À la rentrée, comment surmonter le blues des vacances ?
Détenteur d’un doctorat en psychologie du travail, Nicolas Chevrier aide les entrepreneur.e.s et professionnel.le.s depuis une vingtaine d’années. Il nous éclaire sur la question.
« Quand les vacances se terminent, explique-t-il, il y a souvent un petit deuil à faire. »
« Le mot deuil est peut-être un peu fort, nuance-t-il. Souvent, on a vécu des moments agréables en famille, avec des amis au chalet, en camping, sur une terrasse ici ou en Europe. »
Ce sentiment coïncide avec une belle période qui se termine et le retour au boulot. Cela entraine une gamme d’émotions. « Le blues des vacances, précise M. Chevrier, ce n’est pas une dépression et on n’est pas triste non plus. C’est plutôt une gestion dysfonctionnelle d’une émotion parfaitement adaptée, la nostalgie. »
Cependant, une certitude demeure : on était si bien en vacances…
Car, durant cette période, chacun.e a fait des choses plaisantes. En toute liberté. Cependant, la reprise du travail signifie le recommencement de contraintes, de contrôle d’horaire et de livraisons pour certaines personnes.
Bienveillance à l’égard de soi-même
Durant la première semaine, le psychologue Nicolas Chevrier suggère d’être bienveillant.e envers soi-même. « Pendant quelques jours, c’est normal d'être moins discipliné. Et c’est bien correct », commente-t-il.
De plus, on réalise qu’il est impossible de répondre en une seule journée à la tonne de courriels acheminés dans sa boîte.
Cela prend une période d’adaptation. « En réalité, on s’adapte avec une certaine souplesse face à ses propres attentes et à la performance qu’on est capable de faire », ajoute M. Chevrier.
Prolonger le bien-être ressenti en vacances
Durant cette période d’adaptation qui dure de 1 à 2 semaines, le fondateur de la firme Sequoia suggère de recourir à la stratégie du « Flavouring ». Un terme anglais qui signifie « savourer » ou autrement dit, prolonger les bienfaits des émotions positives et du bien-être ressentis durant les récentes vacances.
Il y a plusieurs façons d’y parvenir outre que de regarder les photos sur notre téléphone. Durant la fin de semaine, par exemple, M. Chevrier suggère de partager un repas avec des ami.e.s et de leur faire découvrir un apéro ou des mets liés à notre récent voyage.
Sinon, les vacances représentent un moment pour découvrir le camping, le kayak ou encore la randonnée pédestre au bord d’une chute. À son retour, on prend du temps pour pratiquer de nouveau l’une ou l’autre de ces activités qui nous a tant fait plaisir.
Conseils pour bien amorcer la rentrée :
- Éviter de prendre une surcharge de travail
- Être patient.e avec soi-même et se laisser le temps de reprendre le rythme d’avant
- Reprendre de bonnes habitudes de sommeil, d’alimentation et d’exercices physiques
4 pistes de solution pour retrouver la motivation
- Les expert.e.s suggèrent de tenir compte de ses intérêts, valeurs et aptitudes. Cela s’appelle la motivation extrinsèque au travail qui signifie par exemple de suivre un cours de peinture, zumba ou de danse. Le but est de privilégier une activité extérieure au travail procurant un sentiment de satisfaction.
- L’auteur et conférencier Jacques Forest explique dans son livre que la motivation est intimement liée à l’affiliation sociale en entreprise. Des collègues aiment le jogging ou d’autres la lecture ? De telles activités peuvent être pratiquées à l’heure du lunch. De plus, on peut aussi tisser des liens en apprenant une langue avec un collègue qui parle espagnol, anglais ou russe.
- La motivation au travail passe aussi par un sentiment d’épanouissement et la réalisation de ses tâches et de ses objectifs. Plusieurs applications peuvent aider les employé.e.s et gestionnaires à mieux s’organiser et gérer son temps.
- Enfin, on décore son bureau à la maison avec l’ajout d’une plante ou apposant une nouvelle couleur de peinture sur les murs. Bref, tout pour ressentir le sentiment d’un nouveau départ.
Éteindre et rendre inaccessible son téléphone
De son côté, le conférencier et auteur du livre Être à son meilleur Benoit Chalifoux recommande de terminer toutes nos tâches avant de partir en vacances. De cette façon, la personne aura l’esprit libéré de toute préoccupation. Cela représente un bon moyen de parvenir à un véritable repos.
Mais au retour, comment retrouver son énergie ? M. Chalifoux conseille d’éteindre son téléphone durant ses vacances de même que le soir et les fins de semaine.
Cet appareil intelligent, selon lui, est une source de stress qui maintient les gens sous le joug d’une dépendance presque vorace. La tête rivée sur la dernière nouvelle du jour, on oublie de vivre le moment présent.
Retrouver sa raison d’être
Enfin, M. Chalifoux suggère de retrouver aussi les bonnes habitudes incluant le sommeil, une saine alimentation et l’exercice physique.
