Le risque électrique : un danger à ne pas prendre à la légère

Consciente des dangers que cela représente dans plusieurs milieux de travail, la CNESST applique une politique de Tolérance Zéro pour tout manquement à la prévention des risques reliés à la sécurité électrique.
Les employeurs doivent donc mettre en place des mesures de prévention efficaces afin de protéger l’ensemble de leurs travailleurs et travailleuses.
Quelques notions de base sur l’électricité
Trois éléments caractérisent l’électricité :
- La tension (volt) : c’est la pression qui pousse le courant à circuler dans un circuit.
- La résistance (ohm) : elle mesure à quel point un matériau laisse passer ou bloque le courant.
- Le courant (ampère) : il s’agit de la quantité d’électricité qui circule
Lorsqu’une personne entre en contact avec un courant électrique, la gravité des conséquences dépend de la durée du contact, du trajet que le courant emprunte dans le corps, et de l’environnement.
Par exemple, une personne debout sur un plancher mouillé sera plus exposée qu’une autre debout sur un tapis de caoutchouc, car l’eau conduit mieux l’électricité que le caoutchouc.
Petit lexique utile
- Court-circuit : contact anormal entre deux points d’un circuit ayant des tensions différentes. C’est souvent un accident.
- Arc électrique : courant qui circule dans l’air entre deux conducteurs ou entre un conducteur et la terre.
- Électrisation : passage du courant à travers le corps, sans décès. Cela peut provoquer des engourdissements, des brûlures, des troubles cardiaques, et même des effets à long terme comme des pertes de mémoire ou des douleurs chroniques.
- Électrocution : électrisation mortelle.
- Décharge électrique : elle peut être directe (contact avec deux éléments sous tension ou avec la terre) ou indirecte (contact via un objet conducteur comme du métal).
- Lignes électriques :
- Moyenne tension (750 à 34 500 V) : en haut des poteaux de bois, les lignes sont non isolées.
- Basse tension (120 à 600 V) : sous les transformateurs, les lignes sont isolées.
- Câbles de télécommunication : plus bas sur les poteaux, sans danger.
Électricité et milieux de travail : place à la prévention
Les accidents électriques peuvent être graves, voire fatals.
La CNESST exige donc que les employeurs assurent un milieu de travail sécuritaire et mettent en place des procédures claires. Les travailleuses et travailleurs doivent appliquer ces mesures ou, si possible, effectuer leurs tâches hors tension.
Quelles sont les mesures de sécurité obligatoires?
Sur les chantiers de construction, les inspecteur.ice.s de la CNESST seront très rigoureux.
Lors de la construction ou de la rénovation d’une installation électrique, il est du devoir des maîtres d’œuvre de s’assurer que toutes les pièces accessibles sont mises hors tension (voir articles 2.20.14 et 2.20.2).
La CNESST leur demande également de mettre en place une méthode pour contrôler l’énergie électrique. À ce titre, le cadenassage est souvent priorisé. Ce dernier est la méthode la plus utilisée pour contrôler les énergies et pour protéger les travailleur.se.s.
Il s’agit d’installer un cadenas à clé unique qui peut être débarré seulement par une personne. Le cadenas doit être installé sur un dispositif d’isolement d’une source d’énergie. Cette méthode de protection efficace doit être mise en place par les employeurs, ce qui demande de connaître les procédures, d’acheter le matériel nécessaire et d’élaborer des formations pour les travailleur.se.s.
