Monoxyde de carbone: tolérance zéro dans les milieux de travail
Il est primordial pour les employeurs de se renseigner sur les caractéristiques du monoxyde de carbone, sur les équipements de travail pouvant en contenir et sur les mesures de prévention.
De plus, la CNESST a insérée dans sa planification pluriannuelle prévention-inspection de 2024-2027 le monoxyde de carbone comme tolérance zéro.
Qu’est-ce que le monoxyde de carbone?
Le CO fait partie des gaz asphyxiants ayant une densité semblable à celle de l’oxygène : 0.976 versus 1. Il est aussi non irritant, simple, sans saveur et sans goût.
Par conséquent, le monoxyde de carbone se mélange facilement et rapidement avec l’air sans que personne ne le remarque.
Le monoxyde de carbone dans le corps et ses conséquences
Lorsqu’une personne respire du CO, les voies respiratoires sont intoxiquées. Plus précisément, il s’insère brutalement dans les membranes alvéolo-capillaires et placentaires et force une compétition avec l’oxygène présent dans le corps.
De ce fait, la rencontre du monoxyde de carbone avec l’hémoglobine forme la carboxyhémoglobine (COHb). Ceci a pour conséquence de diminuer, voire d’empêcher le transport de l’oxygène présent dans les tissus. En ce sens, les cellules du corps humain manqueront drastiquement d’oxygène, entrainant une perte des activités vitales de plusieurs organes du corps humain comme les voies respiratoires.
À noter : l’hémoglobine est une protéine riche en fer qui a pour but de transporter l’oxygène dans le corps et d’éliminer le dioxyde de carbone.
Comment savoir si on a été en contact avec le monoxyde de carbone?
Afin de déterminer s’il y a présence ou non de CO dans le corps, une prise de sang doit être réalisée, que ce soit par les veines ou par les artères. Le résultat est un pourcentage du taux de carboxyhémoglobine par rapport à l’hémoglobine totale (mmol/L de sang).
La quantité de CO présente dans le sang est en lien avec plusieurs éléments, soit :
- La durée d’exposition au monoxyde de carbone;
- La concentration du monoxyde de carbone;
- L’état de santé général de la victime. Par exemple, une personne présentant des troubles cardiaques ou respiratoires sera plus à risque d’intoxication au CO;
- Le degré d’activité de la victime, car plus l’effort physique est important, plus la respiration s’accélère, ce qui augmente la quantité de CO respirée. À proprement parler, l’augmentation de la ventilation vient avec plus d’absorption pulmonaire.
Combien de temps le monoxyde de carbone reste-t-il dans l’air et dans le corps et comment le traiter ?
En fait, le CO est présent dans l’air ambiant de 3 à 5 heures.
Dans le but de traiter un.e patient.e intoxiqué.e au monoxyde de carbone, les médecins utiliseront l’oxygénothérapie normobare ou hyperbare. Il s’agit plus exactement de placer les patient.e.s sous oxygène.
Le gaz s’éliminera du corps humain après 80-90 minutes sous oxygénothérapie normobare, et après 23 minutes sous oxygénothérapie hyperbare. La première est administrée à l’aide d’un dispositif médical, tandis que la deuxième consiste à placer la personne dans une chambre d’oxygène pur.
Pour plus de détails
- Evolution des concentrations de carboxyhémoglobine dans le temps : Annexe I, page 27.
Quels sont les symptômes d’inhalation de CO ?
Selon la CNESST, les principaux symptômes sont :
- Des nausées
- Une sensation de sommeil (fatigue intense)
- Des vomissements, des maux de tête
- De la confusion
- Des étourdissements
- Un trouble de la vision
- Une perte de conscience
- Des convulsions
- Le décès
Ainsi, il est primordial d’informer les travailleur.se.s sur les risques, les symptômes de l’exposition au monoxyde de carbone et faire activement de la prévention afin d’éviter des intoxications dangereuses.
L’intoxication au monoxyde de carbone dans les milieux de travail
Il est obligatoire, dans tous les milieux de travail, de déclarer une intoxication au monoxyde de carbone (maladies à déclaration obligatoire MADO) à la santé publique. Le.la médecin traitant.e fera la déclaration et selon le résultat, une enquête épidémiologique peut être réalisée.
La CNESST demande aux employeurs d’être vigilants quant au CO. Par exemple, lors de panne de courant, plusieurs milieux de travail utilisent des appareils de chauffage présentant des risques d’exposition au monoxyde de carbone. De plus, il est possible, lors d’un manque d’électricité, que les détecteurs de monoxyde de carbone fassent défaut, ce qui peut mettre la vie des travailleur.se.s en péril.