Puis, il propose de prendre le temps de réfléchir à ces questions :
- Pourquoi j’occupe cet emploi ?
- Quelle est ma raison d’être ?
- Qu’est-ce qui m’anime au juste ?
Dans certains milieux, il est normal, selon lui d’en oublier sa raison d’être tellement le personnel est aux prises avec les enjeux de pénurie de main-d’œuvre.
« Une fois qu’on répond à la question, on ajoute la rigueur et l’autodiscipline dans sa vie personnelle et professionnelle dont le sport et une saine alimentation. Cela devient une constante. Bref, la constance et la raison d’être, c’est un peu notre flamme qui va faire prendre le feu », ajoute-t-il.
M. Chalifoux est conscient que certaines personnes n’éprouvent pas la même passion envers leur travail. « Je comprends parfaitement qu’il y a aussi les enfants ou pour d’autres, c’est le vélo. »
Sentiment de lassitude et fatigue
Récemment rencontrée dans le métro, une jeune femme dans la trentaine partage avec nous cette confidence. « Depuis que je suis revenue de vacances, je me sens souvent fatiguée. Si je sors un soir avec des amies, le lendemain, je me sens en pleine forme. À l’inverse, si je me mène une vie de nonne en me couchant tôt, je me réveille fatiguée. Est-ce normal ? »
Le psychologue Nicolas Chevrier estime que cette situation est courante. « Les ami.e.s sont fort efficaces pour se changer les idées et ne pas penser au travail », explique-t-il.
Les amitiés ou le plaisir d’assister à un spectacle, à une pièce de théâtre ou une partie de soccer nous procure aussi cette sensation de regain et d’énergie nouvelle.
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Retrouver le plaisir et l’entrain au travail
De son côté, la coach spécialisée en programmation neuro linguistique, Fallone Jean mentionne que parfois aussi le niveau d’énergie baisse à l’instar du mercure à l’extérieur. En l’occurrence, il faut éviter d’imiter la cigale.
« J’entends parfois quelqu’un dire: aujourd’hui, je n’ai pas d’énergie et je vais rien faire. Je recommande plutôt cette phrase : je donne mon 100 % et je fais de mon mieux. »
- Fallone Jean, coach qui œuvre auprès des gens d'affaires.
Comment retrouver le plaisir et l’entrain au sein d’une équipe ? Au retour de vacances, l’important, dit-elle, c’est de créer une synergie contagieuse. Cela peut commencer par complimenter les membres de son personnel, sourire spontanément à un.e collègue ou même offrir son aide si quelqu’un est débordé.
Exit les idées négatives
Il est primordial, selon elle, d’évacuer les pensées négatives. Certain.e.s commencent leur journée en déplorant à haute voix : « je m’en vais une heure dans le trafic et en plus, je n’ai même pas de stationnement. »
Au bureau, en ouvrant sa boîte de courriels, la même personne soupire en son for intérieur. «Je suis fatigué.e, tanné.e. »
« En répétant ces mots-là, croit Mme Jean, cela crée d’autres maux, soit mal de tête, problème de dos, douleurs cervicales (causées par le stress). »
La coach conseille d’éviter ces paroles: « J’en arrache. C’est difficile. Je n’y arriverai jamais. J’ai trop de travail. »
Pause bénéfique ensemble
Comment alors surmonter ce sentiment de déprime passagère liée à notre retour au bureau? « On prend tout simplement un temps d’arrêt en invitant un.e ou des collègues à manger un cornet de crème glacée ou à siroter un café », suggère Mme Jean.
Pendant 15 minutes, les membres de l’équipe se défoulent en racontant les moments forts de ses vacances. « L’important, c’est de se motiver en gang et puis après, on retourne travailler », ajoute-t-elle.
À l’heure du lunch, on détend l’atmosphère en allant prendre une simple marche à l’extérieur ou par un massage sur chaise ou en prenant un cours de danse de salsa, tango, etc.
Exit la culpabilisation concernant la passion du travail
De son côté, le psychologue organisationnel Nicolas Chevrier estime normal que les gestionnaires, dirigeant.e.s ou employé.e.s, à un certain moment de leur carrière, n’éprouvent pas tous le même niveau d’engagement. « Certains vont se culpabiliser parce qu’ils ne sentent pas aussi passionnés que d’autres », observe-t-il.
« Plusieurs ressentent un certain niveau d’engagement au travail moins élevé. Cela signifie qu’on se permet de développer d’autres aspects de notre vie, de notre personnalité. Et c’est très correct. »
La passion pour sa carrière évolue aussi selon différents degrés. « Je pense qu’on en a déjà bien assez sur les épaules avec le travail. Il ne faut pas se mettre en plus cette attente-là», conclut M. Chevrier.
Puis au fil du temps, on retrouve sa vieille amie, la motivation, car on a pris la peine de développer de nouveaux champs d’intérêts ou encore de nouvelles relations avec des ami.e.s ou collègues. Des ingrédients essentiels qui contribuent aussi à notre harmonie et créativité. Bonne rentrée!