Tout pour réussir l'intégration en région

06-10-2021
À sa 5e année d’existence, le programme Un emploi en sol québécois va plus loin en offrant un service d’accompagnement en matière de gestion de la diversité culturelle.
Rédigé par :
Author
Annie Bourque | Pratiques RH
Image
Pratiques RH, Services, Un emploi en sol québécois, UESQ, gestion de la diversité

« Au Québec, les entreprises, en majorité, des PME n’ont peut-être pas les outils et les moyens de gérer cette question-là», explique Nadia Bernard, conseillère en co-développement pour le programme Un emploi en sol québécois (UESQ) de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Au cours des prochains mois, les employeurs bénéficieront de soutien par l’entremise des cellules de co-développement organisées par l’équipe du programme UESQ. Un moyen qui les aidera à développer des stratégies d’inclusion et mieux retenir les employés issus de la diversité.

« Au-delà de l’emploi, l’intérêt réside dans la satisfaction de réussir l’intégration du travailleur qui s’exile en région », estime de son côté, Giany Huyghues-Despointes, chef de projet du programme UESQ.

Son point de vue est partagé par Paul Antoine Martel, conseiller en relation avec les milieux à la direction générale de la ville de Val-d’Or. « Aujourd’hui, il ne suffit pas de fournir un salaire et un emploi, l’enjeu est de prendre le temps d’accueillir humainement chaque personne », précise M. Martel en insistant sur l’importance d’être heureux dans son patelin d’adoption.

« Il y a plusieurs façons d’intégrer un immigrant, ajoute-t-il, cela passe par le loisir dont des rabais pour l’inscription au soccer, par exemple. »

Sa région, comme plusieurs autres au Québec, est confrontée à une crise de la main-d’œuvre marquée par une pénurie de travailleurs. Selon l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, le taux de chômage s’élève à 3,5%, alors qu’il se situait à 10,8%, un an plus tôt en pleine pandémie.

Depuis 2017, la Chambre de commerce de Val-d’Or participe au programme Un emploi en sol québécois, implanté dans 14 régions du Québec. L’organisme recrute des employeurs comme Meglab, une entreprise spécialisée dans les technologies minières, présente à Val-d’Or, Malartic, Rouyn-Noranda et dans 15 autres pays.

« Par l’entremise du programme UESQ, nous avons engagé deux travailleurs dont un est actuellement en télétravail de Montréal », mentionne Simon Bertrand, directeur des ressources humaines de la compagnie qui engage 200 employés dont certains proviennent de 10 nationalités différentes.

Parmi eux, Fabio da Silva Avelar, originaire du Brésil, est arrivé au Québec en décembre 2019 avec sa conjointe Aline et sa fillette Alice, âgée de 5 ans. « J’ai une maitrise en ingénierie, confie-t-il, ce n’est pas facile d’être immigrant. »

Contenu supplémentaire

« 77 % des participants inscrits au programme Un emploi en sol québécois possèdent une formation universitaire alors que seulement 13 % des emplois disponibles exigent ce niveau de formation »

– Rapport d’activités de UESQ, de juillet 2020 à juillet 2021.

Le jeune père de famille de 36 ans a tenté en vain d’obtenir un emploi dans le domaine d’ingénierie. Entretemps, il a travaillé comme commis de production chez Olymel et, par la suite, au sein du département d’électricité d’une quincaillerie. 

Puis, par hasard, en participant à un salon de l’emploi à Montréal, il découvre le programme UESQ. « Je ne réussissais pas à trouver un emploi à Montréal dans mon domaine et j’ai posé ma candidature pour différentes régions, dont l’Abitibi-Témiscamingue. Parfois, pour prendre un poisson, il faut aller plus loin », illustre-t-il.

Son profil a été retenu par la compagnie Meglab de Val-d’Or. Depuis le début de la pandémie, l’entreprise lui offre de travailler à partir de Montréal ce qui lui permet d’être près de sa femme et sa fille. Originaire de Curitiba, une ville de 2 millions d’habitants au Brésil, le couple réfléchit encore à la possibilité de s’établir à Val-d’Or. Un milieu tranquille et sécuritaire comparativement à la métropole.

« Ce serait le meilleur des mondes si Fabio et sa conjointe s’établissaient chez nous avec leur fille », ajoute de son côté Simon Bertrand, directeur des ressources humaines chez Meglab qui apprécie grandement le programme UESQ.

« Il y a déjà une préqualification des candidats demeurant au Québec depuis cinq ans et qui éprouvent un ardent désir de travailler dans leur domaine », précise-t-il.

Richesse de la diversité

De son côté, Derick Abrigu, conseiller principal du programme UESQ observe une plus grande ouverture d’esprit pour l’embauche d’immigrants. « Ce n’est pas quelque chose que l’on peut mettre en chiffre, avoue-t-il, mais il s’agit parfois d’un changement de perception de recruteurs ou gestionnaires qui comprennent mieux l’importance de la diversité. »

C’est le cas de Simon Bertrand qui éprouve une fierté à faire grandir son équipe au contact de gens issus d’autres nationalités. « Ils nous apportent des connaissances nouvelles, une vision différente des affaires et de la vie », évoque-t-il.

Fabio da Silva Avelar témoigne de son sentiment d’appréciation. « On discute souvent avec les autres immigrants afin de trouver des solutions pour les clients de Meglab et avant de prendre une décision, on prend en considération ce qu’on pense », dit Fabio, heureux que le programme Un emploi en sol québécois lui a permis de démarrer sa carrière en ingénierie au Canada, son pays d’adoption. 

Ce qu’ils ont dit 

« Le Québec a établi un nouveau record au 2e trimestre 2021 avec plus de 218 000 postes vacants. Les talents d’ailleurs sont un atout majeur pour la vitalité économique et sociale de nos régions »
- Charles Milliard, PDG de la FCCQ.

« Le Québec, ce n’est pas juste Montréal et vous pouvez augmenter vos chances de trouver un travail qui vous passionne vraiment dans une région que vous allez découvrir et aimer »
- Amal Hafidi, responsable du maillage entre candidats et entreprises au programme UESQ. 

À retenir 

Les candidats proviennent principalement de l’Amérique latine, Maghreb, Afrique de l’Ouest, France et des Antilles

  • 85 % des candidats sont prêts à s’établir en région si l’emploi correspond à leur domaine de formation
  • 55 % des postes se trouvent à l’extérieur de Montréal
  • 56 % des immigrants souhaitent s’établir en région pour la qualité de vie

Plusieurs « matchs parfaits » se réalisent entre les différents profils et emplois dans les secteurs de l’informatique, comptabilité et administration et génie

L’équipe Un emploi en sol québécois travaille en partenariat avec plusieurs organismes en employabilité afin de s’assurer de la bonne préparation des candidats au marché du travail du Québec et avec les organismes en régionalisation de l’immigration.