Aussi, les petits espaces fermés et/ou mal ventilés sont les plus à risque. Plusieurs équipements sont également à surveiller, comme les chariots élévateurs, les génératrices, les scies, les chaufferettes d’appoint, les plaques vibrantes, les plaques de cuisson, etc.
À ce sujet, la CNESST recommande de toujours vérifier l’état de la ventilation et l’état général de l’équipement avant de l’utiliser.
À noter : les milieux de la construction sont particulièrement vulnérables lors des temps froids.
Les solutions à prioriser pour les employeurs
Plusieurs mesures peuvent être mises en place par les employeurs dans le but de diminuer l’exposition des travailleur.se.s au CO. En voici quelques-unes :
- Éviter d’utiliser plusieurs équipements en même temps;
- Acheter ou louer des appareils électriques;
- Bien ventiler les lieux de travail;
- Laisser les portes et les fenêtres ouvertes;
- Entretenir les moteurs à combustion de manière régulière;
- Placer les moteurs à l’extérieur;
- Mettre en place un détecteur de monoxyde de carbone;
- Former les travailleur.se.s sur l’utilisation des détecteurs et sur le protocole à utiliser lorsque les valeurs d’exposition admissibles sont dépassées;
- Informer les travailleur.se.s des risques et des moyens de prévention;
- Fournir aux travailleur.se.s un détecteur personnel de monoxyde de carbone avec un avertisseur sonore et visuel;
- Fournir au personnel un appareil de protection respiratoire.
Le monoxyde de carbone au niveau légal
Le règlement sur la santé et la sécurité du travail, plus précisément l’article 41 du RSST, exige que tout établissement dont l’exploitation est susceptible d’entraîner l’émission de gaz, de vapeurs, de poussières ou de brouillards dans les milieux de travail doit être exploité de manière à ce que la concentration de tout gaz n’excède pas les normes prévues au niveau de la zone respiratoire des travailleur.se.s.
En savoir plus
- Plus de détails sur l'intoxication au CO.
- Plus de détails sur la prévention à l’intoxication au monoxyde de carbone
Le monoxyde de carbone dans les résidences privées
Tout comme dans les milieux de travail, il est important de vérifier, d’inspecter et d’entretenir les appareils à combustion et au propane naturel dans les résidences privées, et ce, au minimum une fois par année.
Les appareils à combustion peuvent être : les foyers et poêles à bois, les fournaises, les cuisinières, les chauffe-eaux, les réfrigérateurs ou encore les sécheuses. Afin de bien inspecter lesdits appareils, les propriétaires doivent observer l’apparition potentielle de fissures, d’évents bouchés, de fuites, de raccords brisés, etc.
Également, il est impératif d’installer un détecteur de CO dans les maisons, car ceux-ci sont différents des détecteurs de fumée. Les détecteurs de monoxyde de carbone doivent être certifiés, ce qui garantit leur respect des normes et des exigences canadiennes. Les marques de certification se trouvent sur l’emballage du produit et sur le détecteur.
- Pour en savoir plus sur l'entretien et l'inspection des appareils.
Quoi retenir du risque que présente le monoxyde de carbone
En guise de conclusion, le monoxyde de carbone est un gaz difficile à détecter et mortel. Les milieux de travail sont souvent à risque d’intoxication au CO à cause des équipements, appareils et outils utilisés. Les détecteurs de monoxyde de carbone sont essentiels à avoir; au travail ou à la maison.
Les employeurs se doivent de protéger leurs travailleur.se.s à l’exposition au CO, notamment en inspectant régulièrement les lieux, en informant le personnel des risques et des symptômes et en fournissant de la protection comme des appareils respiratoires appropriés et efficaces.
Finalement, la CNESST met en garde les milieux de travail lors des temps froids puisque l’utilisation d’appareils chauffants entraîne un risque accru d’exposition au monoxyde de carbone et donc, d’intoxication.
Pour aller plus loin
Cas répertoriés – exemples d’intoxication au CO dans les milieux de travail
Malheureusement, plusieurs cas d’intoxication au monoxyde de carbone ont été rapportés au Québec. Voici quelques exemples répertoriés :
- Décès d'un travailleur de l'entreprise Bertrand
- Décès d'un travailleur de l'entreprise Groupe IMOG inc.
- Décès d'une travailleuse de Luv Shack
- Intoxications mortelles survenues à un travailleur et à un bénévole
- Conclusions de l'enquête de la CNESST - Décès par asphyxie d'un travailleur des Industries TLT, à Sainte-Monique : la conception des évents d'un séchoir à bois est en cause
- Intoxication mortelle d'un travailleur de l'entreprise Ferme M.R.J. Mercier inc.
- Trois décès d'intoxication au CO - Lacunes dans les connaissances sur les appareils de chauffage au propane