Roulez vers le vert : dynamiser l'usage du transport actif en entreprise

02-06-2023
Le soleil brille et le Québec profite de l'extérieur ! Il est temps de laisser la voiture de côté et d'opter pour un vélo, des chaussures de marche ou même une trottinette. En tant qu'employeur, comment encourager ces modes de transport actifs et écologiques ?
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Victoire Bejjani, Pratiques RH
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Transport actif

Allier exercice et trajet vers le travail est une solution gagnante. Non seulement c'est bon pour la santé, mais c'est aussi un geste éco-responsable ! En cette Journée Internationale de l'Environnement, et en écho à la Journée Internationale du Vélo qui a été célébrée il y a quelques jours, Pratiques RH, s'engage à contribuer à cette initiative collective. 


En 2021, 11% des Québécois ont déjà adopté des modes de transport actifs.  


Dans ce contexte, de plus en plus d'entreprises embrassent le potentiel extraordinaire du transport actif pour transformer leur fonctionnement, leur culture d'entreprise et leur impact environnemental. Ces entreprises pionnières ne se contentent pas de tolérer le transport actif, elles le promeuvent activement et créent un environnement de travail encourageant son adoption. 

Quête d'inspiration en cours ? À la fin de cette lecture, employeurs, responsables des ressources humaines (RH) et gestionnaires pourraient se sentir mobilisés par l'importance de promouvoir le transport actif au sein de l'entreprise. Une aventure trépidante est en vue. L'avenir plus durable n'est qu'à quelques coups de pédale.  

La mobilité durable au Québec : une vision d'avenir 

La mobilité durable est plus qu'un simple moyen de se déplacer d'un point A à un point B. Elle implique d'intégrer le respect de l'environnement, l'efficacité et la sécurité dans nos habitudes de déplacement. Alors, comment les entreprises québécoises peuvent-elles relever ces défis ? 

Au cœur de cette réflexion se trouve la Politique de Mobilité Durable (PMD) du Québec. Selon le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports, cette politique vise à envisager un futur - 2030 pour être précis - où le Québec serait un leader de la mobilité durable et intégrée du 21e siècle.   


L'objectif est ambitieux : faire en sorte que 70% de la population québécoise ait accès à au moins quatre services de mobilité durable et réduire de 20% le temps de déplacement moyen entre le domicile et le travail.


Une des clés de cette politique est de fournir plus d'options de déplacement, que ce soit par le biais du transport collectif, de l'auto et du vélopartage, de la marche, du taxi ou des services de traversier. Ainsi, la possession d'une voiture devient moins nécessaire grâce à l'émergence de nouveaux services de mobilité. 

BIXI et Route Verte : le Québec à vélo 

La politique de mobilité durable accorde une place prépondérante au vélo en créant des espaces urbains favorables à ce mode de transport, répondant ainsi aux besoins spécifiques des cyclistes. 

« Le Québec cyclable de demain » est incarné par la Route Verte, une initiative audacieuse de Vélo Québec vieille de plus de 25 ans. Ce projet dynamique et évolutif constitue le plus vaste réseau cyclable en Amérique du Nord, s'étendant sur plus de 5300 km. Louis Lalonde, chargé de projet chez Vélo Québec, exprime avec enthousiasme leur engagement pluridimensionnel : « Notre mission ? Encourager et soutenir le développement de la mobilité active à travers tout le Québec. » 

Un autre acteur majeur de la mobilité active est BIXI. En 2022, près d'un demi-million de cyclistes ont utilisé les vélos en libre-service de BIXI pour explorer la région métropolitaine de Montréal, effectuant près de 9 millions de trajets. L'initiative BIXI pour les entreprises offre une solution unique pour promouvoir un mode de vie actif et durable dans le milieu professionnel. Sur LinkedIn, ils suggèrent : « C'est la Journée nationale du sport et de l'activité physique, mais aussi le début du mois du vélo! Opterez-vous pour le transport actif en empruntant un BIXI pour rentrer du travail aujourd'hui?»  

Contenu supplémentaire

Ces initiatives témoignent de l'engagement du Québec en faveur de la mobilité active et durable, offrant des opportunités pour les citoyens et les entreprises de s'engager dans un mode de vie plus sain et respectueux de l'environnement. 

Cependant, il y a un hic. Ces services, quoique précieux, sont souvent orientés vers le cyclotourisme ou cantonnés à Montréal. Le vrai défi est donc de donner vie à des initiatives innovantes qui encouragent la mobilité active dans les entreprises. Comment pousser les employé.e.s à adopter un mode de vie sain tout en respectant l'environnement ? La question est lancée, et l'aventure ne fait que commencer. 

Entreprises québécoises : championnes de la mobilité éco-friendly 

Bien que l'infrastructure, les services et la météo laissent parfois à désirer, un bon nombre d'entreprises québécoises ont fait preuve d'audace en organisant des événements spéciaux centrés sur la marche ou le vélo. Elles ont innové avec des incitatifs financiers et une pléthore d'activités, visant à propulser un mode de transport actif et sain sur le devant de la scène ! 

