8 astuces pour gérer la pression au travail et aider ses équipes
Depuis mars 2020, la patience des gestionnaires est mise à rude épreuve avec la succession de confinement, déconfinement, travail hybride. « On voit une pression très forte sur nos gestionnaires et je constate qu’il n’existe aucun outil pour les accompagner en matière de santé mentale. Cela nous préoccupe parce que plusieurs tombent comme des mouches et il en va de la survie de nos organisations », observe Sandra Rossignol, directrice générale de la Chambre de commerce et d'industrie Saguenay-Le Fjord depuis 2017.
Au quotidien, les gestionnaires ont tendance à se mettre beaucoup de pression sur les épaules, remarque Julie Gouin, coach exécutive chez Impact Crescendo « il faut discuter avec les membres de son personnel pour connaître leurs besoins », suggère-t-elle.
1. Partage de solutions
Certaines entreprises prennent les moyens pour manier la gestion de l’endurance. Chez Cascades, par exemple, l’entreprise a organisé l’automne dernier des ateliers virtuels sur la gestion de stress et le travail hybride pour certains groupes d’employés et de gestionnaires. « Lors des ateliers, les gestionnaires ont pu échanger sur leurs réalités respectives. Ils ont partagé des trucs entre eux. Ils ont appris quelques astuces pour faire preuve d’empathie envers leurs employés, mais sans tout prendre sur leurs épaules en prenant une posture de coach dans la recherche de solutions », indique Mélissa Barrett, conseillère senior au développement organisationnel.
De nouvelles stratégies de mobilisation ont émergé des discussions.
« Certains ont réalisé qu’il fallait faire plus de place à l’équipe et à la responsabilisation, et de cette façon, les membres trouvent leurs propres solutions. Cela augmente de manière significative l’engagement du personnel », ajoute Mme Barrett.
2. Apprendre à vivre avec l’inconnu
Le préparateur mental d’athlètes de calibre olympique Jean-François Ménard suggère de mettre l’accent sur les certitudes et les choses qu’on peut contrôler : notre attitude, notre équilibre personnel et les tâches liées à notre travail.
Le plus possible, il faut éviter les pensées négatives qui augmentent l’anxiété. « Plusieurs disent : quand ça va revenir à la normale, je vais pouvoir rencontrer mes clients ou revenir au bureau. Il faut apprendre à ne pas se fier sur l’avenir et se dire : c’est correct si je ne sais pas ce qui s’en vient dans quelques mois. »
3. Trouver un sens
À Jonquière, le manufacturier de systèmes électriques Voltam a développé une culture d’entreprise basée sur le bien-être de ses 96 employés. « On essaie de trouver un but commun. On vient travailler chez nous pour faire une différence d’abord pour soi, pour les confrères de travail, les clients, fournisseurs ou la société », explique le directeur général Gaétan Tremblay.
Autrement dit, chacun réfléchit à l’impact de son travail. Cela donne un sens et une raison à son labeur. « Le mot clé, c’est la contribution, dit M. Tremblay. C’est important que chacun des employés contribue dans l’entreprise et que l’entreprise contribue au développement de chacun des employés. »
4. Prendre le pouls
La moitié des employés de Voltam travaillent de la maison. Comment savoir si tout le monde va bien ? Bien avant la pandémie en 2019, l’entreprise a mis en place une réunion, le matin. Les employés arrivent au boulot et nomment les émotions qu’ils ressentent : calme, déstabilisation, colère.
« Puis, dans chaque département, on prend 5 minutes pour en discuter. Un employé s’aperçoit qu’il n’est pas le seul à ne pas avoir dormi ou à être débordé parce qu’il doit s’occuper de ses enfants à la maison. »
Cette authenticité développe une confiance au sein de l’équipe. « Je dis souvent aux employés : c’est normal qu’en télétravail, vous avez à vous occuper de vos jeunes. On comprend qu’on doit composer avec cette réalité. Cela enlève beaucoup de stress et de lourdeur sur les épaules », ajoute l'un des fondateurs de Voltam. En période de Covid, note-t-il, les entreprises n’ont pas le choix de mettre l’humain à l’avant plan plan.
5. Se lancer un défi
En janvier, certaines entreprises comme Boostalab ont décidé de s’engager dans un défi santé d’une durée de 21 jours. Certains vont s’entraîner 3 fois par semaine. « Un défi d’équipe est propulseur, car il motive les gens autour d’un enjeu précis. Cela donne envie d’être solidaires et de se soutenir les uns et les autres. Nous en avons bien besoin en ces moments difficiles », explique Sandrine Chan Im, rédactrice de la plateforme qui aide les organisations tout en développant les compétences de leurs équipes.
6. Créativité
En ces temps difficiles, les entreprises qui se démarquent font preuve de créativité. « Il n’y a pas d’entreprise sans créativité », note Daniel Lamarre, ancien président et chef de direction du Cirque du Soleil, lors d’une conférence avec les membres de la FCCQ, à la mi-janvier.
