Engagement et leadership: une formule gagnante en SST

12-03-2024
Le 9 novembre 2023, l’équipe Pratiques RH a eu la chance de discuter avec M. Luc Charette, Directeur des services techniques à l’usine d’Haleon de Ville Saint-Laurent, qui a bien voulu nous partager les bonnes pratiques de l’entreprise. L’entreprise est, d’ailleurs, lauréate des Mercuriades 2023 dans la catégorie Grande entreprise en santé et en sécurité au travail.
Rédigé par :
Author
Éric Binette
Image
Engagement et leadership: une formule gagnante en SST

Haleon a mis en place de nouveaux standards pour la santé-sécurité des salarié.e.s, dont un sur le contrôle des risques en entrepôt. L’objectif derrière ces changements : écarter des événements à potentiel de blessures graves et mieux protéger les travailleur.se.s.  

M. Charrette, décrivez-nous sommairement l’entreprise Haleon? 

Haleon est née de la fusion des divisions Soins de santé des sociétés biopharmaceutiques GSK et Pfizer. L’entreprise a comme mission : Pour la santé. Avec humanité. Elle est la principale société mondiale en soins de santé avec un chiffre d’affaires annuel de 14,03 milliards $ USD en 2023, 22 000 travailleur.se.s et 24 usines à travers le monde, dont une à Saint-Laurent.  

L’usine Haleon Saint-Laurent compte 650 travailleur.se.s qui développent, fabriquent, conditionnent et analysent les produits en soins de santé pour 60 marchés différents. Plus précisément, l’usine fabrique plusieurs produits bien connus des québécois.e.s, comme les analgésiques Advil et Robax, les sirops Robitussin et Buckley, les multivitamines Centrum, la gamme Préparation H, les capsules Nexium ainsi que les suspensions pédiatriques Advil. En plus de produire tous ces produits de soins de santé, l’usine de Montréal appuie ses usines sœurs dans le réseau. Le but est de leur offrir une meilleure capacité d’appoints pour les produits volatils. En fait, ce sont plus de 15 millions de personnes partout dans le monde qui consomment nos produits, précise monsieur Charrette. 

Quels sont les critères de succès de l’usine de Montréal? 

Tout d’abord, Haleon Montréal fait partie des 5 usines situées en Amérique du Nord, son plus grand marché. En tant que filiale d’une société multinationale, les fabricants tiers et les autres usines vont confier une partie de leur production à l’usine de Montréal. Afin d’évaluer les critères de performance, plusieurs éléments sont utilisés dans le but de mesurer les activités de tous les niveaux, comme chaque société publique. Il est possible de répartir ces critères en quatre catégories.  

Les 4 catégories dans l’ordre : 

  1. Les travailleur.se.s (santé-sécurité au travail et engagement) : la base du succès d’une entreprise est de prendre soin de ses travailleur.se.s. Lorsque celles-ci et ceux-ci se sentent en sécurité dans leur milieu de travail, elles et ils vont aussi prendre soin de l’employeur. C’est donc une relation de confiance qui se développe et qui est au centre de la réussite de l’usine; 
  2. Le lien de confiance entre l’usine, ses produits et les consommateurs : la qualité des produits et la conformité aux exigences réglementaires est l’une des raisons d’être d’Haleon; 
  3. Le service à la clientèle : il assure la disponibilité des produits pour la santé au quotidien des patient.e.s et des consommateurs; 
  4. La productivité : Efficacité, prix de revient et budget. 

De plus, Haleon base son évaluation de performance selon la Théorie de l’échelle, soit : un barreau à la fois. Le premier barreau est celui de la santé-sécurité et de la qualité, le second celui du service à la clientèle et le dernier celui du coût de revient. Il ne faut pas passer un barreau (une étape) sinon c’est tout le processus qui en est affecté.

