28 % des entreprises québécoises prêtes à embaucher des personnes judiciarisées
Selon un sondage réalisé par la firme Léger, pour le compte du Comité consultatif pour la clientèle judiciarisée adulte (CCCJA), plus de la moitié des employeurs interrogés se disent disposés à embaucher une personne avec un casier judiciaire, s’ils sont accompagnés dans leurs démarches de recrutement ou d’intégration. Ceci au moment où une majorité d’entreprises (67%) reconnait rencontrer des difficultés à trouver de la main-d’œuvre. Les entreprises de 50 à 199 employés sont encore plus nombreuses (87%) à souffrir de cette situation.
Dans son communiqué de presse dévoilant les résultats du sondage le CCCJA estime que « un tiers des entreprises (28 %), se dit prêt à embaucher une personne ayant un casier judiciaire, alors que 38 % ne seraient pas à l’aise et 33 % ne savent pas. Les femmes (45 %), les 35-54 ans (48 %), et le secteur de la santé et des soins (64 %) sont les plus réfractaires à une telle embauche. À l’inverse, les entreprises opérant dans le secteur de l’exploitation, la fabrication, et du transport se montrent plus ouvertes (55 %) ».
À en croire les rédacteurs du communiqué les gestionnaires seraient nombreux (73 %) à reconsidérer leur position vis-à-vis de l’embauche des personnes avec un casier judiciaire selon « l’infraction commise », sans tenir compte du sexe de la personne responsable de l’infraction.
Pour le président du comité, M. Patrick Pilon, « il y a encore beaucoup de travail à faire en matière de sensibilisation. En contexte de rareté de main-d’œuvre, on peut s'attendre à un intérêt grandissant à embaucher les personnes judiciarisées et on l'espère. On part de loin, changer des perceptions, rassurer la population, ce n’est pas un long fleuve tranquille. »
Il rappelle en outre que le travail du comité « est de rappeler que les personnes judiciarisées sont prêtes à intégrer le marché du travail et qu'il y a de l’accompagnement possible pour les employeurs qui ont besoin d'aide afin de combler des postes. Il y a de l'espoir. »
Les freins à l’embauche
Pourquoi les entreprises hésitent à recruter des personnes avec un casier judiciaire, même si elles n’ont commis que des délits mineurs? Selon les résultats du sondage, « les principaux freins à l’embauche sont la peur ou la méfiance (65 %), la perception des personnes en dehors de l’entreprise (40 %), les autres employés de l’entreprise (24 %) et le manque de compétences (20 %) », lit-on dans le communiqué.
Malgré cela, 56 % des employés interrogés ont émis le souhait de se faire aider par une organisation « pour les démarches d’embauche ou d’intégration d’une personne avec un casier judiciaire ». Ils souhaitent disposer d’une banque de candidats potentiels, d’un accompagnement personnalisé et de pouvoir mettre en place des campagnes de sensibilisation des autres employés.
Selon le CCCJA, « la pénurie de main-d’œuvre qui prévaut actuellement oblige les entreprises à repenser leur recrutement et leurs stratégies de rétention de personnel, tandis que les recruteurs doivent faire preuve d’innovation et de souplesse. La clientèle judiciarisée s’avère une solution pleine de bon sens pour combler les besoins d’effectifs. »
Par ailleurs, afin d’encourager les entreprises à recruter des personnes judiciarisées, le comité insiste sur le fait « la majorité des candidats possédant un casier judiciaire peuvent être admissibles à une subvention salariale d'insertion à l'emploi d'Emploi-Québec. Cette subvention couvre une partie du salaire de la personne embauchée. À certaines conditions, l'aide financière peut également couvrir le coût de l'accompagnement de cette personne ou le coût de formations d'appoint.
À retenir que les expériences d’embauche de personnes judiciarisées sont globalement très positives (89%) si l’on en croit les résultats du sondage qui indique que près de 16% des employeurs sondés ont déjà recruté une personne avec un casier judiciaire.