Maladie de Lyme : un risque à considérer notamment en secteur forestier
Les changements climatiques, entrainant un réchauffement des températures mondiales, sont l’une des principales raisons des augmentations de maladies infectieuses à travers le globe. (Gouvernement du Canada, 2019; INSPQ, 2022).
Une maladie en hausse qui touche certains milieux de travail
Depuis 2003, la maladie de Lyme est considérée comme une maladie à déclaration obligatoire (MADO) au Québec.
Par conséquent, malgré la complexité à déterminer un diagnostic clair de la maladie, les médecins et les autres spécialistes de la santé doivent obligatoirement informer les autorités de santé publique. Depuis les quinze dernières années, le nombre de cas rapportés ne fait qu’augmenter, avec plus de 652 cas déclarés en 2023 contre 125 cas en 2014 (ministère de la Santé et des Services sociaux, 2024).
Les travailleur.se.s, particulièrement celles et ceux en forêt, sont à risque de contracter la maladie de Lyme. Pour la CNESST, il s’agit donc d’un enjeu de santé et de sécurité au travail.
En savoir plus
- Pour en savoir plus sur les liens entre les changements climatiques et les maladies infectieuses au Canada.
- Pour plus d’informations sur la santé des populations et les changements climatiques selon l'INSPQ.
- Pour visiter le site du ministère de la Santé et des Services sociaux concernant l'évolution du nombre de cas de la maladie de Lyme au Québec de 2014 à 2023.
Qu’est-ce que la maladie de Lyme ?
La maladie de Lyme est connue depuis 1977. Elle est apparue pour la première fois aux États-Unis, plus précisément au Connecticut dans la ville de Lyme. La première hypothèse a été une éclosion d’arthrite chez les enfants. Les spécialistes ont par la suite déterminé qu’il ne s’agissait pas d’arthrite, mais bien d’une nouvelle maladie provenant de la bactérie Borrelia burgdorferi.
Celle-ci se transmet chez les animaux et les êtres humains à travers la tique. De nos jours, les tiques porteuses sont présentes en Amérique du Nord, mais également en Afrique du Nord, en Europe et en Asie.
- Pour en savoir plus sur la maladie de Lyme chez les animaux.
Quelques informations sur la tique
Il faut savoir que la tique vit trois stades dans sa vie : la larve, la nymphe et l’âge adulte.
Pour survivre, cet insecte très petit, soit environ 1 à 3 millimètres, se nourrit de sang et peut ainsi tripler son poids.
Lorsqu’elle est au stade de nymphe, la tique est difficile à apercevoir et s’accroche à la peau de l’animal ou de l’humain au printemps et en été. La tique adulte, quant à elle, est plus grosse et est présente à l’automne. Elle est donc plus facilement détectable. La tique ne saute pas et ne vole pas.
Elle vit principalement dans les endroits humides comme les jardins et les forêts.
La transmission de la maladie de Lyme par une simple piqûre
Tout d’abord, pour contracter la maladie de Lyme, il faut avoir été piqué par la tique porteuse de la bactérie, car elles ne le sont pas toutes. Ensuite, la transmission se fait généralement lorsque la tique reste accrochée pendant plus de 24h à la peau.
La tique peut s’accrocher à toutes les parties du corps animal et humain. Cela dit, il est impératif de bien vérifier tout le corps après avoir été dans des zones à risque et humides, notamment les zones moins à découvert comme les contours d’oreilles, les ainés, le nombril, le bas des fesses, les aisselles, le bas du dos et le cuir chevelu.
Si vous observez une tique sur vous, il faut immédiatement la retirer et appeler Info-Santé (811).
À noter : la maladie de Lyme ne se transmet pas d’un animal à un humain ni d’une personne à une autre.
- Pour savoir comment retirer une tique.
Quelle est la situation de la maladie de Lyme au Québec ?
La maladie de Lyme est bel et bien présente au Québec. En fait, plus de douze espèces de tiques sont répertoriées dans la province, mais une seule espèce est porteuse de la bactérie, soit la tique Ixodes scapularis.
Selon le gouvernement, cette dernière se retrouve dans plusieurs régions, car elle est facilement transportée par les oiseaux, à l’exception du Nunavik, du Nord-du-Québec, de la Côte-Nord et des Terres-cries-de-la-Baie-James.
La tique porteuse, aussi connue sous le nom de tique du chevreuil ou encore tique à pattes noires, est de plus en plus surveillée par les gouvernements des territoires de l’est de l’Amérique du Nord.
- Pour voir la cartographie de la répartition des tiques porteuses
Comment prévenir la maladie de Lyme ?