Il existe plusieurs autres mesures de sécurité pour les employeurs en matière d’électricité. Ceux-ci peuvent choisir d’en utiliser une ou plusieurs selon leur environnement. En voici quelques-unes :
- S’assurer que les composantes d’un circuit électrique de plus de 30 volts sont protégées (voir article 2.11.7) ;
- S’assurer que les rallonges non utilisées sont débranchées et rangées (voir article 2.11.6) ;
- S’assurer qu’une rallonge dont l’un des éléments est défectueux, brisé ou réparé n’est pas utilisée et est retirée du milieu de travail (voir article 2.11.6) ;
- Vérifier que les rallonges électriques utilisées possèdent ces caractéristiques : elles sont conçues pour l’extérieur, elles ont un conducteur pour la continuité des masses, elles ont une capacité au moins égale à la valeur du dispositif de protection contre les surintensités du circuit et elles sont de type très résistant pour un circuit de 300 volts ou moins, ou de type hyper résistant pour un circuit de 600 volts ou moins (voir article 2.11.3) ;
- Vérifier que les appareils ou les outils électriques comportent un lien à terre par continuité des masses ou encore une double isolation (voir article 2.11.2) ;
- S’assurer qu’un circuit de 15 ou de 20 ampères à 125 volts qui alimente un appareil ou un outil à cordon d’alimentation est protégé par un disjoncteur différentiel de classe A (DDFT) (voir article 2.11.9).
La politique de Tolérance zéro de la CNESST
Tout manquement aux règles de sécurité en lien avec la protection des travailleur.se.s et le contact avec l’électricité se conclura par l’arrêt des travaux et de possibles poursuites pénales pour les fautif.ve.s.
Afin d’éviter cette situation, les employeurs doivent, lors des travaux près d’une ligne électrique aérienne, appliquer l’une des mesures suivantes :
- Mettre la ligne électrique hors tension ;
- Respecter la convention écrite avec l’entreprise d’exploitation électrique (Hydro-Québec) sur les mesures de sécurité à prendre ;
- Que les personnes, les pièces, les équipements et les éléments de machinerie se trouvent en tout temps plus loin de la ligne que les distances minimales d’approche prévues au règlement (par exemple, à plus de trois mètres si la tension est inférieure à 125 KV). De plus, l’équipement roulant et déployable utilisé doit être muni d’un dispositif limitateur de portée permettant de respecter les distances prévues (voir article 331 et article 5.2.2) ;
- Lors des travaux sur les chantiers de construction, l’employeur doit aviser la CNESST de l’exécution de travaux près d’une ligne électrique. Pour ce faire, il doit remplir l’avis d’ouverture du chantier (voir article 2.4.1) ;
- En ce qui a trait aux travaux réalisés près des lignes électriques de basse tension, une isolation entre la ou le travailleur.se et les parties sous tension non isolées est exigée (voir article 5.2.1 pour les exceptions) ;
- Pour les travaux qui demandent de creuser (exemples : aqueduc), les employeurs doivent demander un repérage préalable par Info-Excavation (voir article 3.15.1) ;
- Puis, les distances à respecter lors des travaux près des lignes électriques sont les suivantes (voir article 5.2.1) :
Distance d’approche minimale(mètres) | Tension entre phases (KV) |
---|---|
3 m | 125 kv |
5 m | 125 à 250 kv |
8 m | 250 à 550 kv |
12 m | Plus de 550 kv |
En résumé : prévention et rigueur
Le travail à proximité de sources électriques est courant (sans jeu de mots !), mais les risques sont réels. Les employeurs ont la responsabilité d’évaluer et de contrôler ces dangers. Des outils comme le cadenassage, combinés à des procédures rigoureuses, peuvent sauver des vies.
La CNESST est intransigeante : en cas de non-respect des règles, la Tolérance Zéro s’applique. La prévention est et restera toujours la meilleure protection.
Exemple d’accident et liens utiles
- Pour consulter le Rapport d'enquête d'accident : accident ayant causé des brûlures à un électricien et deux contremaîtres
- Pour plus d’informations sur le travail sur des installations électriques
- Pour consulter la Fiche Tolérance 0
- Pour lire le Guide de prévention Travailler hors tension, une question de vie ou de mort!
- Pour feuilleter le Guide pour les travaux à proximité de lignes électriques (Hydro-Québec)
- Pour Loi sur la santé et la sécurité du travail, article 51.