Main-d’œuvre : des outils concrets pour soutenir les employeurs

02-06-2022
Face aux enjeux de pénurie de main-d’œuvre, développement des compétences et du recrutement international, les employeurs du Québec reçoivent de l’accompagnement et de l’aide financière. Dans une série de 3 articles, Pratiques RH lève le voile sur la réflexion entourant l’adoption de politiques publiques qui aident concrètement nos gens d’affaires.
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Annie Bourque, Pratiques RH
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De l'aide pour surmonter la pénurie de main-d'oeuvre

Audrey Murray,  présidente de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT). 

En avant-plan, les employeurs connaissent bien Services Québec anciennement connu sous le nom d’Emploi-Québec. L’agence, créée en 2004, donne accès à une gamme de services et programmes gouvernementaux destinés aux citoyens et entreprises. 

À ses côtés, un allié de taille, la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT) réunit les employeurs, syndicats, des gens du milieu de l’éducation, organismes communautaires en développement de l’employabilité et ministères à vocation économique et sociale. Ce lieu de concertation national possède un important réseau de 1000 partenaires à travers les régions du Québec. 

Joyau méconnu


« La CPMT célèbre cette année ses 25 ans et c’est un joyau méconnu », observe la présidente Audrey Murray, une avocate de formation qui a fait sa marque à la Commission de la construction du Québec. 

Les différents partenaires réuni.e.s autour de la table ou en virtuel travaillent à résoudre les défis et enjeux du monde du travail. Mme Murray est particulièrement fière des initiatives, de l’engagement et du consensus des membres qui mènent à des solutions. Ces personnes collaborent en étant capables de dépasser leurs intérêts respectifs.

Alors que le marché du travail est en transition, la Commission des partenaires du marché du travail joue un rôle essentiel, voire de chien de garde pour l’adoption de bonnes politiques publiques. 

À l’instar de plusieurs pays, les PME du Québec sont confrontées à trois enjeux majeurs, soit le défi démographique, la transition numérique et l’économie verte. 

1. Défi démographique

À l’heure actuelle, plusieurs petites et moyennes PME voient leurs fidèles travailleurs prendre leur retraite. D’ici 2030, au Québec, il y aura 1,4 million de postes à combler. « La transition démographique force les dirigeant.e.s à anticiper leurs besoins en main-d’œuvre et de compétences. Il ne faut rien tenir pour acquis même si nous avons une équipe stable », mentionne Mme Murray. 

Les PME doivent rivaliser d’imagination, mais aussi du point de vue de l’innovation organisationnelle et technologique. Il faut miser sur le développement des compétences des employé.e.s, facteur de rétention et de permettre le rehaussement et la requalification en emploi.

111,1 millions $*

Cette somme a été consacrée à des projets novateurs en formation continue dans 53 000 entreprises au Québec. Autrement dit, 174 000 personnes ont bénéficié d’une mesure pour développer ses compétences. Ce montant provient du Fonds de développement et de reconnaissance des compétences de la main-d’œuvre.

1 %

Les entreprises doivent investir 1 % de leur masse salariale dans les activités de formation qui visent le développement des compétences du personnel. Sinon, cette somme est versée au Fonds de développement et de reconnaissance des compétences de la main-d’œuvre. 

2. Transition technologique 

Année après année, les experts du Centre sur la productivité et la prospérité à HEC Montréal déplorent le retard du Québec en matière de productivité. 

En 2019, la productivité de notre province était inférieure de 30 % à la moyenne de 20 pays membres de l’OCDE. Plusieurs raisons expliquent cet écart. « C’est pourquoi, on veut outiller nos dirigeants à augmenter leur productivité par des réformes organisationnelles dans leur processus ou encore en intégrant l’intelligence artificielle dans leur modèle d’affaires ou par l’avènement de nouvelles plateformes technologiques », précise-t-elle. 
« On souhaite aussi rehausser les compétences de nos dirigeant.e.s, ceux qui réfléchissent aux modèles d’affaires qui doivent nécessairement évoluer en matière d’innovation technologique. Car la formation, ajoute-t-elle, est la clé pour résoudre nos enjeux démographiques et technologiques. » 

3. Économie verte 

Ce printemps, le gouvernement du Québec a prévu un Plan pour une économie verte doté d’un budget de 7,6 milliards. Des sommes seront versées à travers le programme Ambition compétence afin de hausser les compétences en main-d’œuvre et de s’adapter aux transformations numériques et vertes. 

La présidente de la CPMT explique que son organisation travaille en ce sens avec des promoteurs collectifs soit les associations d’employeurs, comités sectoriels de main-d’œuvre, associations de travailleurs et travailleuses. 

Ces promoteurs sont invités à présenter des projets. Car ces organisations connaissent les besoins des entreprises autour d’un même enjeu. Elles peuvent aussi soit réaliser un diagnostic de leurs besoins ou proposer une formation adaptée et un parcours sur mesure. Le soutien financier est intéressant car il peut couvrir jusqu’à 85 % et 100 % du salaire des personnes qui recevront une formation. 

Contenu supplémentaire

Informations sur les programmes :

Mission de la CPMT : 

Milieu de travail inclusif 


Le milieu du travail est en profonde transformation. L’avenir s’annonce sous le signe d’une plus grande ouverture à la diversité. Mme Murray estime que les employeurs devront être agiles et inclusifs afin de réussir les trois enjeux de l’employabilité du Québec. « On va négocier avec des milieux de travail dont la main-d’œuvre proviendra de plus en plus de l’immigration, des femmes, premiers peuples, personnes handicapées ou plus expérimentées », explique-t-elle. 

Les dirigeant.e.s d’entreprise et gestionnaires en ressources humaines doivent se préparer à vivre des expériences de travail différentes. « Il faut changer la façon dont on présente nos postes ou la sélection de nos candidats et parfois surmonter les biais inconscients afin que nos entreprises deviennent plus inclusives. »

Responsabilité des entreprises


Mme Murray espère que les PME et entreprises du Québec prendront le temps de s’informer auprès de Services Québec du soutien financier et de l’accompagnement afin qu’elles puissent résoudre leurs enjeux de main-d’œuvre. « Nos entreprises doivent réfléchir à la bonne stratégie qui s’offre à eux : est-ce le développement des compétences, la venue d’immigrants, l’automatisation ? », dit-elle. 

Enfin, Mme Murray témoigne avec fierté de la vision et de l’engagement des membres de la Commission des partenaires du marché du travail, une organisation qu’elle dirige depuis 4 ans. « Je les vois investi.e.s dans leur mission et travailler en concertation afin que le Québec sorte gagnant de ces différentes transitions. » 

« Je pense qu’une société comme le Québec est très riche quand elle peut compter une maturité dans le dialogue social et la concertation pour résoudre des enjeux aussi complexes et importants pour l’avenir du Québec », dit-elle. 

La CPMT travaille en étroite association avec le ministre du Travail, de l’Emploi, de la Solidarité sociale et l’Immigration. « Nous avons un ministre très respectueux et à l’écoute des enjeux. Il nous demande souvent notre avis dont récemment sur l’impact de la transition verte du plan québécois sur les compétences », conclut Mme Murray. 

À lire prochainement sur Pratiques RH notre entrevue avec Jean Boulet, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale et de l’Immigration. 

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Rapport annuel de gestion 2020-2021 de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT).