intéressant pour les métiers créatifs, précise Mme Kennan.

L’individu peut se mettre en valeur, en plus de donner de la visibilité à l’entreprise pour laquelle il postule. La recette est donc gagnante pour les deux, met en évidence l’experte.

LinkedIn, Facebook et Instagram

« LinkedIn est l’outil par excellence pour le recrutement, permettant autant à l’employé.e qu’à l’employeur de se mettre en valeur », relève Alexandre Turcotte. De surcroît, il est possible d’y gérer sa marque employeur et de partager du contenu, ce qui est particulièrement intéressant, mentionne Stéphanie Kennan. Les messages commandités envoyés dans la messagerie privée (InMail) demandent une certaine vigilance, note toutefois la spécialiste.

3 principes pour soutenir le recrutement grâce aux réseaux sociaux

  • Cultiver une marque employeur positive pour favoriser le recrutement
  • Choisir un canal adapté à la cible
  • Utiliser une stratégie adéquate en fonction du réseau social

S’il est vrai que LinkedIn fonctionne bien pour rejoindre un grand public cible, cela implique que des offres d’emploi peuvent être envoyées à des candidat.e.s qui ne correspondent pas nécessairement aux profils qui devraient être ciblés. Par le fait même, cela peut entacher la crédibilité de l’entreprise qui en est à l’origine.

Avec une petite cible, l’algorithme n’enverra pas beaucoup d’annonces, ce qui ne sera pas avantageux sur le plan de la visibilité. Toutefois, l’opportunité de faire rayonner la marque employeur et les valeurs de l’entreprise constitue un atout majeur de la plateforme, souligne-t-elle.

Cela est également vrai pour Facebook et Instagram, témoigne Mme Kennan. La publicité fonctionne également très bien sur ces deux plateformes, impliquant « moins de pression que TikTok pour adopter un format drôle, léger et en phase avec les tendances de l’heure ».

La marque employeur : un élément central

En plus de choisir un canal adapté à la cible et de mettre à l’œuvre une stratégie adaptée à celui-ci, il est nécessaire de cultiver une bonne marque employeur, suggère-t-elle.

Cela permet de préparer le terrain au recrutement, maximisant les chances de succès de la stratégie mise en place. Miser sur un contenu aspirationnel est la clé pour consolider sa marque employeur, relève l’experte.

Valoriser la marque employeur par l’intermédiaire du contenu

  • Des vidéos d’entretiens avec des employé.e.s qui parlent de leur quotidien
  • Une présentation de l’évolution de l’entreprise au fil du temps
  • Des photos et vidéos illustrant le milieu de vie et les salarié.e.s au quotidien
  • Une présentation des projets à venir

« Cela suggère que tu es une entreprise qui a une âme, c’est ce qui va donner envie aux gens d’en savoir plus et de faire partie de quelque chose de plus grand qu’eux. » Il faut mettre de l’avant les valeurs de l’entreprise, son histoire et un aperçu réaliste du quotidien des employé.e.s, donne-t-elle en exemple.

L’utilisation de plateformes comme Indeed doit aller de pair avec celle des réseaux sociaux afin de maximiser le nombre de personnes touchées, mais aussi participer à consolider une marque employeur positive auprès des candidat.e.s.

Alexandre Turcotte abonde dans le même sens, mettant en évidence l’intérêt d’adopter une « stratégie 360 », incluant une présence active dans les foires d’emploi.

Une stratégie différenciée pour un maximum d’efficacité

Le recrutement par l’intermédiaire des réseaux sociaux évoque bien l’adage « autre temps, autres mœurs ». Avec une multitude de possibilités, avoir une stratégie bien pensée et alignée sur la cible n’a jamais été aussi importante !