Les avantages de la culture du coaching : l’exemple d’Oram

02-11-2022
Récipiendaire d’un Mercure dans la catégorie PME, Formation et développement de la main d’œuvre au Gala des Mercuriades en mai 2022, l’entreprise Oram de Mirabel se distingue par l’adoption d’une culture du coaching dont les bienfaits méritent d’être connus.
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Annie Bourque, Pratiques RH
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L'importance du coaching pour les entrepreneurs

Spécialisée dans les services d’installation de plomberie, mécanique et conception du bâtiment, la PME familiale de 50 ans d’existence dirigée par la 3e génération connait une forte croissance depuis les 7 dernières années. La preuve ? Le nombre d’employé.e.s est passé de 70 en 2015 à 280. 

À l’heure actuelle, les équipes déploient leur expertise dans plus d’une trentaine de projets liés à la construction d’habitations multi-résidentielles, commerciales et industrielles dans la grande région de Montréal. En comparaison, un an auparavant, le nombre avoisinait la vingtaine. 

Cette expansion survient au moment de la rareté de main-d’œuvre et des difficultés d’approvisionnement en matériaux. « Nous déployons beaucoup d’efforts afin d’offrir une formation continue à nos équipes tout en menant des chantiers de front et des projets qui prennent de l'ampleur », raconte Stéphanie Savard, conseillère en ressources humaines agréé (CRHA) et vice-présidente des opérations d’Oram.  

Stratégie de développement des compétences

En 2019, l’entreprise décide de mettre en place une stratégie de développement des compétences afin de soutenir cette croissance. Cela signifie d’identifier par exemple les enjeux et besoins de la trentaine de contremaîtres qui gèrent une équipe de plombiers sur le chantier. 

« Le défi des contremaîtres est énorme parce qu’il y a un aspect technique, soit les connaissances de la plomberie et ils doivent aussi détenir des habiletés de gestion pour diriger une équipe dont le nombre varie entre 5 et 50 plombiers », observe Stéphanie Savard. 

« Nous avons besoin d’une conformité sur les chantiers, dit-elle. La transmission des connaissances est importante chez nous et elle s’étend à tous les corps de métier. »

C’est pourquoi, le coaching de gestion a été développé à l’interne chez Oram : 2 ressources sont dédiées au coaching, à l’accompagnement et au développement des compétences. 

Comment instaurer une culture du coaching ? 

L’équipe d’Oram a d’abord fait appel à la firme Proaction international qui l’a guidée dans sa démarche. Une des premières balises a été de bien communiquer les raisons du coaching à la trentaine de contremaîtres. 
 -Pourquoi, j’ai un coach?  demande-t-on.
-Peut-être que je ne suis pas bon? laisse entendre un autre. 

Chaque personne a été rassurée. « Si on te donne un coach, c’est parce qu’on identifie que tu as le potentiel et cela permet de réaliser un plan de développement avec toi », répond-on. 

Auparavant, une formation continue se tenait dans une salle. Cette fois, un coach accompagne le contremaître sur un chantier durant environ 1h30 à 2h. Peu habitués à cette façon de faire, ce changement a demandé une certaine ouverture d'esprit aux contremaîtres. Progressivement, les séances de coaching se sont prolongées à une demi-journée. 

Amélioration des pratiques de gestion des équipes 

Pendant que le contremaitre accomplit ses tâches, le coach l’observe dans l’action. Cette observation permet ainsi d’évaluer et améliorer ses compétences de gestion.

Au fil des rencontres, un lien de confiance se tisse entre eux. Toutefois, le coach n’est pas un thérapeute et encore moins un donneur d’ordres. Le coach agit plutôt comme facilitateur aidant ainsi à intégrer les nouveaux comportements basés sur les meilleures pratiques de gestion. Puis, peu à peu, ces apprentissages s’ancrent dans la routine du quotidien en devenant un réflexe de gestion. 

Valoriser les forces des employé.e.s 

Le coaching terrain permet, par exemple, de valoriser les points forts des gens tout en identifiant les axes de progression. Par la suite, s’élabore un plan d’amélioration de comportements proactifs qui renforcent la performance de chacun.
« Après quelques mois, les gens ont vu la valeur ajoutée du coaching : tu restes toi-même et on t’apporte des notions et une conformité tout en faisant réfléchir à une façon de te développer », explique Stéphanie Savard. 

Au quotidien, l’entreprise gère 30 chantiers. « Tout est décentralisé et c’est important que cela fonctionne avec rigueur. Les contremaîtres ont maintenant des rituels de gestion qui ont été une réussite. Cela nous a permis d’uniformiser le travail », ajoute-t-elle. 

Moyen de responsabilisation des employé.e.s

Le coaching de gestion permet de transférer les connaissances, de les cultiver et de les appliquer concrètement au quotidien. « C’est un bel outil qui permet de déployer ses ailes : c’est une culture d’apprentissage en continue qui permet du coup de développer le sentiment d’appartenance envers l’entreprise », dit la vice-présidente des opérations, d’un ton convaincu. 

L’élément crucial qui ressort de l’expérience ? Le coaching est un outil puissant qui permet prendre des risques et de se responsabiliser. 

