Développement des compétences et entrepreneuriat : une combinaison gagnante

06-03-2024
La récente vague de licenciements (Lion, Novatech, groupe TVA) deviennent parfois une occasion de développer ses compétences et même de se lancer en affaires.  
Rédigé par :
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Annie Bourque, Pratiques RH
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Programme s'Entreprendre de la Fondation Lise Watier

Voici deux exemples concrets de femmes qui ont réalisé leur rêve de devenir entrepreneure tout en développant leurs compétences grâce au soutien de la Fondation Lise Watier. L’organisme permet aux femmes d’aspirer à une indépendance financière en prenant conscience de leur potentiel.  

Prendre son envol avec le programme s’Entreprendre  

C’est le cas de Dominique Nadeau, une mère 6 enfants qui s’est consacrée à sa famille pendant 20 ans. « J’avais une formation comme technologue dans un laboratoire médical, raconte-t-elle, mais j’ai toujours été intéressée par l’entrepreneuriat.» 

En 2018, Dominique Nadeau caresse alors le projet d’ouvrir un café tisane dans les Laurentides et décide de s’inscrire au programme s’Entreprendre de la Fondation Lise Watier.  

Dès la première phase de la formation, elle apprend à se connaître et découvrir ses forces et faiblesses. « J’ai réalisé que mon projet de café tisane ne correspondait pas à mon objectif de vie personnelle. Je ne pouvais pas à la fois apporter du soutien à mes enfants, plus jeunes, et ouvrir une boutique ayant pignon sur rue », confie-t-elle. 

L’idée lui vient de fabriquer des tisanes artisanales qui se distinguent pour leur goût, leurs bienfaits et le design des emballages. Le hasard la met en contact avec Marie-Ève Turgeon qui rêve alors de devenir illustratrice. Ses images époustouflantes et colorées habillent les sachets de tisane aux multiples saveurs.  

L’influence de sa grand-mère dans son parcours  

La jeune femme a décidé de nommer son entreprise Les Fées sorcières en l’honneur de sa grand-mère, d’origine amérindienne, surnommée « La sorcière du village », qui lui a transmis sa passion pour l’herboristerie.  

Entretemps, Dominique approfondit ses connaissances à l’école l’Herbothèque et de manière autodidacte, se renseigne auprès de sommités dans ce domaine ainsi qu’au contact de gens des Premières Nations.  

Puis, en 2020, elle acquiert une ferme avec son conjoint dans les Laurentides. Au même moment, ses deux enfants, Louki-Solamn et Océane commencent à travailler au sein de la micro-entreprise. En moins de 5 ans, la jeune quadragénaire devient productrice agricole, entrepreneure et transformatrice de produits.   

L’acquisition et le développement de compétences : un gain inestimable  

Dominique Nadeau estime que la formation s’Entreprendre lui a permis de développer des compétences concrètes dont :  

  • Réaliser une étude de marché et un plan d’affaires  
  • Lire des statistiques et états financiers 
  • Évaluer la viabilité et rentabilité d'un projet  
  • Apprendre à planifier, structurer son projet et sa pensée  

« J’ai acquis des compétences en réseautage et appris à adapter mon plan d’affaires selon les circonstances », dit-elle. La formation lui a permis d'améliorer le contact avec les clients et à faire un redoutable « speech de vente » mettant en valeur son entreprise et ses produits.  

60 points de vente au Québec 

Aujourd’hui, ses tisanes sont distribuées dans 60 points de vente au Québec, au Nouveau-Brunswick et dans les festivals ou marchés de Noël.  

« Ses produits sont bien aimés », nous confie une gérante d’une boutique de produits naturels de la ville de Shawinigan. Fin décembre, l’auteure de ces lignes, atteinte alors d’une vilaine grippe, a goûté à la tisane de gitane. Un mélange savoureux de thé du labrador, de chaï, cannelle, clou de girole, anis étoilé et poivre de Jamaïque. Tout pour se remettre sur pied et de retrouver cette précieuse énergie.  

Entreprise inclusive reflétant ses valeurs 

Aujourd’hui, Dominique Nadeau est heureuse de voir les membres de sa famille s’épanouir dans leur travail respectif.  « Mon garçon Louki-Solmnh et ma fille Océane ont reçu des diagnostics d’autisme et de dysphasie. Un travail traditionnel n’était pas vraiment possible pour eux », confie-t-elle. 

Les membres de l’équipe participent à la culture, la récolte, la transformation des plantes et autres tâches connexes. Chacun assume des responsabilités. Dominique s’occupe des relations publiques et sa fille, Rosalie, de la comptabilité et des réseaux sociaux. La visite des marchés et des jardins revient à Louki-Solamh et enfin, Océane s’épanouit dans la cuisine de transformation.  

