Le brainstorming, un outil pour amplifier la créativité des équipes

Auteur.e
Annie Bourque, rédactrice
chez Pratiques RH

Il est 8h15. Une équipe de 7 personnes aux profils variés se retrouve dans une ancienne banque transformée en café, près du métro Square-Victoria. Le lieu est propice à la créativité, avec ses plafonds sculptés, ses planchers en marbre et une salle accueillante, parfaitement équipée pour un remue-méninge efficace : un tableau blanc, des post-its, des stylos et du café.
Cette atmosphère est le cadre idéal pour stimuler cette réunion d'idéation et permettre à l'équipe de générer de nouvelles idées. Quelle est l'utilité d'un brainstom ?
Pourquoi organiser un brainstorming?
Encore aujourd’hui, dans le feu de l’action, plusieurs gestionnaires et dirigeant.e.s de PME sont sceptiques face à l’organisation d’un brainstorming qui prend du temps de préparation et empiète souvent sur l’exécution des tâches.
Certain.e.s témoignent d’une méfiance face au processus et se demandent : de quoi s’agit-il et quelle est son utilité ?
Les séances de remue-méninges ou brainstorms sont en réalité des réunions qui ont pour vocation de réunir les équipes autour d’une table ronde, afin de bénéficier de leur créativité.
Les participant.e.s suggèrent alors un flot d’idées ou de solutions originales afin de produire un meilleur contenu ou encre de régler un problème d’organisation, de production ou lié aux opérations.
Convoquer l’intelligence collective pour innover
L’expert en dynamique d’équipe et performance collaborative chez L'Expérience Taago Jean Côté qualifie la méthode de « puissante » puisqu’elle entraîne, selon lui, une répercussion tangible sur l’esprit d’équipe.
« Le but du brainstorming est de monter l’équipe en altitude en utilisant l’intelligence collective afin de générer des idées ou de résoudre une problématique. »
- Jean Côté
Le concept a été inventé en 1939 par Alex Osborn, vice-président d’une agence de publicité américaine. Depuis ce temps, les créateur.ice.s de publicité se servent de cet exercice pour générer leur prochaine idée de génie.
De prime abord saugrenue ou encore inusitée, une proposition peut devenir un succès inouï.
C’est le cas de l’agence montréalaise Sid Lee. Lors d’une réunion de brainstorming l’automne dernier, quelqu’un évoque alors l’idée de reprendre le succès musical My Sharona pour créer le personnage de Mike chez Rona, raconte le concepteur-rédacteur Olivier Goulet Lafond, lors d’une entrevue à l’émission Tout un matin. Cette publicité au ver d’oreille incontournable est devenue le succès du printemps 2025 et un sujet de conversation entre collègues.
Mais la pratique du brainstorming séduit aussi le monde des affaires et les milieux corporatifs. Plusieurs gestionnaires et dirigeant.e.s ont recours à ce choc des idées afin de créer un slogan, améliorer leur communication ou encore propulser une marque employeur.
Amorcer la rencontre avec énergie et introspection
Les débuts de la réunion sont cruciaux. L’expert en accompagnement des équipes Jean Côté suggère de commencer par une activité légère et rassembleuse pour mettre le ton et échauffer la créativité.
Une musique ou une chanson entraînante permet aux gens de se lever et peut-être même de s’étirer et de danser. « Le but, dit-il, c’est de créer une belle énergie autour de la table. »
Puis, l’équipe prend un moment afin de réfléchir à la question du facilitateur.trice.
« Nous sommes dans une société perpétuellement essoufflée. Nous ne prenons pas assez de temps pour gérer, anticiper, relever l’incohérence. Prendre le temps de faire de l’introspection, de réfléchir, de prendre du recul, c’est un investissement réel », observe de son côté Kevin Johnson, professeur titulaire au Département de management et directeur du programme de MBA à HEC.
« L’introspection casse en quelque sorte le syndrome de la page blanche. Cela contribue à enlever notre visage collé à l’arbre et à regarder la forêt. »
- Jean Côté
L’art de recueillir les précieuses idées
Dans un premier temps, le.la gestionnaire, ou bien la personne responsable de faciliter le remue-méninge, peut dresser un bilan et demander l’avis des participant.e.s sur les constats des six derniers mois par exemple.
Par la suite, ce retour en arrière laisse entrevoir un nouveau tour de table qui inclut cette fois les pistes d’amélioration ou de solutions à un problème.
Puis, les gens se lèvent et peuvent apposer leurs post-its respectifs sur un tableau. À voix haute, chacun.e peut aussi être invité.e à développer ses réflexions.
