Le succès d’un stage en entreprise dépend de sa supervision
Le succès d’un stage est étroitement lié à son encadrement croit la directrice du centre-conseil Sprint Emploi de Trois-Rivières, Danie Guillemette. « Si le jeune a une question et il ne sait pas qui aller voir dans l’entreprise, il va se sentir un peu comme un chien dans un jeu de quilles », illustre-t-elle.
Dès le jour 1, il est important de lui donner des indications précises : sur les questions liées au travail, tu t’adresses à ton chef d’équipe et pour la paye, voici la personne de confiance.
Manon Boucher, la vice-présidente des ressources humaines chez Ameublement Tanguay, abonne dans le même sens. « Il faut être conscient de l’importance de l’accompagnement. La personne qui prend en charge le stagiaire doit être disponible et lui faire des suivis à toutes les semaines », explique-t-elle.
Souvent, le superviseur est l’enseignant qui fait le suivi entre le jeune et l’employeur. « Un bon superviseur va bien connaitre le stagiaire. Il sait comment il va réagir en période de stress ou comment il va performer dans une autre situation »
-Danie Guillemette, directrice du centre-conseil Sprint Emploi de Trois-Rivières
1. Mentor d’expérience
Chez Confort Expert, les stagiaires sont jumelés avec un employé d’expérience qui devient son mentor, le temps du stage. « C’est important que les stagiaires puissent travailler avec des gens autonomes, capables de communiquer leurs connaissances », estime Kloé Therrien, conseillère en ressources humaines de la compagnie spécialisée en chauffage et climatisation, située à Anjou.
Chez Système Santé à Rosemère qui offre des soins de kinésiologie et physiothérapie, la co-propriétaire Marie-Andrée Dion supervise elle-même les stagiaires. « Il faut aimer les jeunes, dit-elle. Une de mes forces et mon plaisir, c’est de transmettre mon savoir et mes connaissances. »
Durant leur stage, ses protégés sont aussi encadrés par un kinésiologue et physiothérapeute dans l’entreprise.
2. Qualités
La principale qualité d’un bon superviseur de stage est sa disponibilité. « On peut me téléphoner le week-end ou en soirée, confie Mme Dion. Je rassure le stagiaire en disant : tu es là seulement pour 3 mois et je vais te donner le meilleur de moi-même. »
« On se doit d’être calme, ajoute-t-elle, patient et garder en tête que le stagiaire doit se sentir insécure et désire apprendre. »
Même son de cloche du côté de Mariève Woodrough, conseillère d’orientation au CREMCV. « Le superviseur doit posséder certaines notions de pédagogie ainsi qu’une habileté à fournir des explications claires au stagiaire qui peut se sentir vulnérable, en apprentissage dans un nouveau milieu. »
3. Suivi
Mme Woodrough préconise un suivi régulier du travail du stagiaire. Quoi faire en cas de difficultés d’adaptation ? « On en discute en proposant des façons différentes de faire les choses. Dans les prochaines interventions, serait-il possible de voir tels changements ? », demande-t-elle au stagiaire sur un ton empreint de respect.
L’une des rédactrices du guide d’AXTRA, l’Alliance des centres-conseils en emploi, Francine Bouchard ajoute que l’entrepreneur investit du temps dans un stagiaire dans l’espoir de le garder en poste.
Même si la vie en entreprise ressemble parfois à un tourbillon, il faut prendre le temps d’interroger son stagiaire : comment vas-tu ? As-tu des questions ? « On attire et on charme le stagiaire par notre respect pour lui. Il a ainsi l’impression d’être bienvenu tout en se sentant accompagné », note Mme Bouchard.
Au fil des jours et des semaines, il est indispensable que le stagiaire discute de son cheminement. De là, l’importance de développer une relation authentique, de confiance. Si le jeune veut progresser, il doit parler de ses difficultés. « Parfois, le stagiaire ne va pas tout dire et il voudra se protéger de crainte d’une mauvaise note », observe Mariève Woodrough qui supervise des étudiants qui rêvent de devenir conseiller en orientation.
4. Évaluation et bilan
Mme Woodrough revient sur l’intérêt de souligner les forces, les bons coups et la progression du stagiaire. Elle met en garde les superviseurs de relever seulement les éléments négatifs. « Ce n’est pas vraiment une belle expérience puisque le stagiaire se retrouve dans une position défensive, dans la crainte de faire un mauvais pas et cela n’aide pas le développement des compétences. »
De son côté, Marie-Andrée Dion a mis en place une liste de 10 éléments d’analyse d’introspection qu’elle demande au stagiaire de répondre par écrit à la moitié du stage et à la fin du stage.
Voici 6 des 10 points auxquels doit réfléchir le jeune stagiaire.
- J'assimile facilement de nouvelles notions
- Je fais preuve de persévérance
- Je remets un travail de qualité
- J'adhère à la culture organisationnelle
- Je propose des idées créatives
- Je m'organise
5. Occasion d’apprentissage
Ce questionnement représente une belle façon de réfléchir sur soi. « C’est le but du stage de réaliser comment on fonctionne. Une occasion de s’améliorer, de se développer », croit Mariève Woodrough.
« Il faut éviter, dit-elle, de trop pointer l’aspect "évaluation" plutôt que celui du développement ou de l’apprentissage. »
Parfois, on assiste à de belles réussites. L’occasion de valider ou non un choix d’études pour certains stagiaires. D’autres surmontent des difficultés personnelles pour occuper le stage.
Chose certaine, plusieurs en retirent une satisfaction et une hausse de leur estime de soi. Les employeurs eux, sont heureux de trouver enfin quelqu’un de comparable à la perle rare.
Superviser un stagiaire c’est :
- Faire des suivis réguliers
- Vérifier si le stagiaire un bon environnement et de bons outils
- Valider si les tâches sont claires et bien expliquées
- S’assurer de la progression du stagiaire afin qu’elle soit conforme aux objectifs d’apprentissage
- Procéder à une rétroaction régulière incluant les bons coups et points à améliorer.
Pour encore plus d'astuces, consultez le Guide d'accueil et d'intégration des stagiaires proposé par d'AXTRA, l'Alliance des centres-conseils en emploi.