Selon la dirigeante de l’entreprise, un des succès importants de l’usine est le fait qu’elle est ordonnée et sécuritaire. Les dirigeant.e.s ont à cœur les règles de santé et de sécurité au travail. Lorsque les travailleur.se.s respectent les procédures et suivent les protocoles, la qualité des produits que fabriquent l’usine est impeccable, la productivité est améliorée et les client.e.s sont satisfait.e.s.  

M. Charette, votre entreprise s’est dotée d’un rêve : être l’usine la plus sécuritaire. 

Il s’agit d’un rêve qui est partagé par toutes et tous. Pour que le rêve devienne une réalité, l’entreprise a mis de l’avant une double stratégie : l’élimination des risques et l’adoption de comportements sécuritaires. 

L’entreprise a identifié tous les risques de fonctionnement de l’entrepôt, a consulté les travailleur.se.s et a consulté des experts-conseils afin d’éliminer les risques de sécurité. Pour ce faire, l’entreprise a utilisé des outils de l’approche 6 sigma comme les DMAIC et les Kaizens. De plus, l’entreprise a mis en place les règles d’or à travers toute l’usine, qu’il s’agisse des aires de production ou des aires administratives. Celles-ci comportent, à titre d’exemple : ne pas texter dans les corridors, toujours avoir un couvercle sur la tasse de café ou autre breuvage pour ne pas en échapper dans les virages ou encore pour ne pas ébouillanter une autre personne et toujours maintenir un contact avec les rampes dans les escaliers. Tous ces éléments sont intégrés au système de gestion visuelle et aux réunions de début de quart de travail. 

En plus de ces mesures pour assurer une meilleure sécurité au travail, l’usine préconise l’approche ZAP d’Haleon qui consiste à alerter l’entreprise de tout risque ou observation qui présente un danger pour la santé et la sécurité des travailleur.se.s. Également, chaque travailleur.se de l’usine doit identifier au minimum 6 risques par année. Certains de ces risques peuvent être corrigés sur-le-champ, tandis que d’autres demanderont un plan d’action et des interventions. Chaque matin, le conseiller en santé et en sécurité prend compte des événements de la veille et enverra des félicitations aux employé.e.s qui ont identifié une situation à risque afin de valoriser le processus et l’employé. 

Ainsi, avec ces mesures, toutes et tous les collègues de l’usine sont impliqué.e.s dans l’identification et la résolution des risques de santé et de sécurité au travail et cela assure un suivi efficace des correctifs à apporter. Pour nous, le succès réside donc dans le travail d’équipe et dans le fait de percevoir les interventions en termes de qualité et non de quantité. Ainsi, les équipes développent un sentiment d’appartenance à leur milieu de travail et sont plus portées à s’approprier celui-ci, d’ajouter Monsieur Charrette. 

Vous encouragez les équipes de l’usine à apporter deux idées d’amélioration continue. Est-ce le même principe pour les gens de bureau? 

Il n’y a pas de distinction entre les travailleurs.se.s de bureau et de l’usine. La santé et la sécurité sont primordiales pour toutes et tous. De plus, chacun.e doit contribuer au programme ZAP. 

Il est possible d’étendre le principe au stationnement, qui a été réaménagé récemment, dans le but d’assurer une séparation complète entre les automobiles et les pétions. Le corridor pour se situe maintenant derrière les voitures, ce qui améliore la sécurité. Ce même principe est utilisé pour séparer les piétons et les chariots élévateurs (stationnement de reculons). Le système de power est mis de l’avant : power lift, power chemicals et power loto cadenassage. Pour ces systèmes, des formations périodiques sont effectuées afin de s’assurer que tous les connaissent et les mettent en pratique. 

Avez-vous imposé vos normes de santé-sécurité au partenaire choisi suite à la réduction de 50% de votre capacité d'entreposage ?

Le fournisseur externe opère selon ses propres procédures. Toutefois, les processus de qualité et le programme de santé et de sécurité sont des critères sérieux dans le choix du fournisseur. Ce dernier est aussi assujetti à des audits afin d’assurer la conformité des normes d’Haleon. De plus, un fournisseur avec de l’expérience dans le domaine pharmaceutique ou dans le domaine alimentaire avec des normes de santé et de sécurité élevées est considéré comme un atout lors de l’analyse des soumissions. 