Parfois, un mot prononcé par quelqu’un entraîne une réflexion chez une autre personne. Puis, la combinaison des deux idées pourra alors faire une connexion dans le cerveau d’un.e autre participant.e qui finira par livrer une nouvelle proposition.
L’erreur à éviter en brainstorm : émettre des jugements
Le succès de cet exercice passe par la sécurisation des échanges et une ouverture d’esprit, insiste M. Côté.
Lors d’une réunion créative, M. Côté suggère d’accueillir toutes les suggestions, même les plus inhabituelles. « Il faut enlever ses œillères et laisser place à la créativité. »
Toutes les idées, même les plus flyées doivent être notées et accueillies sans critique ! Il faut éviter le plus possible d’émettre une forme de jugement. « Attention, dit-il, à ces phrases assassines dont : « oublie ça, ton projet coûte trop cher » ou encore « la direction ne voudra jamais ».
Conseil utile
Un.e membre de l’équipe peut être désigné.e afin de prendre en note tous les propos évoqués et les retranscrire dans un document unique qui sera remis à l’équipe.
Le rôle crucial de l’animateur
Bien qu’une réunion d’idéation doit être bien préparée et cibler un ou quelques sujets pour éviter l’éparpillement, une séance de brainstorming peut tourner à l’échec en la présence d’un.e animateur.ice qui tentera à tout prix de faire la promotion de ses projets ou de son agenda.
« Le.la facilitateur.ice doit être en mode écoute et laisser ainsi la place aux autres participant.e.s », conseille M. Côté.
En acceptant la responsabilité d’animer une telle réunion, la personne doit user de tact. Toutefois, comment manœuvrer face aux personnes négatives de l’équipe comme Yvan* (nom fictif) qui a tendance à voir le verre toujours à moitié vide plutôt qu’à moitié plein ?
M. Côté recommande de procéder à un virage positif et de favoriser la cohésion. « L’animateur.ice pourra dire quelque chose comme : « Yvan, je sens que tu es peut-être en désaccord avec cette proposition, Toi, qu’est-ce que tu ferais en faveur de la réussite de ce projet ? »
Trouver des solutions en équipe
Jean Côté agit souvent comme facilitateur dans des réunions de brainstorming de PME du Québec. L’une d’elles faisait face à un épineux problème de pénurie de personnel.
L’exercice a permis d’évaluer les contraintes du problème et peu à peu, les pistes de solution ont émergé une à une. « En parlant, raconte-t-il, les gens se sont aperçus qu’en réalité le problème était lié à un processus d’intégration trop long. »
L’importance de faire un suivi
Plusieurs organisations investissent dans un remue-méninge, mais oublient de faire un suivi. Une erreur capitale, selon M. Côté.
« Il faut absolument nommer les prochaines étapes et en informer les gens qui ont pris la peine de s’investir dans cette réunion. »
Car sinon, les participant.e.s auront l’impression d’avoir perdu leur temps. « Certaines personnes auront le réflexe de dire que cela ne sert à rien et elles éviteront la prochaine rencontre de brainstorming. »
M. Côté estime important de faire ressortir au moins 3 à 5 idées susceptibles d’être concrétisées au cours des prochains mois.
« Je recommande de conserver les autres propositions, mais de s’attarder à celles qui sont réalisables. »
Puis, le.la gestionnaire peut même attribuer des tâches qui peuvent être amorcées rapidement à certain.e.s membres de l’équipe.
Quelques outils pour aller plus loin :
- Tableau pour le brainstorming en ligne : La toile numérique Miro permet de dessiner, d’écrire, d’ajouter des images, des vidéos, des notes autocollantes, etc. Ce tableau numérique peut même servir de support visuel pour la création d’organigrammes ou de croquis.
- Concours de remue-méninge : Plusieurs gestionnaires se servent d’un outil de gamification afin de créer un concours de remue-méninge en ayant recours à Kahoot.
- Rétroaction : Comment évaluer l’activité de brainstorming ? En ayant recours à un outil de rétroaction qui récolte les réactions. Par exemple, SurveyMonkey mesure la satisfaction des troupes.
Les retombées positives du remue-méninge
L’ensemble des idées proposées contribue à créer une véritable une connexion entre les membres de l’équipe.
Le plus important, c’est le degré d’enthousiasme suscité par l’activité, fait valoir l’expert. Du coup, cela donne l’occasion de découvrir l’intelligence émotionnelle de certain.e.s, les qualités des un.e.s et d’apprécier l’expertise des autres.
Les propositions ou solutions suggérées contribuent ainsi à donner un sens au travail du quotidien, et favorisent l’émergence d’un vent de motivation afin que les membres d’une équipe poursuivent leurs opérations ensemble, dans la même direction.
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