Attirer et retenir ses employés en conciliant aspirations professionnelles et personnelles
Martin Lachapelle et Daniel Dumont, fondateurs de QDI, photographiés lors de l'obtention de leur prix décerné par la Chambre de commerce de Gatineau.
À l’ère du livrable et de la surcharge de travail, QDI se distingue par sa préoccupation de satisfaire les aspirations professionnelles et personnelles de ses employé.e.s. Une tendance novatrice en management.
« On veut être une firme de référence en Outaouais en créant une culture d’excellence où chacun a un rôle à jouer dans l’entreprise », nous explique d’un ton calme, Daniel Dumont, co-fondateur avec Martin Lachapelle de l'entreprise spécialisée en génie-conseil auprès du municipal et du civil.
Concrètement, cette vision se traduit par une connaissance approfondie de chaque personne dans l’organisation. Prenons l’exemple de Nataliia, d’origine ukrainienne, passionnée de comptabilité. La firme la soutient dans ses études en comptabilité et finance. Un autre employé souhaite devenir pompier volontaire. Pas de souci, QDI aménage son horaire en conséquence. « Nous désirons permettre à nos gens de réaliser leurs rêves et qu’ils soient heureux », précise M. Dumont.
Enfin, l’équipe démontre sa solidarité en participant, l’an dernier, à une activité de financement permettant l’aménagement d’un restaurant au Mali, qui appartient à la famille d’un collègue.
En quête d’excellence
À l’automne 2020, au moment de la pandémie, M. Dumont et ses partenaires ressentent le besoin de s’améliorer, de se questionner afin de s’approcher de leur objectif : l'excellence.
« On s’est engagé dans le processus de la certification Employeur remarquable, précise-t-il, en faisant appel à une firme indépendante qui évalue tous les deux ans la perception des employé.e.s sur notre gestion. Ce processus permet également d’identifier les lacunes ainsi que les éléments à améliorer. »
Dans un cadre confidentiel, les employé.e.s ont répondu à 69 questions dont :
- Ce qui vous motive dans votre travail ;
- Ce qui vous a attiré à travailler pour votre employeur ;
- Comment évaluez-vous la performance de votre employeur par rapport à ses engagements envers les employés ?
Importance de la rétroaction
En décembre 2020, les dirigeants reçoivent les résultats du sondage révélant que les employé.e.s souhaitent obtenir une plus grande rétroaction, du mentorat et du coaching. Deux mois plus tard, Daniel Dumont, avec l’apport de trois employés dans l’entreprise, implantent un nouvel outil, une plateforme qui porte le nom de PDI soit le Plan de développement individuel.
Ce plan contient le dossier personnel de l’employé.e qui est géré par lui-même. On y trouve la synthèse des valeurs de l’entreprise, les comportements attendus, les tâches, rôles de chacun ainsi que les aspirations professionnelles et personnelles.
Valeurs fortes
« Ce qui fait la différence, ce ne sont pas les outils ou le logiciel pour calculer les structures. Tous nos concurrents ont les mêmes outils. Cependant, a-t-on un groupe homogène, porté par des valeurs communes et une éthique de travail ? C’est la culture de notre entreprise, qui fait la différence », martèle M. Dumont.
L’entreprise et les employé.e.s adhèrent à ces valeurs :
Passion
L’honnêteté et intégrité
L’excellence et la rigueur
Épanouissement du personnel
Par-dessus tout, QDI priorise le bien-être de chacun.e ainsi que leur intégration dans l’équipe tout en favorisant l’entraide, le respect et la transmission des connaissances.
Chouchouter le personnel
La spécialiste en développement organisationnelle Joëlle Charpentier qualifie « d’innovante » l’approche de QDI. Elle observe un changement de paradigme qui s’amorce timidement dans les organisations. « Aujourd’hui, une entreprise se dit chanceuse d’être choisie. C’est pourquoi on veut soutenir la personne afin qu’elle donne le meilleur d'elle-même pour ses clients », précise la conseillère en ressources humaines agrée et présidente de Charpentier DO.
