Recrutement international : s’allier avec les bons partenaires

09-06-2022
Pratiques RH présente son troisième article sur les enjeux de pénurie de main-d’œuvre. Parmi les solutions envisagées par les employeurs : le recrutement international. Récit de l’expérience d’un employeur de Québec qui collabore étroitement avec la firme Auray Sourcing pour recruter à l’étranger.
Rédigé par :
Author
Annie Bourque, Pratiques RH
Image
Pratiques RH recrutement international
Un travailleur de Madagascar, Ny Tiavina Miharison Razafimahay, heureux de travailler pour TMS Système, une PME de Québec. Crédit: Noémie Gagnon

Spécialisée depuis 22 ans dans la fabrication de structures de bâtiments préfabriqués, l’entreprise de Québec, TMS Système est reconnue pour son expertise en construction d'immeubles multi-logements. À l’instar de plusieurs PME, son carnet de commandes déborde et elle doit refuser des contrats, faute de personnel. 

Depuis 2018, la compagnie recrute des travailleur.se.s à l’étranger comme Éric, un Français originaire du Calvados, qui pratique le métier de soudeur-assembleur. « Éric est arrivé avec sa femme et ses deux enfants et il se dit très heureux chez nous », raconte Jacques Fréchette, directeur des ressources humaines chez TMS Système. 

Au fil des années, M. Fréchette a accueilli des gens de Madagascar, de Tunisie, du Mexique, du Chili et de l’île Maurice. Certains sont diplômés d’une école d’enseignement ou d’ingénierie. Ils acceptent de pratiquer le métier de manœuvre, tout simplement dans l’espoir d’une vie meilleure. 

« Le secret, confie-t-il, c’est d’embaucher des gens qui vont travailler dans le même domaine que dans leur pays d’origine, soit des soudeurs, assembleurs, manœuvres. Quand ils proviennent d’un autre secteur, il est possible que je les perde, mais j’ose prendre un tel risque. » 

Certains comme Denis, un père de famille, originaire du Cameroun, en Afrique, apprécie sa nouvelle vie au Québec et ses défis chez TMS Système. À tel point que son frère et son cousin désirent venir le rejoindre. Au moment de notre entrevue, M. Fréchette préparait justement les démarches pour faciliter leur venue au Québec. 


30

La PME de Québec accueille 30 travailleur.se.s en provenance de l’étranger et 25 sont en processus d’attente. 

55

Bientôt, 55 des 225 employé.e.s de TMS proviendront de l’immigration. 


« On investit dans ces gens-là et on veut qu’ils soient heureux chez nous. Ensuite, on invite leurs conjoint.e.s à venir travailler au Québec », ajoute M. Fréchette.

Accueil 

La conseillère en ressources humaines de  l’entreprise accueille elle-même les employé.e.s à leur arrivée à l’aéroport. 

Des rencontres se tiennent régulièrement afin de s’assurer de leur intégration. En tout temps, un membre de l’équipe se rend disponible pour régler les imprévus comme par exemple, le disjoncteur d’une laveuse qui saute. « C’est beaucoup d’énergie et de temps, mais ça vaut réellement la peine, car on accueille des gens disponibles et loyaux », assure M. Fréchette. 

Le gestionnaire en ressources humaines éprouve une grande admiration envers ces êtres humains qui ont quitté leur famille pour vivre cette aventure. « Certains ne l’ont pas eu facile et d’autres envoient régulièrement de l’argent à leur famille. » 

Conseil aux PME 

Depuis cinq ans, l’équipe de M. Fréchette a appris par essais et erreurs le processus d’immigration. « Au début, on s’est fait avoir en étant le cobaye de "pseudo firmes spécialisées en immigration" », déplore-t-il. 

« Lorsque vous faites affaires avec une firme, dans le contrat, précisez qu’une partie de l’argent sera versé quand le travailleur arrive au Québec, sinon vous risquez de mauvaises surprise. » 

Entretemps, M. Fréchette et son équipe ont pris le temps de décortiquer par écrit la complexité des processus d’immigration. « Cela nous a pris une semaine afin de comprendre et démystifier les termes et différentes étapes. » 

Les informations des travailleur.se.s sont inscrites dans un système informatisé. D’un coup d’œil sur l’écran, on peut savoir si un travailleur étranger va devoir renouveler son permis de travail. 

Aujourd’hui, TMS Système fait affaires entre autres avec des spécialistes dont une firme spécialisée en recrutement international, AURAY.  « Cela nous aide puisque la firme compte des avocat.e.s spécialisé.e.s en immigration qui font preuve d’un grand sérieux dans leurs démarches. Ils nous facilitent grandement la vie. »

Contenu supplémentaire

Simplifiez la procédure svp 

La démarche pour recruter une personne à l’international demande environ un mois avec une firme spécialisée. « Il faut simplifier la procédure d’embauche en immigration. Le traitement des documents est d’une lenteur incompréhensible. Il y a des goulots dans le système », dit Jacques Fréchette. 

« Par la suite, le délai entre le recrutement et l'arrivée du travailleur varie de de 10 à 15 mois, ce qui est beaucoup trop long. Le gouvernement doit comprendre que la recette n’est pas bonne et il faut la changer », ajoute-t-il en précisant vouloir participer à la création d’une concertation d’employeurs et d’avocat.e.s spécialisé.e.s en immigration afin de trouver la meilleure façon de simplifier ce processus.

Un accompagnement externe

« Les entreprises du Québec sont aux prises avec d’énormes problèmes de main-d’œuvre et notre société les aide à dénicher des talents et des employé.e.s dans une quinzaine de pays », explique Wayne Tessier, vice-président et directeur général d'AURAY Sourcing international. 

Actuellement, la firme, composée de spécialistes en immigration dont des avocat.e.s, recrute dans différents pays dont la Tunisie, le Madagascar, l'île Maurice, les Philippines, le Maroc, l'Algérie, et le Cameroun, entre autres.   

Au-delà de la sélection, l'équipe vérifie évidemment les aptitudes et compétences du futur électromécanicien par exemple. Si une entreprise est située en région, on s’assure que la personne voudra s’établir à l’extérieur de Montréal et de Québec.

« On transige avec des êtres humains et il faut bien connaitre leur plan de vie.»


Coût

Un employeur déboursera au minimum entre 3000 $ et 8000 $ pour le recrutement d’un.e employé.e à l’étranger. 

22 % 

D’ici 2027, 22 % de la main-d’œuvre en entreprise proviendra de l’immigration. 


Alternative à la pénurie 

La pandémie entraine, selon M. Tessier, un nouveau mode de pensée chez les employeurs. « Moins le travailleur se déplace, plus il est efficace. » 

C'est pourquoi, on assiste à un nouveau phénomène:  l'externalisation des processus ou BPO qui désigne la sous-traitance d'une tâche ou métier spécifique, par exemple la paye, à un fournisseur de services externe à l'entreprise.

En période de pénurie de personnel, de nombreuses entreprises du Québec vont solliciter ces firmes spécialisées en BPOafin de  trouver par exemple un agent en cybersécurité ou encore un programmeur Web qui travailleront directement à partir de leur pays d’origine, tel que le Maroc. Dans ce cas, il n’y a pas de déplacement ou de démarche d’immigration et la personne peut faire du télétravail de sa maison ou dans l’un des bureaux d'AURAY. 

« Ce n’est pas une question de payer quelqu’un à moindre coût avance M. Tessier. Les employeurs ne trouvent pas de main-d’œuvre au Québec et on leur apporte la solution », conclut-il.