La meilleure façon de prévenir la maladie est d’être informé et de se protéger convenablement. À ce titre, le gouvernement propose plusieurs techniques :
- Mettre du chasse-moustiques à base de DEET ou d’icaridine
- Porter des vêtements longs et de couleur claire
- Réaliser les activités de plein air dans les sentiers dégagés plutôt que dans les hautes herbes
- Après une activité extérieure, bien examiner le matériel et le corps
- Prendre une douche rapidement
- Mettre les vêtements dans la sécheuse à température élevée pendant 10 minutes
Toujours selon le gouvernement du Québec, il existe aussi des techniques afin de réduire la présence des tiques :
- Tondre le gazon régulièrement (éviter les hautes herbes)
- Aménager des sentiers en bois ou en gravier de plus de 3 mètres de large dans les zones boisées
- Enlever les mauvaises herbes
- Aménager les aires de jeux au soleil et loin des arbres
- Empiler le bois au sec et à l’abri
- Débarrasser le terrain des vieux meubles
Quels sont les symptômes de la maladie de Lyme ?
Les symptômes varient d’une personne à l’autre et apparaissent par étape.
Ces derniers peuvent être : fièvre, fatigue, frissons, éruption cutanée, maux de tête, douleurs musculaires, douleurs articulaires ou encore ganglions lymphatiques enflés.
À noter : l’éruption cutanée est le symptôme le plus souvent mentionné par les personnes infectées. Elle apparait sur et autour de la piqûre et peut s’étendre jusqu’à 5cm de diamètre.
Diagnostiquer la maladie de Lyme
En cas d’infection par une tique porteuse de la maladie de Lyme, il faut rapidement consulter un.e professionnel.le de la santé.
En effet, la prise en charge hâtive de la maladie permet d’éviter des complications majeures et de favoriser un rétablissement complet. Il faudra préciser au spécialiste :
- Vos symptômes
- La durée des symptômes
- L’évolution de ceux-ci
- Où vous avez été mordu par la tique
- Pendant combien de temps la tique est restée sur vous
- Dans quelle région vous étiez lors de l’infection
Par la suite, le ou la professionnel.le de la santé effectuera un examen basé sur les éléments suivants :
- Les signes et les symptômes de la personne
- L’analyse de la région dans laquelle la personne se trouvait afin de déterminer si la tique porteuse est présente et à quelle ampleur
- Le degré de risque d’exposition à la tique à pattes noires ou à la tique occidentale à pattes noires
À noter : des analyses sanguines peuvent parfois être nécessaires.
Comment traiter la maladie de Lyme ?
Le traitement de la maladie de Lyme doit se faire le plus rapidement possible et consiste en la prise d’antibiotiques. Cependant, certain.e.s patient.e.s ressentent encore des symptômes malgré la prise des médicaments, sans que les spécialistes de la santé ne sachent encore pourquoi.
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La maladie de Lyme est-elle considérée comme une maladie professionnelle ?
Le parasite responsable de la maladie de Lyme est désormais reconnu comme une condition particulière dans l’annexe du Règlement sur les maladies professionnelles dans le cadre de la Loi de modernisation du régime de santé et de sécurité du travail : « l’exercice d’un travail impliquant des contacts avec des humains, des animaux ou du matériel contaminé par la bactérie borrelia burgdorferi, responsable de la maladie de Lyme […] ».
La maladie de Lyme peut alors être considérée comme une maladie professionnelle reconnue par la CNESST. De ce fait, il maintenant possible de faire une réclamation auprès de cette dernière lorsqu’une travailleuse ou un travailleur la contracte sur son lieu de travail.
Le secteur forestier est principalement concerné, tout comme les employé.e.s municipaux du fait des conditions climatiques, la présence d’insectes et d’animaux, l’isolement des travailleur.se.s, l’entretien des parcs, etc.
En ce sens, la CNESST rappelle qu’il est primordial de reconnaître et d’identifier les risques de présence de tiques porteuses de la maladie. Il est donc du devoir des employeurs de ce secteur d’informer les travailleur.se.s et de faire la mise en place des mesures de prévention dans le but de minimiser les risques d’infection.
- Pour avoir plus d’informations sur la prévention des principaux dangers en forêt.
À noter : la travailleuse ou le travailleur porteur de la maladie de Lyme a six mois pour faire sa réclamation sur le portail Réclamation du travailleur.
En conclusion
La maladie de Lyme est de plus en plus présente au Québec et doit être traitée promptement à la suite de l’infection. Les travailleur.se.s en forêt et les travailleur.se.s municipaux sont principalement à risque et les employeurs de ces secteurs doivent mettre en place les mesures de prévention et de protection nécessaires.
En cas de contraction de la maladie sur le lieu de travail, il est désormais possible de remplir une réclamation auprès de la CNESST.