« Cela représente pour eux un cadre sécurisant et je constate qu’ils sont très bons dans leur domaine et ils se sentent valorisés », confie Dominique Nadeau, heureuse d’être à la tête d’une entreprise à son image.  

Le saviez-vous ?

Au Canada, selon le dernier recensement, 645 000 personnes en situation de handicap, âgées de 25 à 64 ans, aptes à travailler, étaient sans emploi. Un potentiel de ressources humaines qui représente 4 % du PIB !  

À lire : Comment devenir un employeur inclusif par l’embauche de personnes en situation d’handicap

Du soutien à long terme pour mieux surmonter les obstacles  

Depuis son démarrage en 2019, Les Fées sorcières connait des hauts et des bas. Toutefois, Mme Nadeau a la chance de compter sur l'appui indéfectible de la Fondation Lise Watier.  

Régulièrement, elle suit des formations offertes par l’organisme : création d’une infolettre, gestion des réseaux sociaux. Dans les moments cruciaux, Dominique est en mesure de consulter une coach, référée par la fondation, qui lui demande peu avant la pandémie: « As-tu pensé à vendre tes produits sur le Web? » Aujourd’hui, son entreprise réalise 19 % de ses ventes en ligne.  

« En période plus difficile, confie-t-elle, j’ose chercher de l’aide. Cela me donne confiance et je sens la Fondation derrière moi. » 

De l’entraide entre les participantes  

En 15 ans, la Fondation Lise Watier a aidé environ 950 femmes à se mettre en action dans un projet professionnel afin de prendre le chemin de l’indépendance financière. Spontanément, ces dernières restent en contact et s’échangent de précieuses références professionnelles. 

Les participantes sont unies par la vision d’une femme, Lise Watier, qui les inspire. « Elle est partie de rien et n’a jamais eu peur de foncer », ajoute Dominique Nadeau. 

« Quel bel exemple d’une personne qui a bâti un empire à l’époque où les femmes entrepreneures n’étaient même pas valorisées. Je l’ai rencontrée en personne et c’est une perle », conclut Dominique Nadeau qui créé déjà de nouveaux produits dont une limonade en sachet, expressément pour les amateurs de camping.  

Contenu supplémentaire

Qui est Lise Watier ?  

Icône du monde entrepreneurial québécois née en 1943 à Hochelega-Maisonneuve à Montréal. Elle grandit au-dessus d’un dépanneur.  

1968 Après une brève carrière d’animatrice à la télévision, elle fonde  l’Institut de beauté et de charme Lise Watier qui propose des trucs de maquillage, certes, mais aussi des conseils afin de rehausser l’estime de soi des femmes.  

1972 Lancement de la compagnie de cosmétiques Lise Watier.  Un succès mondial. Ses produits de maquillage sont vendus en France, en Espagne et même en Arabie Saoudite.  

2010 La renommée de l’entrepreneure est récompensée par une salve de prix.                                  

Aider les femmes à atteindre une indépendance financière  

Après la vente de son entreprise, en 2009, Lise Watier décide de créer avec sa fille Marie-Lise Andrade, une fondation dont la mission est « de soutenir et d’encourager l’épanouissement économique et l’indépendance financière des femmes d’ici en leur fournissant les moyens de réaliser leur potentiel. » 

Par le truchement d’un retour aux études postsecondaires, le lancement d’une entreprise ou le développement de leurs compétences, les femmes peuvent ainsi être autonomes financièrement et réaliser leur rêve professionnel.  

En 2017, l’organisme créé le programme s’Entreprendre qui permet aux femmes d’amorcer un nouveau départ lors d’une démarche innovante et gratuite. Certaines entreprennent des études ou se lancent en entrepreneuriat. La formation, en majorité en présentiel, permet à d’autres de s’épanouir dans un emploi plus valorisant.  

« À la fin de leur parcours, les femmes reçoivent un certificat de l’Université Concordia qui met en valeur ce qu’elles ont appris », explique la co-fondatrice Marie-Lise Andrade qui voit plusieurs d’entre elles atteindre l’épanouissement personnel. 

Leur bonheur est contagieux. Ainsi, une jeune maman monoparentale a dansé dans son salon en apprenant que la Fondation Lise Watier allait défrayer ses études en physiothérapie. « Jamais, je n’aurais été capable d’entreprendre de telles études, précise-t-elle à Marie-Lise Andrade. Il aurait fallu que je travaille pour subvenir aux besoins de mes enfants. » 

L’impact de leur réussite est palpable auprès de leur entourage. En prenant leur vie en main, les femmes deviennent de beaux exemples de détermination pour leurs enfants, leurs sœurs, leurs amies.  