Constatez-vous des améliorations la qualité des relations au sein des équipes depuis l’implantation de ces changements? 

Premièrement, nous avons constaté que les équipes sont plus enclines à la collaboration et au partage d’idées. De cela, découle un sentiment de valorisation favorisant ainsi l’esprit de coopération dans l’usine. 

Deuxièmement, les canaux de communication ont été bonifiés. Ainsi, les employé.e.s peuvent parler ouvertement et de manière constructive. En conséquence, les conflits et les malentendus se résolvent plus rapidement qu’auparavant. 

Contenu supplémentaire

Plus de ressources disponibles dans  la boîte à outils SST !

Troisièmement, l’ambiance générale dans le milieu de travail est agréable et positive. Nous établissons une corrélation claire entre des travailleur.se.s heureux.se et motivé.e.s d’aller travailler, et une diminution des tensions accompagnée d’une augmentation notable de la satisfaction au travail. 

Finalement, les employé.e.s ont développé une plus grande confiance envers leurs collègues et leur organisation. Cette confiance favorise une plus grande productivité.  

On peut regrouper ces différences positives en divers piliers importants pour Haleon Montréal : la communication, les connaissances et les compétences, la confiance et le comportement. 

Si c'était à refaire, choisiriez-vous la même voie et avez-vous d’autres projets à venir ?

Non, car l’implication de toutes et de tous est la clé du succès de l’entreprise, combinée à un plan de gestion du changement bien ficelé qui a fait toute la différence! 

Oui, nous souhaitons progresser notre nouvelle approche avec d'autres projets. Il s’agit de l’intégration des processus de santé et de sécurité à notre système de gestion quotidien : 

Tiers 1 : Travailleur.se avec leur chef.fe d’équipe; 

Tiers 2 : Entre les chef.fe.s d’équipe; 

Tiers 3 : Gestionnaires d’usine; 

Tiers 4 : Directrice de l’usine avec les autres dirigeant.e.s des usines nord-américaines d’Haleon. 

Le but de l’entreprise est de continuer à améliorer la culture de santé et de sécurité et de continuer à s’engager dans cette voie. Il est primordial de peaufiner les approches et de rester à l’affût des nouvelles règles et tendances en la matière. De plus, nous avons été la première usine d’Haleon à exiger le port de casques antichoc dans tous les secteurs de l’usine et venons tout juste d’introduire le port obligatoire de gants. Le tout a été ait à l’aide de sessions de gestion du changement en petits groupes de 15 travailleurs afin de recueillir leurs préoccupations et commentaires et d’apporter les ajustements pertinents qui y sont reliés. 

En terminant Monsieur Charette, quelques conseils pour les entreprises voulant adopter une gestion plus humaine et bienveillante ?

Avant de mettre en place des changements, il faut prendre le temps d’écouter les équipes et de comprendre leurs besoins. Il est fondamental d’organiser des séances de discussion ouvertes pour permettre à chacun.e de s'exprimer librement, favorisant ainsi l’empathie et la compréhension mutuelle.  

J’ajouterais que lors de l’implantation des changements, il est important d’inclure des affiches qui permettent aux travailleur.se.s de noter les points positifs et négatifs sur la santé et la sécurité de leur lieu de travail. Par la suite, il faut fermer la boucle pour maintenir le lien de confiance en leur fournissant une rétroaction le plus rapidement possible. 

Également, il est important de tenir les employé.e.s informé.e.s de manière régulière sur les décisions prises et les objectifs visés. Ainsi, la communication ouverte, honnête et respectueuse est privilégiée. Dans le même ordre d’idées, il faut communiquer les résultats, célébrer les réussites collectives et individuelles, reconnaître et récompenser les efforts et renforcer la motivation et l’engagement envers l’entreprise. 

Nous croyons fermement que c’est le chemin vers la réussite!