En ce moment, la croissance des compagnies est souvent freinée par le manque de personnel. « Les dirigeant.e.s commencent à faire attention et à chouchouter les employé.e.s en répondant à leurs besoins et aspirations, ajoute Mme Charpentier. C’est vraiment le nerf de la guerre : cette intention d’être là pour eux.»
« L’expérience employé.e » s’érige même en stratégie incontournable pour attirer et fidéliser les talents, écrit-elle dans un article publié récemment.
4,4 fois
En s’investissant dans l’expérience de leurs employé.e.s, les entreprises sont 4,4 fois plus souvent citées dans la liste des employeurs nord-américains les plus attractifs, selon LinkedIn.
28 fois
Elles sont aussi 28 fois plus souvent nommées parmi les entreprises les plus innovantes* selon Fast Company.
*The Employee Experience Advantage de Jacob Morgan
Trois premiers mois
Dès l’embauche, les gestionnaires de QDI s’assurent d’offrir la formation et la rétroaction. Pendant trois mois, chaque semaine, l'entreprise prend soin de vérifier l’attitude de la personne, sa capacité d’apprentissage et sa capacité d’intégration de la culture.
Mme Charpentier estime que QDI possède une des clés du succès pour la rétention du personnel. Les trois premiers mois sont importants. « Au-delà de la tâche, il y a une relation à bâtir. C’est une tendance de faire « un check in ». On prend la peine de demander : comment ça va ? et d’entreprendre une réflexion. Ton travail est-il toujours stimulant? Est-ce que je peux t’aider ? Il y a un côté « coaching ». On pense à prendre soin du personnel et ma foi, c’est une très bonne pratique. »
Même si l’entreprise a une mission d’affaires, il est important de s’occuper du nouveau collaborateur ou de la nouvelle collaboratrice et d’offrir le soutien nécessaire. « QDI a compris qu’il est gagnant à long terme de prendre le temps de bien choisir et intégrer ses employé.e.s », commente-t-elle.
Sentiment d’appartenance
Mme Charpentier trouve intéressante la place prépondérante accordée à la culture de « l’expérience-employé.e ».
« La culture de l’entreprise, dit-elle, c’est le liant dans une organisation. C’est ce qui va retenir un.e employé.e une fois qu’il ou elle aura le sentiment d’équité dans son salaire tout en étant stimulé.e par son travail. »
« Lorsque les besoins de base sont comblés, note-t-elle, la culture peut faire une réelle différence en créant un sentiment d’appartenance. Cela fait partie des besoins fondamentaux dans la théorie de motivation. Les gens sentent qu’ils font partie d’une équipe où l’on valorise la solidarité. »
Les témoignages d’une dizaine de collaborateurs et collaboratrices de QDI, enregistrés sur vidéo vont dans ce sens. Que ce soit Alain, Hicham, Patrick, Caroline, Adoulaye, tous et toutes ressentent un sentiment de valorisation et de reconnaissance envers les dirigeant.e.s. « Nos aspirations sont prises en compte dans la planification de l’entreprise et on essaie que chacun.e atteigne ses objectifs », dit Addoulaye Mbow qui travaille pour l’entreprise depuis 11 ans.
Donner un sens au travail
En cette période où le travail à distance est encore de mise, Joëlle Charpentier note que la plupart des gestionnaires manquent de temps pour véritablement connecter avec leurs équipes.
« Il y a une rapidité exigée dans toutes les organisations. On est constamment dans le livrable. Cela fait du bien de voir l’exemple de QDI qui s’assure de générer un sens au travail pour chacun.e, et ce, tout en se gardant une marge de manœuvre pour prendre soin de son monde. »
En processus de relève d’ici 10 ans, les dirigeants de QDI veulent laisser en héritage une compagnie rentable et une marque employeur avec des valeurs fortes. « On veut que nos gens aient du plaisir à venir travailler chez nous du matin au soir », conclut Daniel Dumont, d’un ton bienveillant.
En terminant notre entrevue, Joëlle Charpentier pose une question à haute voix aux dirigeants et gestionnaires : quelle est donc l’importance de vos valeurs dans votre entreprise comparativement à votre croissance et vos profits ? À réfléchir..