Entrevue avec le ministre Jean Boulet : de l’aide pour surmonter la pénurie de main-d’œuvre

07-06-2022
Pratiques RH présente le second volet d’une série de trois articles portant sur les enjeux de pénurie de main-d’œuvre, de développement des compétences et le recrutement international. Comment vient-on en aide aux employeurs qui doivent refuser des contrats par manque de personnel ?
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Annie Bourque, Pratiques RH
Programmes et aides pour surmonter la pénurie de main-d'oeuvre
Jean Boulet, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale et de l'Immigration. 

Quel est votre plan d’action pour aider les entreprises du Québec à surmonter la pénurie de main-d’œuvre ? 

C’est notre priorité gouvernementale. La population va continuer de vieillir et on connaitra un creux historique en 2030. Nous désirons utiliser l’ensemble des leviers dont le gouvernement dispose afin de réduire l’impact de la pénurie de main-d’œuvre. Notre défi : la formation, le rehaussement des compétences des travailleurs et l’intégration de nouvelles technologies. Ce sont là des facteurs d’attraction et de rétention des employé.e.s. Mais d’abord, je tiens à vous parler des 4 piliers sur lesquels reposent mon plan d’action et ma stratégie. 

1. Intégration 

Depuis mon arrivée en poste, nous sommes en action pour intégrer davantage de personnes sur le marché du travail. Le mot intégration est extrêmement important, car il s’agit des clientèles éloignées du marché d’emploi. 

De qui s’agit-il ? 

Nous intégrons davantage de gens sur le marché de l’emploi, dont les jeunes, les gens en situation de handicap, les Premières Nations, les prestataires d’aide sociale, les femmes, les employé.e.s expérimenté.e.s ainsi que la clientèle judiciarisée. 
Je suis particulièrement fier de dire que cela fonctionne. Entre janvier 2018 et janvier 2021, par exemple, le nombre de prestataires sur l’aide sociale a baissé de 23 %. Chez les jeunes de moins de 25 ans, il s’agit d’une diminution de 40 % durant cette période.  

2. Formation requalification 

Durant la pandémie, plusieurs personnes ont développé de nouvelles qualifications et habiletés grâce à la formation alternance-travail études. Résultat ? En quatre ans, nous avons multiplié par 420 % les investissements dans la formation en alternance travail-études. 

Qu’est-ce que c’est au juste ? 

Les personnes étudient 2 jours par semaine et travaillent les 3 autres jours par semaine. Le gouvernement rembourse les 2 jours pendant lesquels ils sont aux études. Il s’agit d’une formule extrêmement performante : plus de 85 % des participants complètent avec succès leur formation avec un taux de rétention en emploi de 91 % les trois premiers mois.
Je dois aussi préciser que durant la pandémie, 250 000 personnes ont été formées grâce au programme PACME. Entretemps, 25 000 personnes ont reçu une formation grâce aux programmes PRATIC et PARAF. 


475 $ par semaine est offert aux travailleurs et travailleuses sans emploi dans le cadre de l’Opération main-d’œuvre annoncée cet automne. Cela leur permet de faire un retour aux études.

« Notre priorité est de former des gens en santé, éducation, petite enfance et bien sûr, les technologies de l’information, le génie et différents métiers en construction », précise le ministre Boulet. 


3. Productivité 

Un point ressort : c’est le retard du Québec en matière de productivité. Comment y remédier ? 

Lorsque je parle de productivité, je rappelle toujours que cela n’est pas pour éliminer le capital humain. C’est un souci que les entreprises doivent avoir en tête constamment. Autrement dit, faire plus et mieux tout en obtenant de meilleures conditions de travail. Souvent, cela aide à prendre l’expansion. On le réalise à travers la robotisation, l’automatisation des tâches répétitives, l’intelligence artificielle. 
Le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) a fait énormément d’efforts pour améliorer la productivité en injectant 2.2 milliards. Ce montant est versé à des entreprises québécoises pour des projets de numérisation, d’automatisation et d’innovation. Nous avons aussi bonifié à 85 % le remboursement de la formation des salarié.e.s qui est liée à l’achat d’équipements spécialisés en productivité.