Les équipes d’Oram en font l’expérience autant sur les chantiers qu’au sein de l’équipe administrative. Des rencontres régulières favorisent les échanges et l’introspection tout en ciblant les compétences des employé.e.s. Des questions sont soulevées comme : 
- Comment s’est passée ta semaine ? 
Ensemble, le gestionnaire et le.la salarié.e réfléchissent à la question : 
-Comment pourrait-on faire les choses autrement ? 

« Cela permet de nous responsabiliser et de penser aux raisons du manquement comme un retard par exemple. Puis, par la suite, ensemble, on revoit les priorités », ajoute-t-elle. 

Le coaching favorise le recrutement du personnel 

Mme Savard croit que la culture du coaching favorise incidemment le recrutement. Car plusieurs candidat.e.s, les jeunes surtout, recherchent des emplois favorisant un avancement et une évolution. La présence de coachs aide concrètement la personne à parfaire ses connaissances et à développer ses compétences. 

De plus, en travaillant avec des indicateurs, les dirigeant.e.s peuvent voir l’évolution par rapport aux objectifs visés. Le plus important : les équipes de travail se sentent soutenues dans l’atteinte de leurs objectifs. Tous et toutes ont l’impression d’être dans le même bateau et d’avancer dans la même direction. 

Enfin, en prenant le temps de développer les compétences de ses équipes par le coaching et l’accompagnement personnalisé, Oram se démarque comme employeur dans le domaine de la construction. Et les nombreux prix obtenus au cours des derniers mois témoignent bien de son succès. 

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Saviez-vous que ?

Oram (alors un centre de plomberie) a été fondé à Saint-Jérôme en 1970 par Jean-Paul Allaire. Son fils Sylvain lui succède en 2008. Puis la relève, en 2017 est assurée par Olivier Mongrain, vice-président à la construction et Marie-Claude Allaire, la petite-fille du fondateur qui occupe le poste de co-présidente et adjointe au contrôleur. Leur credo ? L’humain au cœur des priorités.

Pourquoi instaurer une culture de coaching ? 

En affaires, les organisations, petites, moyennes ou grandes, veulent se distinguer pour leur culture d’entreprise ainsi que pour leur marque employeur. 

« On fait souvent appel à nous alors que les dirigeants se plaignent du mauvais alignement de leur comité de direction », explique Cloé Caron, présidente-fondatrice d'o2Coaching, coach d’expérience, conférencière et auteure. 

En cette période post pandémique, plusieurs leaders d’entreprise s’attardent à éteindre les feux en raison des différents problèmes d’approvisionnement, de pénurie de main-d’œuvre, etc. « Les gens du comité de direction parlent de problèmes et comment les régler. Ils devraient plutôt se préoccuper d’enlignement stratégique et du sens de la direction. » 

La confiance: la clé de voûte 

Une fois que cet exercice est complété, la spécialiste suggère aux patron.nes de donner toute la latitude nécessaire aux équipes. La confiance est un gage de succès. Elle cite une phrase déjà prononcée par un dirigeant.e: « voici nos attentes organisationnelles et où l’on s’en va. Je vous fais confiance à 100%.»  

Ensuite, l’entreprise peut instaurer la culture du coaching, un phénomène peu connu encore et loin d’être innée. « Très tôt, à l’école, on apprend qu’il faut être bon. On évalue les gens sur leur expertise. Pendant de très longues années, notre développement individuel est basé sur notre expertise et le fait d’avoir des réponses. » 

« Alors quand on devient gestionnaire, notre travail, c’est tout sauf de donner des réponses. Dans la culture du coaching, un.e gestionnaire emmène les autres à trouver leurs réponses par l’accompagnement, du support et en les aidant à identifier leurs enjeux et solutions. » 

«La base du coaching c’est d’apprendre aux employé.e.s à pêcher et non à pêcher à leur place», image Mme Caron

Une formule prisée par les milléniaux 

À l’instar de Stéphanie Savard, vice-présidente des opérations chez Oram, Chloé Caron évalue que les jeunes milléniaux privilégient les emplois ayant une possibilité de développement. 

« En 2022, avec la pénurie de main-d’œuvre, les employeurs n’ont pas le choix de se doter d’une culture de coaching parce que les milléniaux, aujourd’hui, tiennent à leur développement et bien-être. Les jeunes ne veulent pas juste un chèque de paye, mais veulent savoir de quelle façon ils ou elles peuvent contribuer à l’entreprise », illustre-t-elle. 

Sa firme enseigne le coaching à de grandes et moyennes entreprises. Un processus qui s’étale sur 4 mois par l'entremise de micro-apprentissages pendant des demi-journées. 

Les avantages du coaching sont tangibles, selon la fondatrice d’o2Coaching. «Cela procure un avantage concurrentiel, dit-elle, Le bienfait ultime, c’est de gagner en efficacité opérationnelle. En matière de croissance, on observe aussi un énorme impact. » 

Le plus important, selon Mme Caron, c’est l’investissement de chacun.e dans l’entreprise. « La vraie performance, conclut-elle, passe par l’engagement des gens dans votre entreprise. » 
Et cela n’a pas de prix.