Repenser l'engagement pour mieux inspirer les équipes au travail

17-08-2022
Comment inspirer son personnel à l’heure du phénomène de la grande démission et de la guerre des talents ? Constat et solutions.
Rédigé par :
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Annie Bourque, Pratiques RH
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Pratiques RH  Motivation des troupes à l'heure de la rentrée

Après plus de deux ans d’incertitude pandémique, nombreux sont les défis des employeurs qui s’adaptent et évoluent avec leurs équipes. Un réel enjeu, croit Mylène Grégoire, présidente et coach chez Mymosa &CO

Car, en pénurie de main-d’œuvre, plusieurs employé.e.s, à bout de souffle, vivent une remise en question et pire, un total désengagement. « Les gestionnaires ont tout un rôle à jouer lorsqu'il s'agit de stimuler les talents les plus performants », dit-elle.

Fuite de talents

« De plus, plusieurs propriétaires d’entreprise craignent de perdre des talents et ont peur que leur offre ne soit pas suffisamment attractive face à la compétition », observe Julie Tremblay-Potvin, stratège culture organisationnelle et coach en leadership bienveillant à De Saison

La stratège en mobilisation suggère de mettre les appréhensions de côté et de passer à l’action. « Je conseille de réfléchir et de définir votre vision stratégique en impliquant vos employé.e.s et pas seulement les membres du comité de gestion », précise-t-elle.

62 %*
C'est le taux d’engagement des employé.e.s au premier trimestre de 2022 comparativement au sommet de 73 % obtenu au deuxième trimestre de 2020.

Connaître les besoins de vos équipes

Après la période des vacances, les troupes reviennent au boulot, la tête reposée. « La première étape est d’écouter et de comprendre les besoins et désirs. On se demande pourquoi nos gens voudraient aller travailler ailleurs », ajoute Mme Tremblay-Potvin. 

Mylène Grégoire renchérit avec l’importance d’écouter réellement les besoins de l’autre, au-delà de ses propres besoins ou de ceux de l’organisation. « Un.e employé.e qui manifeste des signes de stress signifie qu’un besoin n’est pas comblé. Une oreille attentive et l’empathie augmentent le sentiment d’être considéré.e et apprécié.e dans l’organisation », note-t-elle. Cette bienveillance accentue du coup la motivation et l’engagement des troupes. 

De son côté, le chercheur et psychologue Jacques Forest suggère le recours à une plateforme de sondage pour mieux saisir le degré de motivation de nos gens. 

Car la façon de satisfaire et combler les besoins est propre à chacun. « Comme employeur, il faut oser poser la question : comment puis-je satisfaire tes besoins psychologiques au travail et dans ta vie personnelle? », dit-il en citant l’exemple de la firme d’ingénierie QDI de Gatineau qui attire et retient ses employé.e.s en répondant concrètement à leurs aspirations personnelles que ce soit par de nouveaux apprentissages ou un horaire plus souple. 

Une autre façon d'inspirer les troupes? C’est d’établir des objectifs et indicateurs de performance stimulants pour les salarié.e.s. « Par exemple, plutôt que de dicter quoi faire à votre recruteur en lui disant de réaliser X nombre d’entrevues par semaine. Dites-lui d’hausser le nombre d’embauches de candidat-e-s motivé-e-s qui pourront avoir un impact sur le taux d’engagement des membres de l’organisation. La motivation, c’est contagieux », affirme Mylène Grégoire, d’un ton enthousiaste. 

Suggestions aux gestionnaires et dirigeants

• Recueillir les commentaires de vos collaborateurs.trices pour connaitre leurs préoccupations, besoins et degré de satisfaction et motivation
• Créer ensemble une culture du travail qui réponde aux besoins

L’entreprise Voltam à Jonquière a développé une culture d’entreprise basée sur le bien-être de ses 96 employé.e.s. Tous et toutes travaillent pour faire une différence : d’abord pour soi et ensuite pour les collègues, clients et fournisseurs.

Environnement de travail attrayant 

Enfin, l'inspiration va de pair avec un environnement de qualité. Les employeurs désirent de plus en plus offrir un bureau attrayant en matière de luminosité, couleur et espace. 

Actuellement, les bureaux ouverts sans aucun paravent ont la cote, selon le motivateur et conférencier Marc-André Morel. « Il y a tellement de choses qui ont changé depuis les 7 dernières années et spécialement avec l’arrivée sur le marché du travail de la génération Z (personnes nées entre 1997 et 2010). On démocratise les environnements de travail. »

Récemment, M. Morel a visité à Montréal, les bureaux d’IBM, une firme informatique de 4000 employé.e.s. cumulant un chiffre d’affaires de 1.2 milliard. L’un.e des haut-dirigeant.e.s travaille dans un environnement ouvert à l’instar d’un.e programmeur.e qui commence sa carrière. 

Pénurie ou non, les jeunes talents désirent travailler pour des firmes qui font preuve d’imagination dans l’aménagement du bureau en offrant parfois une balançoire, hamac, machine à café sophistiquée et même le popcorn à volonté. 


42 % 

Selon l’étude d'Accountemps, deux professionnel.le.s sur cinq (42 %), voient l’utilité de « petits avantages indirects », comme par exemple des repas gratuits, une salle de repos ou encore un gym sur place. Chez les jeunes de 18 à 34 ans, plus de la moitié (53 %) affirment que ce genre d’avantage serait source de motivation.