La Fondation Lise Watier en chiffres  

1000 femmes formées et accompagnées par le programme s’Entreprendre depuis 2017. Elles sont confiantes en leurs capacités et en leur avenir professionnel.

155 entreprises lancées en 6 ans. 

669 000 $ versés à 54 femmes en aide financière aux études. 

99 % des participantes recommanderaient le programme.  

98 % des femmes affirment que le programme a eu un impact positif sur leur vie.


Se lancer en affaires à 58 ans !   

Mars 2020. Élise Fortin vient de perdre son emploi comme organisatrice d’événements dans le secteur touristique. Entretemps, cette bachelière en récréologie se réinvente en œuvrant dans une résidence de personnes âgées.  

Elle constate alors la souffrance morale de nos aînés, privés de contacts humains pendant la pandémie. Cette expérience humaine l’a bouleversée au point de vouloir les aider à demeurer à domicile le plus longtemps possible. Elle rêve d’offrir des services personnalisés de compagnie, d’accompagnement et de récréologie sur mesure.  

Si Élise Fortin possède le « Savoir être » et le « Savoir faire » auprès de cette clientèle, elle ne sait toutefois pas comment se lancer en affaires.   

- « À 58 ans, à mon âge ? » s’interroge-t-elle. En mars 2021, elle découvre le Programme s’Entreprendre de la Fondation Lise Watier alors qu’il ne reste qu’une seule place au sein de la cohorte de 12 participantes. Son enthousiasme est contagieux.  

« Je dois tellement à la Fondation qui m’a permis de me faire confiance et de monter un plan d’affaires solide, entourée d’une coach en entrepreneuriat et d’un groupe de femmes motivées qui carburent à vouloir aider les autres.  En groupe, on se nourrit de l’énergie des autres », raconte-t-elle 

Des notions essentielles

Avec le concours de la Fondation Lise Watier, Élise Fortin est fière d’avoir acquis de nouvelles notions dont :  

  • Rédaction d’un plan d’affaires 
  • Comptabilité
  • Gestion de temps
  • Publicité/marketing 

Quelques mois plus tard, elle concrétise la mission de Chère Élise, une entreprise qui brise l’isolement des ainé.e.s, favorise le maintien à domicile et améliore la qualité de vie.  

Deux ans plus tard, son service de compagnie, d’accompagnement et de récréologie destiné à la clientèle des 65 ans et plus sur le territoire de la Ville de Québec est en plein essor. Cela s’explique par le nombre et les besoins, toujours croissants.  

Débordante d’énergie, Mme Fortin accompagne ses client.e.s à leur rendez-vous médical, à l’épicerie ou au magasin. Parfois, elle les divertit par des jeux, bricolages, artisanats, une promenade dans un boisé avoisinant ou une balade en voiture. Des activités sur mesure qui correspondent à leurs intérêts. 

« Le gouvernement donne des crédits d’impôt pour pelleter la cour des aînés, ramasser des feuilles, donner un bain à la maison, par exemple, mais il n’y en a aucun pour des services sur mesure ou pour briser l’isolement et garder le moral », déplore la PDG de Chère Élise.  

Si nos aîné.e.s vont bien, ils vont sans doute prendre moins de pilules et n’effectueront pas de visites dans les hôpitaux. 

Aujourd’hui, Élise compte sur 5 collaborateur.trices qui redonnent le sourire à nos aîné.e.s tout en leur fournissant des services. « Nous faisons la différence dans la vie de quelqu’un. Il n’y a aucun emploi qui donne un tel sentiment », ajoute-t-elle. 

Une clientèle prise en considération  

Son équipe divertit aussi les gens atteints d’Alzheimer et autres maladies dégénératives. L’automne dernier, Élise a emmené un monsieur, passionné de moto qui a retrouvé la griserie de la vitesse en réalisant un tour de Side car.  

À une autre occasion, Élise a accompagné une ancienne musicienne à un concert. Du coup, elle a aperçu cette étincelle dans leur regard respectif. « En faisant des activités qui rejoignent leurs intérêts, les gens sont stimulés et vivent des moments précieux qui font du bien », croit-elle. Exit la torpeur, la tristesse, l'amertume et place à la joie.  

Aller toujours plus loin et toujours plus haut  

Élise Fortin est aussi inspirée par Lise Watier. « Mon entreprise évolue avec les besoins des aîné.e.s. Je suis en train de suivre une formation avec les casques de réalité virtuelle. Je souhaite continuer de les faire rêver et voyager à partir de chez eux », renchérit-elle.  

« Au départ, confie-t-elle humblement, je doutais de mon projet et la Fondation m’a aidée à me faire confiance et à oser. Aujourd’hui, c’est devenu ma mission de vie et j’ai la certitude que grâce à Chère Élise, je laisse une trace, une empreinte derrière moi », conclut la dynamo.