L’auteur du livre L’Équilibriste suggère de se poser la question : « Comment puis-je faire pour surprendre? »
La directrice de la Chambre de commerce et de tourisme Gaspé, Marie-Claude Brière a compris le message. Inquiète des idées noires exprimées par certains entrepreneurs en décembre, elle s’est mise en mode action.
« Je ne pouvais pas rester assise à faire un autre zoom », confie-t-elle. Le 16 février, une dizaine d’entrepreneurs se réuniront lors d’un 5 à 7 d’écoute et d’entraide autour d’un feu de camp à l’extérieur. Ce projet pilote est organisé en collaboration avec le Cégep de Gaspésie et des Îles via son programme tourisme d’aventure et l’entreprise Horizon, fondée par des ergothérapeutes dont Océanne Brochu.
7. Pauses bénéfiques
Durant sa journée et spécialement, en télétravail, il est essentiel de prendre des pauses, de faire une séparation de sa vie professionnelle. En dehors des heures de travail, on évite les ruminations comme les courriels, les textos des collègues. « Le détachement psychologique est un facteur de protection face au burn-out et il faut se détacher de manière active », explique le professeur et psychologue Jacques Forest qui suggère la pratique d’exercices physiques à l’heure du lunch.
Même son de cloche du côté du coach et auteur du livre « L’Olympien au bureau », Jean-François Ménard qui voit des gestionnaires enchaîner des zooms sans répit. « Il faut bloquer des 10 ou 15 minutes entre nos meetings zoom pour se lever debout, marcher et réfléchir. En bougeant, dit-il, on augmente notre efficacité neurologique. »
8. Programme SENS
Dans ses conférences, M. Ménard propose de s’occuper de soi en adoptant le programme SENS suivi par ses athlètes qui dorment comme des bébés tout en préservant leur énergie. Voici l’acronyme décortiqué.
S pour Sommeil
On met en place une routine pré-dodo en évitant les écrans. Après une douche froide ou un bain chaud, il est préalable de se détendre par la lecture. Le secret de Jean-François pour dormir de 7 à 8 heures consécutives ? Il se munit d’une épaisse couverture qui, selon, les scientifiques, apaise le système nerveux.
E pour gestion d’Énergie et Exercices
Le professeur Jacques Forest prône l’importance de gérer son énergie et non son temps. « On se détache de son travail pour récupérer notre énergie. Sinon, on assiste à des baisses de productivité, de concentration, fatigue. Le symptôme s’illustre par l’épuisement professionnel. Notre diapason ne vibre plus. On se sent comme un robot et même nos efforts ne donnent plus les effets escomptés. »
M. Forest conseille que si on s’est engagé pleinement dans son travail, on doit s’en détacher autant par la suite. Puis, le soir, plutôt que de ruminer passivement en regardant la télévision, il suggère d’autres activités comme faire un casse-tête, lire, dessiner, tricoter.
N pour Nutrition
Les études démontrent l’importance d’une saine nutrition. C’est le carburant essentiel des athlètes. Un facteur de réussite. On choisit des aliments sains comme des fruits ou légumes et on évite le sucre qui contribue à la baisse d’énergie.
S pour Stress
On gère notre stress par l’exercice, mais aussi par la méditation, la respiration consciente qui chasse l’anxiété, les idées noires et la nervosité.
Enfin, face aux mauvaises nouvelles, on a l’impression d’avoir perdu notre faculté de rire. Reconnecter avec la joie, c’est danser le soir dans son salon ou encore, en regardant des émissions, vidéos, film ou le rire est garanti.
90 % des employés avouent être plus motivés quand leur organisation prend soin de leur bien-être physique et mental
Pleinement engagé.e dans son travail
Le professeur-chercheur et psychologue organisationnel, Jacques Forest explique les 3 besoins fondamentaux pour être pleinement engagé dans son travail :
- Autonomie ou autodétermination : cela signifie se sentir en contrôle de ses actions, à l’aise d’exprimer ses opinions et faire des choix.
Chez Voltam, à Jonquière, les employés s’engagent dans des comités environnement, social, sécurité. « Je ne m’en mêle presque pas. Les employés apprennent à se connaître et développent de l’entraide », dit le directeur général Gaétan Tremblay.
- Développement de ses compétences, c’est : se sentir efficace et apte à effectuer ses tâches.
« Nos employés développent leurs compétences et leurs valeurs chez nous. Je suis impressionné par leur travail qui fait avancer l’entreprise », ajoute M. Tremblay.
- L’affiliation sociale repose sur le sentiment de sentir soutenu et appuyé par les autres.
En savoir plus
- Trousse en santé mentale : destinée aux gestionnaires en ressources humaines, la trousse COVID propose des contenus divers, à partager avec ses employés.
- https://wellnesstogether.ca/fr-CA
- https://www.anxietycanada.com/fr/