Au cours d'une conversation avec Véronique Corbeil, responsable des ressources humaines chez Coractive - une entreprise de taille modeste mais non moins dynamique avec ses 55 employé.e.s - elle précise : « Nous déployons une gamme diversifiée de petits programmes afin de toucher un maximum de personnes. Par exemple, le programme vélo cible les employé.e.s résidant à proximité de Coractive. Nous proposons une allocation de 5$ par jour à ceux qui choisissent le vélo pour se rendre au travail, ajoutant à cela un crédit de 15 minutes pour permettre une transition sereine entre le vélo et le travail. Pour ceux qui ont adopté le véhicule électrique, nous mettons à disposition une borne de recharge gratuite. » 

Et ce n'est pas tout ! Passionnée par le bien-être physique de son personnel, Coractive offre un remboursement partiel des frais d'inscription à une activité sportive, jusqu'à 75$ par an. Que ce soit un forfait de ski, un abonnement à un gym, des cours de yoga ou un pass de randonnée, tout est envisageable. Pour profiter de cette opportunité, l'employé.e n'a qu'à soumettre un rapport de dépenses. 

Elle poursuit avec une pointe de regret : « Nous avions un comité vélo, mais la pandémie, l'instauration du télétravail et certains départs ont mené à sa dissolution. Aujourd'hui, nous faisons confiance à notre équipe, sans système de surveillance pour vérifier s'ils viennent réellement au travail à vélo. Ils indiquent simplement le nombre de jours de vélo sur leur feuille de temps. » 

Outdoor Gear Canada (OGC) n'est pas en reste et propose une série d'avantages attrayants. Lors d'un échange avec Sylvie Robitaille, Assistante Contrôleur chez OGC, un programme intéressant se révèle : « Une indemnité mensuelle de 25$ est proposée aux membres de l'équipe qui font le choix du vélo pour se rendre au travail au moins 70% du temps. Ce programme repose sur la confiance. Pour ceux qui ne peuvent pas opter pour le vélo, un dédommagement pour les déplacements en transport en commun est également envisagé sur présentation d'un ticket. » 

Après leur déménagement, OGC n'a pas ménagé ses efforts pour favoriser l'adoption d'un mode de transport actif. Douches pour hommes et femmes, espaces de rangement dans l'entrepôt et places de stationnement pour les vélos ont été soigneusement aménagés dans leurs nouveaux locaux. Une véritable incitation à pédaler pour se rendre au travail.

La « véloconomie » 

  • 7,2 millions de vélo au Québec 
  • 10% de plus de vélo que de voitures au Québec  
  • +20 % de vélos au Québec depuis 2010   

Impressionnant n’est-ce pas ? 

Parallèlement, lors d'un webinaire, l'entreprise PCI Automatisation Industrielle dévoile son parcours audacieux pour favoriser la pratique du vélo et encourager l'adoption d'habitudes de déplacement durable au sein de son équipe. Grâce à ses efforts soutenus, PCI a reçu une mention honorable en 2020, suivie d'une certification Vélosympathique de niveau argent en 2022.

Quant à M. Lalonde, il nous fait découvrir comment une entreprise certifiée Vélosympathique transforme les kilomètres parcourus à vélo par ses collaborateurs.trices en contributions philanthropiques pour des fondations choisies.

« Quelle belle manière de conjuguer engagement social et responsabilité environnementale! » 

Le mouvement Vélosympathique ne se contente pas d'encourager l'usage du vélo. Grâce à une banque de ressources en ligne détaillée, l'organisation offre des conseils allant des incitatifs financiers jusqu'aux meilleures pratiques pour instaurer un environnement de travail cycliste-amical. Une véritable mine d'or pour ceux qui souhaitent en savoir plus !  

Pour aider les petites et moyennes entreprises à surmonter les obstacles financiers à la promotion du cyclisme, Vélosympathique propose des outils et services personnalisés. Louis Lalonde dévoile : « Nous organisons des conférences partout au Québec, ainsi que des ateliers de réparation mécanique. Nous accompagnons aussi les entreprises pour améliorer leur infrastructure cycliste, comme les stationnements à vélo, douches et casiers. » 

Mais il ne s'arrête pas là. Vélosympathique aide aussi les entreprises à instaurer des programmes d'éducation pour le cyclisme, permettant aux employé.e.s de prendre le guidon en toute confiance. « Tout le monde n'est pas à l'aise à vélo en milieu urbain. Nous devons soutenir ces individus et les employeurs peuvent jouer un rôle clé dans cette démarche », affirme M. Lalonde. 

