Faire une différence par le mentorat
« À travers des initiatives comme la Charte de la persévérance scolaire de la FCCQ ou le mentorat, les étudiants parviennent à développer leur confiance pour réussir leurs études », explique Catherine Légaré, qui a fondé en 1999, l’organisme sans but lucratif Academos, une plateforme de mentorat virtuel.
« Mon but, c’est de rendre accessible des modèles significatifs à des filles, garçons ou nouveaux arrivants au Québec qui n’en n’ont pas nécessairement dans leur entourage », ajoute-t-elle.
Présent dans toutes les régions du Québec, Academos s’illustre par la simplicité d'utilisation de son application mobile. En créant un compte, 130 000 jeunes de 14 à 30 ans discutent virtuellement avec plus de 3000 professionnel.le.s, entrepreneur.e.s, développeurs.ses Web, ingénieur.e.s, enseignant.e.s, policier.es, mécanien.es, passionné.e.s de leur métier.
L'expérience de mentor
Parmi eux, Claudia Rouleau est conseillère principale en développement organisationnel à la Première vice-présidence Ressources humaines et Communications chez Desjardins et également, mentore chez Academos depuis 3 ans. Les jeunes l’interrogent par messagerie sur son métier et sur les programmes universitaires.
L’application mobile d’Academos est simple, rapide et performante tout comme l’impact auprès des mentoré.e.s. « Cela prend quelques minutes, dit-elle, et je constate une réelle différence dans le parcours scolaire ou professionnel d’une personne. »
Même son de cloche du côté de Lahou Keita, inspectrice d’avions et co-fondatrice avec sa sœur Fatou de la société Keita Systems. « On nous pose des questions sur le salaire par exemple. Je ne suis pas là pour les influencer, mais bien pour leur donner une idée des métiers dans l’industrie aérospatiale afin qu’ils puissent prendre une décision éclairée », raconte-t-elle.
La jeune femme fournit des renseignements techniques, scientifiques, mais aussi sur les différents diplômes. « En fait, on les oriente, et parfois, je confirme à un jeune qu’il a le profil aéronautique. Cela lui permet de gagner en confiance. Je pense qu’on fait une différence positive dans leur vie », précise Lahou Keita qui inspire aussi de nombreux jeunes issu.e.s de la diversité à suivre ses traces.
Plus tard, certains prennent la peine de leur écrire pour les remercier. « Je suis aux anges. J’aime beaucoup la nature de mon travail et je suis vraiment dans mon élément. Merci de votre aide et sachez que vos conseils ont porté fruit », a écrit récemment une jeune fille à Claudia Rouleau qui mentionne que cette reconnaissance vaut plus que n’importe quelle paie.
Son parcours atypique facilite les confidences de ses interlocuteurs. « Vous savez, confie Mme Rouleau, j’aimais faire grandir le portefeuille financier de mes membres et clients, mais ma petite voix intérieure se demandait : comment pourrais-je faire la différence dans la vie des gens ?»
La planificatrice financière a pris le temps de chercher sa voie jusqu’à accompagner des gens en fin de vie. Puis, elle est retournée sur les bancs d’école pour devenir conseillère d’orientation. « C’est devenu clair comme l’eau de roche que je désirais faire une différence dans la carrière des gens en m’assurant qu’ils soient sur leur « X » au travail. Ma devise préférée est celle de Confucius : choisissez un métier que vous aimez et vous n’aurez jamais besoin de travailler, un seul jour de votre vie. »
Maman de 2 jeunes adultes âgés de 18 et 20 ans, Claudia Rouleau s’investit pour redonner au suivant. « Les jeunes ont tellement de possibilités, observe-t-elle. Ce n’est pas évident de choisir un métier pour les 40 prochaines années. »
Selon les études qu’elle a consultées, un jeune de 30 ans va occuper 10 ou 12 métiers différents au cours de sa carrière. « Aujourd’hui, dit-elle, le jeune ne doit pas se mettre de la pression. Une carrière se construit au fil des expériences et des occasions qui se présentent sur sa route. »
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« On voit une corrélation entre l’anxiété que les jeunes éprouvent face à leur choix de carrière et la motivation d’aller à l’école », observe de son côté, Catherine Légaré, la fondatrice d’Academos. « En milieu de travail, croit-elle, les employeurs doivent être attentifs à des signes de démotivation. On peut tous jouer un rôle comme les mentors qui écoutent les jeunes et valorisent les études. »
1053 jeunes
Chez Desjardins, on dénombre 150 employé.e.s qui sont aussi mentor.e.s chez Academos. En seulement un an, ils ont eu 3000 conversations avec 1053 jeunes.
Développement du personnel
Desjardins priorise également le développement de son personnel, notamment par un programme de mentorat, axé sur les compétences, au sein même de son organisation de 53 000 employés.
Comment cela fonctionne-t-il ? L’employé.e ou gestionnaire inscrit par exemple son profil en indiquant sur quoi il ou elle veut parfaire ses compétences. Quelqu'un veut améliorer ses aptitudes ou développer un esprit stratégique? La personne sera alors jumelée avec un.e collègue mentor qui sera en mesure de le guider.
« On accompagne le mentoré durant quelques mois dans son développement. Pour moi, c’est une autre façon d’avoir un impact sur le parcours d’un collègue», indique Mme Rouleau qui agit également comme mentore au sein du programme de mentorat Desjardins
« Aujourd’hui, ajoute-t-elle, il est primordial de développer ses compétences en continu pour assurer son employabilité. Tout évolue très vite : les besoins des clients, les technologies, les modes de travail. Tout change. »
Après 27 ans chez Desjardins, Claudia Rouleau continue de parfaire ses connaissances et l’expérience de mentore lui permet de se développer. De façon réaliste, elle ajoute que la majorité des métiers du futur, on ne les connait pas encore aujourd’hui. C’est pourquoi, en attendant, elle conseille de miser sur ses forces, intérêts, réalisations et talents innés.
La pandémie a permis à plusieurs d’amorcer cette réflexion et de découvrir une passion qui mène vers un nouveau défi et même une profession.