Employabilité autochtone ou comment briser les biais inconscients
Crédit photo : Conseil des ressources humaines de l'industrie minière
C’est le message qui ressort du lancement de 5 capsules vidéo, réalisées à la suite du Forum régional Premières Nations et Inuits en Abitibi-Témiscamingue. L’événement avait comme objectif de sensibiliser les entreprises à l’importance de la disponibilité et l’intégration de cette main-d’œuvre ainsi que l’établissement de relations professionnelles durables avec eux.
« La diffusion de ces histoires à succès d’employeur.es-employé.es a été possible grâce à l’ouverture des entreprises et au travail inlassable de nos centres de services en emplois », mentionne Wanda Lafontaine, représentante en employabilité à la Commission de développement des ressources humaines des Premières Nations du Québec (CDRHPNQ). L’organisme, présent depuis 20 ans dans 27 communautés et 4 villes dont Montréal, Québec, Val-d’Or et Sept-Îles, accompagne les Autochtones dans leur cheminement vers un emploi en entreprise.
Expérience positive
Chaque vidéo relate le témoignage de jeunes femmes et hommes qui occupent différents emplois au sein d’entreprises de la région d’Abitibi-Témiscamingue.
Parmi eux, Bryan Lacoursière qui a obtenu un poste d’animateur au Groupe Soleil de Malartic. « Je travaille dans un centre de jour qui accueille des gens aux prises avec des problèmes de santé mentale comme l’anxiété, la dépression », raconte-t-il.
En octobre 2020, Bryan a commencé à titre d’animateur et récemment, il a réalisé son objectif : devenir intervenant. « Je suis fier de mon cheminement, avoue-t-il. On a une super belle équipe et je suis très bien ici. »
Évolution des mentalités
Dans une autre vidéo, une Autochtone de Val d’Or, Wendy Goulet note une évolution positive de la diversité au sein des entreprises. Ce qui n’a pas toujours été le cas. « Dans le passé, j’ai souvent entendu des propos discriminatoires envers la clientèle autochtone et je pense que ce genre d’attitude devrait être tolérance zéro. C’est à l’employeur de s’assurer du respect envers les gens provenant de la diversité », dit celle qui travaillait à l’âge de 12 ans comme caissière dans un dépanneur.
Depuis six ans sur le marché du travail et maintenant en poste à l’aréna de Val-d’Or, la jeune femme observe une ouverture d’esprit et une diminution des jugements discriminatoires. « Il y a de plus en plus de membres des Premières nations sur le marché du travail. C’est encourageant et valorisant », ajoute-t-elle.
Même son de cloche du côté de Sylvia Poulin qui a intégré le marché du travail en 2011. « Ce n’était pas toujours facile à l’époque. C’était même tabou. Aujourd’hui, nous sommes dans une ère de changement positif. Il n’y a pas de honte à être qui nous sommes. Chaque parcours est différent. L’important, selon moi, est de nous laisser la chance de faire nos preuves. »
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Des milliers de postes à pourvoir en un court laps de temps. C’est le défi auquel est confronté la région de l’Abitibi-Témiscamingue qui se démarque par sa croissance économique, observe Manon Dickey, directrice régionale Services Québec en Abitibi-Témiscamingue.
« Nous souhaitons que la participation des membres des Premières Nations soit significative afin de contribuer au développement économique de notre région », dit-elle.
Services Québec propose différents programmes afin de préparer les premiers peuples au marché du travail. Des formations leur sont offertes pour l’accompagnement en emploi ou le développement de compétences. « Ces capsules illustrent très bien la participation des Premières Nations sur le marché du travail et ceux-ci sont un atout précieux pour les entreprises québécoises », ajoute Mme Dickey.
17 800 postes seront à pouvoir d’ici 2025 en Abitibi-Témiscamingue
11 800 seront liés au remplacement de la main-d’œuvre
Dans les vidéos, on aperçoit une femme d’origine algonquine qui travaille chez Fournier & Fils. De plus en plus, les Autochtones intègrent avec succès les entreprises du secteur minier, présentes en Abitibi-Témiscamingue.
« Chez nous, nous comptons 20 membres des Premières Nations et Inuits dont 6 femmes », nous précise Robin Gendron, coordonnateur au recrutement du groupe minier CMAC Thyssen.
Ces travailleur.es ont tous un poste, une responsabilité. Ils ou elles sont opérateur.es sous terre, d’autres travaillent dans les départements d’ingénierie mécanique. «Plus que jamais, dit-il, nos portes sont ouvertes pour bien les accueillir. Nous offrons des formations afin qu’ils puissent acquérir les compétences et les connaissances pour travailler dans le secteur minier.»
Impact de la diffusion
Moins de deux semaines après la diffusion de ces capsules-vidéos, M. Gendron a déjà deux rencontres à son agenda afin de présenter les postes à pouvoir au sein de son entreprise. «Je suis moi-même surpris que l’événement créé une opportunité de recrutement», nous confie-t-il.
M. Gendron est fier d’accueillir des Autochtones, mais aussi des gens de la Russie et du Burkina Faso. « Le travail est un milieu propice pour se rencontrer, découvrir et échanger. Les travailleurs des Premières Nations sont des modèles de réussite, de persévérance, d’ouverture et une source d’inspiration pour les membres de votre communauté et la société», conclut M. Gendron.