Boostez la mobilité active de votre entreprise avec ces subventions québécoises  

Bien que le Programme d’Aide Financière aux Entreprises en Matière d’Activités Physiques (PAFEMAP) soit terminé depuis le 15 mai 2022, il a joué un rôle crucial en favorisant la mise en place d'initiatives visant à promouvoir l'activité physique au sein des PME québécoises. Les dirigeants des PME, les regroupements d'entreprises et les consortiums inscrits au Registraire des entreprises du Québec qui employaient entre 5 et 499 personnes pouvaient bénéficier de ce programme. 

Celui-ci finançait trois types de projets : l'aménagement d'installations sportives, l'achat de matériel et d'équipement sportif, ainsi que l'organisation et la promotion d'activités physiques. Les bénéficiaires pouvaient recevoir jusqu'à 40 000 $ au total pour l'ensemble de ces trois volets, à condition de contribuer à hauteur de 20% du total des dépenses admissibles. 

Toutefois, il est important de noter qu'il existe d'autres programmes de soutien. Par exemple, le Programme d’Aide aux Nouvelles Mobilités (NOMO) tire profit de l'évolution des technologies numériques pour favoriser des services de mobilité plus durables et connectés. Selon Louis Lalonde de Vélosympathique, « NOMO offre notamment un financement partiel pour l'élaboration d'un plan de gestion des déplacements en entreprise. C'est un processus structurant pour la mobilité des employeurs ». Le programme NOMO se terminera lorsque l'enveloppe budgétaire sera épuisée, ou au plus tard le 31 mars 2025. 

Vélo, marche et plus encore : Vers un management responsable 

Selon M. Lalonde, « Des entreprises certifiées existent partout, mais, sans surprise, une concentration d'entreprises se situe sur l'île de Montréal en raison de son intense activité. » Plusieurs conditions contribuent à cette situation, y compris le contexte spécifique à l'entreprise et son emplacement. 

Il note : « En plus du contexte propre à l'entreprise, il y a d'autres facteurs facilitant la démarche. Les conditions environnantes jouent un rôle crucial. » 

« En fait, ajoute-t-il, même à Montréal, certaines zones ne sont pas propices à l'utilisation du vélo. L'engagement des employeurs varie souvent selon les circonstances. » Il mentionne que, par exemple, dans les régions de la Montérégie, plusieurs organisations ont postulé pour la certification, démontrant ainsi leur préoccupation pour la mobilité. 

Le programme se distingue par sa flexibilité. Il évalue la capacité d'action de chaque entreprise, ne s'attendant pas à ce que toutes soient capables de mettre en œuvre les mêmes mesures. 

Il poursuit : « De nombreuses entreprises à Québec ont déployé des efforts considérables, parfois même en périphérie, dans les 'Technoparcs' ou les zones industrielles. Mais au final, l'élément clé est l'engagement de l'employeur envers la mobilité durable, favorisant les modes de transport collectifs et actifs. » 

De plus en plus d'employeurs, même dans des villes de taille intermédiaire, prennent conscience de cet enjeu et se mobilisent. Il y a une dynamique positive autour du transport actif en ce moment. 

Louis met l'accent sur l'aspect le plus intrigant du discours des entreprises qui adoptent ces mesures : leur impact sur l'attractivité et la rétention des talents. Loin d'être une dépense, la promotion de la mobilité active et des valeurs environnementales est perçue comme un investissement stratégique dans la culture d'entreprise et l'alignement avec les valeurs des employé.e.s. 

« C'est bien plus que de simplement avoir une table de ping-pong ou un baby-foot dans la salle des employé.e.s, » souligne M. Lalonde. « Il s'agit de faciliter la mobilité, de montrer un engagement envers l'environnement et de démontrer un management responsable. » 

Moteur d'attractivité et de rétention des talents dans l'entreprise. 

  1. Attractivité: Les initiatives éco-responsables séduisent les talents partageant ces valeurs.  
  2. Rétention: Aligner les valeurs de l'entreprise avec celles de l'équipe favorise leur fidélité. 
  3. Investissement: La mobilité active et l'éco-responsabilité sont des investissements, pas des dépenses.  
  4. Management responsable: Ces actions témoignent d'une préoccupation pour le bien-être des employé.e.s et l'environnement. 

« Viser plus qu'une alternative de mobilité, c'est embrasser l'équité, valoriser le piéton et affirmer la mobilité comme droit fondamental. Minimisons les frictions par des infrastructures adéquates. Car, au-delà du vélo, c'est l'univers de la mobilité, la sécurité de chacun et l'égalité des déplacements qui sont en jeu. Divers besoins, diverses destinations, diverses solutions, » souligne Louis Lalonde. 

Il est temps de marquer une pause, d'admirer la nature qui se déploie tout autour, de réfléchir aux moyens de sa sauvegarde. Qui sait, l'envie d'un petit tour à vélo pourrait germer. Après tout, chaque petit geste, si minime soit-il, compte pour un futur plus vert et plus équitable ! C'est donc en pédalant vers cet idéal que l'horizon se fait de plus en plus proche.