L'intrapreneuriat

Aussi, de quelle façon concrète peut-on inspirer et motiver notre personnel ? Faut-il les chouchouter par des bonus, cadeaux, billets de concert ou parties de hockey ? 

« Ce sont des récompenses extrinsèques qui peuvent avoir un effet positif, mais passager », note Jacques Forest.
Il existe autre chose de fondamental. « Aujourd’hui, les gens cherchent un sens au travail et désirent que leur entreprise puisse avoir un impact sur les humains, leur famille et même l’environnement », affirme la stratège en développement, Julie Tremblay-Potvin. 

Cette quête de sens se traduit par l’intrapreneuriat. « Les employé.e.s veulent pouvoir utiliser leurs connaissances et compétences pour créer, initier des projets, façonner la culture de l’organisation, dit-elle. On ne veut plus être seulement en mode exécution, mais en mode création. »  

De là, l’importance de parler avec chaque membre de l’équipe qui osera peut-être proposer une nouvelle façon de faire ou témoigner de ses ambitions, voire de ses rêves. Imaginez son bonheur de réaliser son projet qui pourra permettre à l’entreprise de prendre son essor. 

Selon Julie Tremblay-Potvin et d’autres spécialistes RH, l’engagement fait partie de la motivation. « Les gens veulent être engagé.e.s dans des organisations innovantes qui ont des projets stimulants et veulent progresser et apprendre », conclut la stratège en développement. 

Plaisir au boulot 

De son côté, le psychologue et professeur de l’UQAM, Jacques Forest évoque le plaisir qui est, selon lui, le meilleur prédicteur de bien-être. « Souvent, dit-il, il y a un surinvestissement par rapport au plaisir ludique. » 

Imaginez le plaisir chaque jour dans votre emploi ou en effectuant telle ou telle tâche. « Ce qui importe, ajoute M. Forest, ce sont les effets qui rejaillissent sur notre sentiment d’accomplissement. »

Cela est comparable aux étoiles qui illuminent un soir d’été. Surtout ce sentiment de bien-être accentue la motivation et l’engagement à long terme qui influe aussi positivement sur notre mental. 

Contenu supplémentaire

+++ Incidence sur la motivation

  • Aimer son emploi et ses tâches.  
  • Trouver un sens. 
  • Connecter sur une base régulière avec d’autres collègues passionné.e.s. Les journées au bureau influent peut-être sur la productivité de chacun.e, mais la richesse des contacts humains est une grande source de motivation. Des rencontres fortuites qui permettent parfois de faire jaillir une idée, un projet comme un club de lecture, une sortie en bateau dans le Vieux-Montréal ou même l’apprentissage d’une nouvelle langue. 

Comment inspirer et motiver les employé.e.s ? 

  • Donner des défis à la hauteur de leurs aspirations. 
  • Proposer des outils aux salarié.e.s qui éprouvent des difficultés. 
  • Travailler sur les forces de chacun. « Nous avons appris à accorder une attention à nos failles et compétences déficitaires. Nous tentons de les corriger pour accroître notre performance, dit le professeur et psychologue Jacques Forest. Bien que louable, cette habitude comporte un revers important. En mettant l’accent sur nos faiblesses, on oublie de connaitre, développer et exploiter nos forces. » 
  • Face aux faiblesses, prévoir des attentes raisonnables. 
  • Donner des choix à l’intérieur de certaines règles. 
  • On fait sentir à chacun.e qu’il ou elle fait partie de l’équipe. 

Viser le dépassement des employé.e.s 

Mylène Grégoire suggère d’amener les employé.e.s à se dépasser en leur posant des questions puissantes. Par exemple;  « Comment peut-on tirer le meilleur de toi ? » 

  • Quelle serait ta meilleure idée pour résoudre ce problème avec confiance ? 
  • De quelles ressources as-tu besoin pour atteindre tes objectifs avec succès, simplicité et enthousiasme ? 

 
BON À SAVOIR 

La guerre des talents : c’est quoi ?

C’est le combat entrepris au sein des entreprises afin de recruter et retenir ses salarié.e.s qualifié.e.s. Les conditions de travail sont bonifiées par un meilleur salaire, conditions et offre d’emploi original. 

Qu’est-ce que le phénomène de grande démission ? 

4,5 millions d’Américains ont quitté leur emploi ces dernières années dans le mouvement connu sous le nom de « grande démission » à la suite de la pandémie de COVID-19.

Toutefois, selon l’étude de Mercer publié en mai dernier, 
seulement 18 % des employé.e.s désirent changer d’emploi en 2022.

La grande démission qui fait les manchettes en Amérique du Nord est-elle un mythe ?, se demande les chercheurs précisant que 63 % des Canadiens préfèrent demeurer dans leur emploi actuel. Cependant, le pourcentage d’employé.e.s qui envisagent de quitter leur emploi est supérieur à ce qu’il était avant la pandémie. 

Toutefois, une lueur d’espoir s’annonce à l’horizon. Les talents recherchent davantage une sécurité d’emploi et des avantages sociaux. « Les gens veulent travailler pour des employeurs ayant des valeurs qui leur ressemblent », conclut Sarah Houle, la fondatrice et experte conseil en communication & RH, à La Talenterie


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*Source : Enquête du consultant en ressources humaines Kicentric