Lefebvre Industri-AL, lorsque l’industrie se met à la CFT
Lorsqu’on interroge Mme Joanne Lefebvre, directrice générale de Lefebvre Industri-AL, sur ses motivations à vouloir doter son entreprise, spécialisée dans l’industrie de l’aluminium, d’une Charte de conciliation famille-travail et d’obtenir le Sceau Concilivi, ses arguments sont sans équivoque.
Pour elle, qui gère une PME fondée par ses parents, « lorsqu’on dit que les employés sont le cœur de l’entreprise, il ne faut pas que ça soit juste des paroles, il faut que ça se matérialise par des actes concrets ». Et ces actes concrets, ce sont des mesures qui mettent l’humain au cœur de la gestion de l’entreprise.
Lefebvre Industri-Al a grandi vite ces dernières années, passant de 9 employés en 2019 à 32 en 2021. Les valeurs familiales font parties de l’ADN de l’entreprise. La pénurie de main-d’œuvre, qui frappe le Québec depuis plusieurs mois, est encore plus prononcée à Baie-Comeau. Et pour notre interlocutrice, retenir et garder les employés est un vrai défi pour tout le monde.
C’est en suivant cette logique que Mme Lefebvre explique ses convictions. « C’est important de garder une certaine proximité avec les employés, » dit-elle, avant d’affirmer : « On fait de la gestion collaborative, on consulte nos membres et on veut qu’ils se sentent impliqués dans la vie de l’entreprise. »
Dans un milieu industriel majoritairement masculin, les mesures d’adaptation et de réorganisation induites par l’implémentation d’une charte de conciliation famille-travail ne sont pas faciles à mettre en place, surtout lorsque les besoins des employés diffèrent d’une catégorie à l’autre.
Les femmes sont majoritaires dans les emplois de bureaux, alors que les postes en ateliers sont exclusivement occupés par des hommes. Dans une approche de conciliation famille-travail, les responsabilités et les besoins sont différents.
« Avec l’arrivée du télétravail, la présence des enfants à la maison et les soucis quotidiens que cette situation pouvait générer, je suis arrivée à me poser la question de savoir comment alléger le fardeau sur nos travailleurs, qui sont majoritairement, des hommes. Nous avons regardé ce qui se faisait ailleurs et nous avons sondé nos employés pour connaitre leurs besoins », nous dit Joanne Lefebvre, qui précise que « les employés masculins ne sont pas intéressés par les mêmes avantages que les employées femmes ».
Elle indique, par exemple que le personnel masculin n’est pas intéressé par les journées de congé pour assister à une réunion d’école ou pour garder un enfant malade, parce que, selon notre interlocutrice, ces employés sont majoritairement jeunes et n’ont pas d’enfants.
Le défi pour l’entreprise Lefebvre a été de trouver des solutions pour organiser les horaires et les journées de travail, puisque l’usine fonctionne 7 jours sur 7, avec des journées de 12 heures. La directrice avoue qu’il y avait déjà une certaine flexibilité dans l’organisation et les employés ont tous applaudi les nouvelles mesures.
« J’avais une idée sur ce qu’on voulait faire, mais avec l’aide de Valérie Grenier du programme Concilivi, on a avancé plus facilement et tous les employés ont répondu au questionnaire envoyé », affirme Mme Lefebvre, qui avoue qu’elle a essayé de donner le maximum aux employés, toute en préservant les intérêts de l’entreprise.
Pour cette dame qui a repris les rênes de l’entreprise familiale, il faudrait que le comité mis en place pour les besoins de la charte CFT, ajuste les mesures au moins une fois tous les deux ans, pour que ça ne stagne pas et pour essayer toujours de donner plus aux employés. Elle souhaite aussi que les employés participent à l’enrichissement de la charte.
Malgré la pénurie de main-d’œuvre, l’entreprise parvient à trouver des talents, à les embaucher et à les retenir. « Je pense que la charte nous aide beaucoup sur ce point, ce qui est positif », explique Mme Lefebvre, qui précise que les recrutements se font souvent grâce au réseautage et aux relations des employés.
« Je sais que les mesures de conciliation famille-travail sont difficiles à mettre en place dans un milieu industriel, mais je dis que c’est faisable, il suffit de trouver la bonne méthode. Il y a peut-être des entreprises manufacturières qui hésitent, sous prétexte que ce n’est pas réalisable, moi je dis que c’est possible, lorsque la volonté existe, ça vaut vraiment le coup. On est gagnant à le faire », affirme sans hésitation Joanne Lefebvre.
Quelques-unes des mesures CFT adoptées par Lefebvre Industri-AL
- Possibilité d’accumuler jusqu’à 12 heures en banque d’heures.
- Possibilité pour un employé, dont un membre de la famille a une incapacité permanente ou temporaire, d’ajuster son horaire de travail pour une période « x ».
- Possibilité de morceler les journées de vacances dans l’année, sous certaines conditions.
- Lefebvre offre une journée supplémentaire de congé rémunéré pour des motifs personnels ou familiaux.
- Congés supplémentaires rémunérés pour forces majeurs offerts aux employés, sous certaines conditions.