Trois stratégies pour prévenir le harcèlement à la source
Dans l’ouvrage collaboratif de la Commission des normes du travail « Harcèlement psychologique au travail - De la prévention à la résolution », les auteurs Dominique Jarvis et Solange Pronovost proposent un texte fort intéressant.
Voici un résumé des grandes lignes de leur texte afin de faciliter la prévention du harcèlement en milieu de travail.
Qu’est-ce que la prévention ?
Le verbe prévenir signifie « aller au-devant de quelque chose pour l’empêcher de se produire en prenant les précautions, les mesures nécessaires », selon le dictionnaire Larousse.
Les types de prévention en matière de harcèlement
La doctrine identifie trois types de prévention où des actions doivent être accomplies par la direction d’une entreprise, soit la prévention primaire, secondaire et tertiaire.
1. La prévention primaire
Ce premier type de prévention a comme objectif d’éliminer les risques à la source et cible directement l’environnement ou la situation de travail et conséquemment, l’organisation et les pratiques de gestion et de travail.
Pour se faire, une organisation se doit d’identifier les facteurs de risques propres à elle en procédant à un examen critique de l’environnement de travail.
Pour vous aider dans vos démarches de prévention dite primaire, référez-vous à des outils tels que le guide pratique de la Commission des normes, de l’équité et de la santé et sécurité au travail et la démarche proposée par l’Institut de recherche en santé et sécurité du travail.
2. La prévention secondaire
Ce type de prévention met plutôt l’accent sur les personnes en soi. La prévention secondaire cherche à sensibiliser, informer, former les salariés et les gestionnaires […] dépister et […] résoudre les situations conflictuelles dès leur apparition. Des auteurs soulignent qu’une organisation doit toujours être proactive et traiter a priori tous les cas, qu’ils constituent ou non du harcèlement.
Ainsi, parmi les bonnes pratiques qu’une entreprise peut adopter, se trouve le développement des habiletés des gestionnaires et des employés dans des situations difficiles ainsi que la diffusion de formations sur la résolution de conflits ou la gestion de crise.
Lorsqu’un gestionnaire est mis au courant d’une situation potentielle de harcèlement psychologique ou sexuel, la première étape consiste à agir rapidement et correctement, tout en faisant preuve d’empathie et de compréhension à l’égard d’un employé qui relate son histoire. La doctrine rappelle qu’il est préférable d’éviter de parler de « recherche de vérité » et de « recherche de coupable ».
L’étape subséquente consiste à rencontrer le présumé harceleur en lui offrant une rétroaction corrective. Le gestionnaire a pour rôle d’expliquer en quoi le comportement fautif représente un écart avec les normes de conduite de l’organisation. La rétroaction doit être « descriptive, spécifique, donnée avec courtoisie et rapidement ».
Ensuite, le gestionnaire doit valider la compréhension du présumé harceleur et lui laisser l’opportunité de donner sa version sur la situation. Tout comme le récit de la présumée victime, l’histoire de la personne jugée fautive est sa propre version des faits et cette dernière croit assurément qu’il s’agit de la version la plus acceptable.
Enfin, l’étape du suivi. Un gestionnaire ne doit pas négliger cette étape puisque cruciale afin d’assurer la durabilité de l’intervention. Un bon suivi se divise en deux étapes :
- observer si le présumé harceleur a amendé son comportement
- vérifier que la présumée victime trouve qu’il y a amélioration
3. La prévention tertiaire
Celle-ci vise également les individus, mais est davantage axée sur la « réaction » puisqu’elle se concentre sur les dommages. La prévention tertiaire comprend les mesures d’aide et de soutien aux personnes concernées.
À cet égard, une organisation peut offrir un service de support psychologique, un programme d’aide de retour au travail, formations sur le sujet et le cas échéant, l’imposition de sanctions. Ce type d’intervention constitue également de la prévention, malgré qu’il arrive au moment de la « réparation », puisqu’il est exécuté dans le but d’éviter que la situation survienne à nouveau ou ne se dégrade.